« plaintif », définition dans le dictionnaire Littré

plaintif

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

plaintif, ive

(plin-tif, ti-v') adj.
  • 1Qui a l'accent de la plainte. J'entends les cris plaintifs d'une mourante voix, Voltaire, Fanat. V, 4. Le castor, dont le cri plaintif semble implorer sa clémence et sa pitié [du chasseur], Raynal, Hist. phil. XV, 9. Chant plaintif, Ducis, Othello, V, 2. Hurlements plaintifs, Ducis, Oscar, II, 2.

    Fig. Quelle plaintive voix crie au fond de mon cœur ? Une pitié secrète et m'afflige et m'étonne, Racine, Phèdre, V, 4.

  • 2Qui exhale des gémissements. Mânes plaintifs, cessez de murmurer, Quinault, Amad. III, 2. La plaintive Progné de douleur en frémit, Boileau, Lutrin, III. Pour apaiser mon sang et mon ombre plaintive, Dis-lui qu'avec douceur il traite sa captive, Racine, Phèd. V, 6. Berger infortuné, ta plaintive détresse De ton cœur dans le mien fait passer la tristesse, Chénier, Idylles, la Liberté.

    Fig. Avoir… une source d'eau vive Qui parle, et, dans sa fuite et féconde et plaintive, Nourrisse mon verger, abreuve mes troupeaux, Chénier, Élégies, 4.

  • 3Dans le style familier. Qui se plaint à tout propos, qui aime à se plaindre. Les novices ne doivent pas avoir un esprit plaintif, Bossuet, Lett. abb. 250. Il est arrivé souvent qu'on a dit aux rois que les peuples sont plaintifs naturellement, et qu'il n'est pas possible de les contenter, quoi qu'on fasse, Bossuet, Lett. à Louis XIV, 19 juill. 1675. Saumery trouva moyen de tirer du roi 80 000 livres de rente, avec cela, toujours plaintif en dehors, et frondeur en dessous, Saint-Simon, 281,80. Les passions malheureuses sont plaintives, Voltaire, Lett. Mme de St-Julien, 12 juin 1776.

HISTORIQUE

XIIe s. Li plaintif plorement, Job, p. 459.

XIIIe s. Et cil qui y aura mespris, se il est esgardé de par le mestre, rendra au plaintif son domage, et au mestre quatre deniers d'amende, Liv. des mét. 233. Noz veismes un plet de cix [ceux] de Gant et du conte de Flandres, sor ce que cil de Gant furent plaintif au roi du dit conte de defaute de droit, Beaumanoir, LXI, 71.

XVe s. [Le prince doit] Le poure ouïr, le plaintif escouter, Deschamps, Des vertus nécess. au prince.

XVIe s. Je veux faire au lecteur mes plaintifs [plaintes] touchant quelques choses qui concernent les dicts vocables, H. Estienne, Précell. édit. FEUGÈRE, p. 346. Quant aux plaintifs et ceux qui disent que j'ai oublié beaucoup de choses, ils verront que c'est d'eux qu'ils se doivent plaindre… car, pour le certain, de ceux qui m'auront envoié des memoires, je n'aurai aucuns complaignans, D'Aubigné, Hist. III, 548. Une voix plaintifve, Montaigne, II, 130.

ÉTYMOLOGIE

Plainte ; Berry, plenti. Dans l'ancienne langue, plaintif a souvent le sens de plaignant en justice, sens conservé en anglais.