« murmurer », définition dans le dictionnaire Littré
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murmurer
- 1Faire un bruit léger, en parlant des eaux, des vents, etc. Le vent murmurait dans la forêt.
- 2Faire entendre un murmure, en parlant des personnes.
Jeanne, non moins que Circe, entre ses dents murmure
, Régnier, Sat. X. - 3 Fig. Faire entendre une plainte sourdement sans éclater.
On a dans les deux camps entendu murmurer
, Corneille, Hor. III, 2.Les enfants d'Israël murmurèrent contre Moïse et Aaron
, Sacy, Bible, Nombr. XIV, 2.Chrétiens, ne murmurez pas si Madame a été choisie pour vous donner une telle instruction
, Bossuet, Duch. d'Orl.Du rouge qu'on vous voit, on s'étonne, on murmure
, Boileau, Sat. X.Malgré tout mon amour si je n'ai pu vous plaire, Je n'en murmure point…
, Racine, Bajaz. V, 4.Orgueilleuse rivale, on t'aime et tu murmures ! Souffrirai-je à la fois ta gloire et tes injures ?
Racine, Iph. II, 7.Vous murmurez contre la bonté de Dieu
, Massillon, Avent, Afflict.Despréaux, du royaume sombre Il me semble entendre ton ombre Murmurer déjà contre moi
, Lamotte, Odes, t. I, p. 502, dans POUGENS.Ils peuvent murmurer, mais c'est dans la poussière
, Voltaire, Sémir. II, 3.Les peuples, qui avaient idolâtré leur roi dans ses prospérités, murmuraient contre Louis XIV malheureux
, Voltaire, Louis XIV, 21.Le peuple n'a pas sans doute le droit de murmurer, mais sans doute aussi il a le droit de se taire, et son silence est la leçon des rois
, L'Abbé de Beauvais, Oraison funèbre de Louis X.Il se dit aussi des choses qui, personnifiées, se plaignent, résistent.
Je ne sais quoi pourtant dans mon cœur en murmure
, Corneille, Héracl. V, 8.Mais dans votre cœur même un autre amour murmure
, Corneille, Attila, V, 4.La chair murmurera, mais de tout son murmure La ferveur de l'esprit convaincra l'imposture
, Corneille, Imit. III, 12.La bouche obéit mal lorsque le cœur murmure
, Voltaire, Tancr. I, 4. - 4Murmurer de, s'entretenir mystérieusement de. Cela n'est pas bien assuré, mais on en murmure.
On murmure de quelque rhume extraordinaire de Quanto [Mme de Montespan], comme l'année dernière
, Sévigné, 13 oct. 1677.Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.
- 5 V. a. Dire à voix basse.
Quelquefois nous murmurions des vers que nous inspirait le spectacle de la nature
, Chateaubriand, René.Mon cœur à ce réveil du jour que Dieu renvoie… Murmure en s'éveillant son hymne intérieur, Demande un jour de paix, de bonheur, d'innocence
, Lamartine, Harm. I, 5.Fig.
Savez-vous son nom [du Seigneur] ? la nature Réunit en vain ses cent voix ; L'étoile à l'étoile murmure : Quel Dieu nous imposa nos lois ?
Lamartine, Harm. I, 2. - 6Se murmurer, v. réfl. Être dit à voix basse. Cette nouvelle se murmure.
HISTORIQUE
XIIe s. Il vit que tuit murmuroient contre Domitre
, Machab. I, 11. Ne creirent [ils ne crurent pas] à la parole de lui, e murmurerent en lur tabernacles
, Liber psalm. p. 160.
XIIIe s. Charité ne murmure point, Se je doins ma pecune toute
, J. de Meung, Tr. 1576.
XVIe s. Et y en eut mesme qui murmurerent entre leurs dents, qu'il falloit retenir en la ville les senateurs
, Amyot, C. d'Utiq. 80. Tous ceulx de la cour en murmuroient
, Amyot, Artax. 5. Au son des vers que tu murmures
, Ronsard, 413.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. et espagn. murmurar ; ital. mormorare ; du lat. murmurare, qui vient de murmur.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
MURMURER. Ajoutez :
Murmurer que, murmurer de ce que, se plaindre de ce que. Je ne murmure point qu'une amitié commune Se range du parti que flatte la fortune
, Racine, Brit. III, 7.