« piteux », définition dans le dictionnaire Littré

piteux

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piteux, euse

(pi-teû, teû-z') adj.
  • 1Digne de pitié, de compassion (usité, en ce sens, dans le style noble, et encore rarement). Peuple, l'objet piteux du reste de la terre, Régnier, Épître I. Viton jamais une âme en un jour plus atteinte De joie et de douleur, d'espérance et de crainte, Asservie en esclave à plus d'événements, Et le piteux jouet de tant de changements ? Corneille, Hor. IV, 4. Un loup vit en passant ce spectacle piteux [quatre corps étendus], La Fontaine, Fabl. VIII, 27. Le château où arrivait le chevalier était quelquefois l'habitation d'une piteuse dame qui gémissait dans les fers d'un jaloux, Chateaubriand, Génie, IV, V, 4.
  • 2Dans le style familier et plaisant. Qui a l'air à la fois malheureux et ridicule. Parler d'un ton piteux. Ô Dieu ! la piteuse figure, Scarron, Virg. II. M. de Larochefoucauld, toujours nécessiteux et piteux au milieu des richesses, obtint 42 000 livres de rente, Saint-Simon, 67 108.

    Substantivement. Faire le piteux, se lamenter sans sujet. L'archevêque d'Arles fit l'ignorant, le piteux, le désespéré d'avoir déplu au roi, Saint-Simon, 150, 189.

    Faire piteuse mine, avoir une mine rechignée. Car en si funeste action On doit avoir l'ambition De faire une piteuse mine, Scarron, Virg. V.

    Faire piteuse chère, dîner mal.

HISTORIQUE

XIIIe s. Ne soyés orguilleus ne chiches ; Ayés, por enseignier les riches, Large cuer et cortois et gent Et piteus à la poure gent, la Rose, 6610. Moult a dur cuer qui en mai n'aime, Quant il ot chanter sus la raime As oisiaus les dous chans piteus [mélancoliques], ib. 83. Dès le tens de l'enfance, fu le roy piteus des poures et des souffraiteus, Joinville, 297. Un esbatement que on dit piteux [représentation de mystères], Du Cange, pius.

XVe s. Ces douze bourgeois [les députés de Gand] firent durement les piteux envers le comte de Flandres, Froissart, II, II, 55. Plaintes et piteuses larmes, Commines, V, 8. Affin que ceulx qui viendroient après luy [Louis XI] fussent ung peu plus piteux du peuple, Commines, VI, 12.

XVIe s. Comme aux enfants est piteux un bon pere…, Marot, IV, 309. Il faict bien piteux et hasardeux, despendre d'un aultre, Montaigne, IV, 97. Un piteux medecin fait une mortelle playe, Cotgrave Femme trop piteuse fait sa fille roigneuse, Cotgrave Ha ! que de sang se perd pour piteux payement De ce que vous pechez ! D'Aubigné, Tragiques, Princes.

ÉTYMOLOGIE

Bourg. pidou ; prov. piatos, pidos, pietos, pitos ; cat. piados ; espagn. piadoso ; ancien ital. piadoso ; ital. pietoso ; du lat. pietatem.