« or », définition dans le dictionnaire Littré

or

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

or [1]

(or) adv.
  • 1On a dit autrefois or, ore et ores, dans le sens de présentement. Comme ores à mes yeux vos marques apparaissent, Malherbe, I, 4. Ô débile raison, où est ores ta bride ? Régnier, Sat. IX. Si je t'aimai jadis, ores je m'en repens, Régnier, Élég. II. Or sage à mes dépens, j'esquive la bataille, Régnier, Épître II. Ores est temps de vous donner conseil, Deshoulières, Ball. à une de mes filles.

    On l'a dit aussi dans le sens de tantôt,… tantôt. Or ils parlent soldat, et ores citoyen, Régnier, Sat. X. … Faisant ore un tendon, Ore un repli, puis quelque cartilage, La Fontaine, Fais.

  • 2Aujourd'hui, conjonction qui sert à lier la mineure d'un argument à la majeure, et dont la signification est une dérivation de celle de ore, maintenant. Tous les hommes sont mortels ; or un roi est un homme ; donc un roi est mortel.

    Ores, archaïquement. Ores ce sont suppôts de sainte Église, La Fontaine, Cloch.

  • 3Or sert aussi à lier un discours à un autre. Or le plus grand dessein qui m'arrête en ces lieux, Mairet, Solim. I, 2. Or il est temps, ma sœur, de montrer qui nous sommes, Et qui peut plus sur nous, ou des dieux ou des hommes, Rotrou, Antig. III, 5. Comble-moi cette ornière ; as-tu fait ? Oui, dit l'homme. Or bien je vas t'aider, dit la voix, prends ton fouet, La Fontaine, Fabl. VI, 18. Or ai-je été prolixe sur ce cas, La Fontaine, Fér. La règle pour entendre l'Écriture est de l'entendre selon la tradition… or est-il que le motif de la récompense se trouve par toute l'Écriture, Bossuet, Quiétisme, 4e écrit, I, 24.

    Or donc se dit dans un sens analogue. Or donc, pour en revenir à ce que je disais…

    Or donc ne peut se mettre pour or servant à argumenter ; et c'est une faute de dire : Dieu est juste, vous l'offensez ; or donc il vous punira. Il faut mettre : donc il vous punira.

  • 4Or sert à exprimer l'exhortation. Or, dites-nous. Or çà, monsieur. Or sus commençons. Or, faites-en, nymphes, votre profit, La Fontaine, Court. En son hôtel il fait venir Le chanteur, et lui dit : Or çà, sire Grégoire, Que gagnez-vous par an ? La Fontaine, Fabl. VIII, 2. Or sus, nous voilà bien, Molière, Tart. II, 1.

HISTORIQUE

Xe s. Dixit ore nos [il nous dit ore], Fragm. de Valenc. p. 467. Si astreient [seraient] li Judei perdut, si cum il ore sunt, ib. p. 468.

XIe s. Et dist al rei : or ne vous esmaiez, Ch. de Rol. III. Des or [il] comence le conseil que mal prist, ib. XI.

XIIe s. Ici de Charlemaine [je] me doi ore bien taire, Sax. XXX.

XIIIe s. Et par tel convant li rendirent [la ville], qu'il les tenroit as us et as coustumes que li emperers Grieus les avoit tenus jusques à ore, Villehardouin, CXVIII. Quant Tybers et les serve voient qu'il va ainsi, Or ne demandez mie s'il furent esbaubi, Berte, LXXXIX. Seneschal, or me dites les raisons pourquoy preudomme vaut miex que beguin, Joinville, 195.

XVe s. [Quand le roi Philippe vit les Génois fuir devant les Anglais] il commanda et dit : Or tost, tuez toute cette ribaudaille, car ils nous empeschent la voie sans raison, Froissart, I, I, 287. Et là nous dist à tous le duc Jehan : Or çà nous sommes à ce que nous avons tousjours desiré, Commines, I, 11.

XVIe s. C'est ores la saison qu'on voit de toutes choses Multiplier par tout les semences encloses, Du Bellay, J. IV, 76, verso. Et, ores que le sage ne doibve donner aux passions humaines de se fourvoyer de la droicte carriere, il peult bien leur quitter…, Montaigne, I, 339. Mais, en la meslée, l'un descendoit à terre ; et combattoient ores à pied, ores à cheval, l'un aprez l'autre, Montaigne, I, 368. Et ores que le faire soit plus naturel aux Gascons que le dire, si est-ce qu'ils s'arment quelquefois autant de la langue que du bras, Montaigne, IV, 343. J'espere et crain, je me tais et supplie, Or' je suis glace et ores un feu chaud, Ronsard, 6.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. ora, ara, aras, er, era, eras ; anc. cat. ara ; ital. or, ora ; du lat. hora (voy. HEURE). Le sens propre de ore, ores ou or est : à l'heure, alors, maintenant ; de là le passage est facile au sens actuel de or. Ore ou or est hora ; ores est horis.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. OR.
5Ajoutez : D'ores et déjà ou d'ors et déjà, dès maintenant. Quand les deux époux concourent au contrat, le consentement de la femme est certain, et rien ne s'opposait à ce qu'on la déclarât d'ors et déjà propriétaire de l'immeuble licité, Dissertation insérée au n° 2925 du Répertoire périodique de l'enregistrement.