« murmure », définition dans le dictionnaire Littré

murmure

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murmure

(mur-mu-r') s. m.
  • 1Bruit léger des eaux, des vents, etc. À peine parlions-nous qu'un murmure confus, Sortant du fond de l'antre, expliquait leur refus, Corneille, Œdipe, I, 6. Une fontaine y faisait un doux murmure, Fénelon, Tél. IV. Le cri des oiseaux nocturnes, celui des bêtes féroces, en hiver, pendant la nuit, surtout s'il se mêle au murmure des vents…, Diderot, Salon de 1767, Œuvr. t. XIV, p. 261, dans POUGENS. …Tout resta mort, muet dans la nature, Le vent sans bruit, le ruisseau sans murmure, Ducis, Othello, V, 2. Voilà donc le séjour d'un peuple et le murmure De ces innombrables essaims Que la terre produit et dévore à mesure, Lamartine, Harm. I, 10. L'onde n'a plus le murmure Dont elle enchantait les bois ; Sous des rameaux sans verdure Les oiseaux n'ont plus de voix, Lamartine, ib. II, 1.
  • 2Bruissement que font entendre certains animaux. Les oiseaux par leur chant, le taureau par son mugissement, le cheval par son hennissement, l'ours par son gros murmure…, annoncent tous un même désir, Buffon, Ois. t. VII, p. 56.

    Nom donné quelquefois au colibri.

  • 3 Terme de médecine. Murmure respiratoire, bruit léger qu'on entend lorsqu'on applique l'oreille sur la poitrine, le poumon et les plèvres étant sains.
  • 4Bruit confus de plusieurs personnes qui parlent et s'agitent en même temps. Murmure d'approbation, d'improbation. Quand la Champmeslé arrive, on entend un murmure ; tout le monde est ravi, Sévigné, 129. Nous l'avons vu, frappé de ces murmures importuns qui interrompent les oraisons des fidèles, et troublent dans la maison de Dieu le vénérable silence des saints mystères, se lever avec indignation…, Fléchier, Duc de Mont. Vingt carrosses bientôt, arrivant à la file, Y sont en moins de rien suivis de plus de mille [dans les embarras de Paris]… Chacun prétend passer… Des mulets en sonnant augmentent le murmure, Boileau, Sat. VI. Un doux murmure marquait les sentiments de toute l'assemblée, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VIII, p. 324, dans POUGENS. Il se fit un petit murmure qui m'était favorable, Marivaux, Marianne, 7e part. Un murmure plaintif, un mélange de voix gémissantes se fait entendre, Marmontel, Mém. I.
  • 5Le bruit et les plaintes que font des personnes mécontentes. Apaiser les murmures du peuple. Ils [les chrétiens] souffrent sans murmure et meurent avec joie, Corneille, Poly. I, 3. Cette femme [Mme de Boulay] est si peu digne des faveurs qu'elle reçoit, que c'est un murmure, Sévigné, 22 oct. 1677. Les murmures et les libelles des mécontents, Bossuet, Déf. Var. 1er disc. § 36. Toute la Grèce éclate en murmures confus, Racine, Andr. I, 1. Votre absence est pour eux un sujet de murmure, Racine, Baj. I, 1. Malgré de secrètes jalousies, malgré les murmures qu'excitaient sa conduite et ses dettes, elle n'a jamais perdu sa pension, Rousseau, Confess. III.

    Plainte sourde d'une seule personne. Sa disgrâce ne lui arracha aucun murmure. Trouvez-vous que ma fortune soit heureuse ? j'en suis contente, et, si j'ai des mouvements de murmure, ce n'est pas par rapport à moi, Sévigné, 31 mai 1680.

  • 6 Fig. Le murmure du cœur, le murmure des passions, etc. le mouvement secret des passions contraintes ou contrariées. J'en ressens dans mon âme un murmure secret, Corneille, Pomp. V, 5.

    On dit de même : les murmures du sang, les murmures de la vanité. Du sang qui se révolte est-ce quelque murmure ? Racine, Iphig. I, 3. Écoutez-vous du sang le dangereux murmure ? Voltaire, Oreste, I, 5.

HISTORIQUE

XIIIe s. Cist sont bien mesnie de roi ; Il n'aiment noise ne desroi Ne grant murmure, Rutebeuf, 200.

XIVe s. Occasion de murmure ou de rebellion, Oresme, Thèse de MEUNIER.

XVe s. Là furent en murmure ensemble moult longuement, pour savoir si ils lui demanderoient ou si ils s'en tairoient, Froissart, II, III, 19. De là tyra le dit duc devant la cité de Lyege, lesquelz estoient en grant murmure, Commines, II, 3.

XVIe s. Il ne faut que deux jours de pluye et vingt quatre heures de disette, pour mettre en murmure un regiment, Lanoue, 203.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. murmur et murmuri ; espagn. murmurio ; ital. mormorio ; du bas-latin murmurium, dérivé de murmur, onomatopée qui se trouve dans toutes les langues aryennes : sanscr. marmara ; grec μορμύρω ; anc. haut allem. murmulôn ; lithuanien, murmu.