« police », définition dans le dictionnaire Littré

police

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

police [1]

(po-li-s') s. f.
  • 1Organisation politique. La pente vers soi est le commencement de tout désordre, en guerre, en police, en économie, Pascal, Pens. XXIV, 56, éd. HAVET. La police céleste avec laquelle Dieu régit les hommes l'oblige à leur faire connaître qu'il déteste infiniment le péché, Bossuet, Sermons, Rechutes, 2. C'est là que, chargé de la protection des lois et des polices humaines… il réprimait la licence des uns, relevait la faiblesse des autres…, Fléchier, le Tellier. Les cyclopes ne connaissent point de lois ; ils n'observent aucune règle de police, Fénelon, t. XXI, p. 393. Des peuples sauvages qui vivaient sans loi, sans police, Massillon, Panégyr. Saint Benoît. Les Grecs n'imaginèrent point la vraie distribution des trois pouvoirs dans le gouvernement d'un seul : ils ne l'imaginèrent que dans le gouvernement de plusieurs, et ils appelèrent cette sorte de constitution police, Montesquieu, Esp. XI, 11. Quoi ! depuis que vous êtes établis en corps de peuple, vous n'avez pas encore le secret d'obliger tous les riches à faire travailler tous les pauvres ? vous n'en êtes dont pas encore aux premiers éléments de la police ? Voltaire, Dial. 1.
  • 2Ordre, règlement établi dans un État, dans une ville, pour tout ce qui regarde la sûreté et la commodité des citoyens. Un homme de bien laisse régler l'ordre des successions et de la police aux lois civiles, comme il laisse régler le langage et la forme des habits à la coutume, Bossuet, Connaiss. IV, 5. Et par une exacte police il sauva ce peuple, Fléchier, Duc de Mont. Si l'on faisait une exacte police, On ne souffrirait point tous ces vilains mots-là, Boursault, Mots à la mode, 15. Selon Jurieu l'unité d'une Église n'est qu'une simple police, Fénelon, t. II, p. 86. À Sparte les magistratures brisaient les instruments dont l'harmonie était trop délicieuse, et c'était là une de leurs plus importantes polices, Fénelon, t. XVII, p. 103. Les adultères, les vengeances… ne sont plus pour vous que des défenses humaines, et des polices établies par la politique des législateurs, Massillon, Carême, Vérité de la relig. Elle [une certaine loi] confond toutes les idées, faisant un crime d'État de ce qui n'est qu'une violation de police, Montesquieu, Esp. XX, 14. Dans l'exercice de la police, c'est plutôt le magistrat qui punit que la loi ; dans les jugements des crimes, c'est plutôt la loi qui punit que le magistrat, Montesquieu, ib. XXVI, 24.
  • 3L'administration qui exerce la police. Le préfet de police à Paris. Commissaire de police. Agent de police. Inspecteur de police. Espion de police. Ou si, par un arrêt, la grossière police D'un jeu si nécessaire interdit l'exercice, Boileau, Sat. X. Les matières de police sont des choses de chaque instant, et où il ne s'agit ordinairement que de peu : il ne faut donc guère de formalités, Montesquieu, Espr. XXVII, 24. Les limiers de la police Sont à craindre en ce moment, Béranger, Judas. Malgré messieurs de la police, Le vaudeville est si frondeur, Béranger, Désaug.

    Haute police, l'ensemble des moyens employés, des dispositions prises ou à prendre dans l'intérêt de l'État et de la sécurité des citoyens. Ce personnage a été sous la surveillance de la haute police.

    Être sous la surveillance de la police, se dit de ceux qui, par suite d'un jugement, ne peuvent, pendant plus ou moins longtemps, disposer de leur personne sans l'autorisation de la police.

    Lieutenant de police, nom du magistrat qui présidait à la police de la ville de Paris.

  • 4Police correctionnelle, tribunal connaissant des délits qui sont plus graves que les contraventions à la police ordinaire, mais qui ne le sont pas assez pour être déférés aux cours d'assises.

    Tribunal de police, de simple police, tribunal qui connaît des infractions aux règlements de police. Cette juridiction est attribuée au juge de paix et au maire, ou au juge de paix seulement, suivant les cas.

    On dit de même : juge de police ; jugement de police ; citation à la police.

  • 5L'ordre et le règlement établi dans une assemblée, dans une société. Que pour l'ordre, la police et les lois de cette assemblée [l'Académie française], on a trouvé à propos de les réduire en un statut à part, Pellisson, Hist. de l'Acad. I. Les prêtres chez les Germains mettaient la police dans l'assemblée, Montesquieu, Esp. XVIII, 31. On entend par police des grains les règlements que fait le gouvernement lorsqu'il veut lui-même diriger le commerce des grains, Condillac, Comm. gouv. II, 12. Quelle doit être la police des diètes ? quelles règles doivent-elles suivre en délibérant sur les affaires ? Condillac, Études hist. III, 5.

    Par extension. La seconde tentative de centralisation météorologique eut lieu sous les ordres d'un grand navigateur, le célèbre capitaine Beecher ; vainement le nouveau directeur de la police atmosphérique indique le moyen de mettre de l'ordre dans tous ces documents confus…, Fonvielle, Presse scientifique, 16 juin 1863, p. 747.

    Faire la police, faire régner l'ordre, la sûreté. Nos frégates faisaient la police, et les Ottomans respiraient sous le pavillon français, Chateaubriand, Itin. 1re part.

    Fig. Faire la police, régenter. Croyez-moi, monsieur, peu de gens ont le droit de faire la police du monde, Marmontel, Cont. mor. Misanth.

  • 6Police médicale ou sanitaire, tout ce qui se rapporte à la conservation de la santé dans les villes et durant les épidémies.
  • 7Bonnet de police, bonnet de drap dont les militaires font usage quand ils ne sont pas en tenue.

    Salle de police, voy. SALLE.

PROVERBES

Bonne police est cause d'abondance.

HISTORIQUE

XVe s. Ne le roy ne se doit mie tenir si commun et si familier, que chascun parle à luy qui veult… et est une chose hors de police faire le contraire…, Bibl. des ch. 6e série, t. II, p. 139. S'ilz sont pervers et rigoureux, Vous y mettrez bonne police, Rec. de farces, etc. p. 391. Ainsi desiroit de tout son cueur de povoir mettre une grant pollice en ce royaulme et principallement sur la longueur des procès…, Commines, VI, 6.

XVIe s. Platon, en la police qu'il forge à discretion, Montaigne, I, 16. Nature ne se desment pas en cela de la generale police, Montaigne, I, 105. Cette police de la plus part de nos colleges m'a tousjours despleu, Montaigne, I, 183. Promit d'empoisonner le roy, et pour y parvenir voicy la police qu'il y tint, Pasquier, Rech. VI, p. 547, dans LACURNE. Nos rois… Ploians la pieté au joug de leur service, Gardent religion pour ame de police, D'Aubigné, Tragiques, Princes.

ÉTYMOLOGIE

Lat. politia, du grec πολιτεία, gouvernement (voy. POLITIQUE).