« revivre », définition dans le dictionnaire Littré

revivre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

revivre [1]

(re-vi-vr') v. n.

Il se conjugue comme vivre.

  • 1Revenir à la vie. La main de Dieu qui donne la vie et la mort… semblait l'immoler et la faire revivre plusieurs fois, pour la disposer à son dernier sacrifice, Fléchier, Duch. de Mont. Qu'ils [les suicides] voudraient bien revivre et revoir la lumière ! Recommencer cent fois leur pénible carrière ! Delille, Énéide, VI.

    Par exagération. Voilà du vin capable de faire revivre un mort.

    En langage de la dévotion. Pour revivre à la grâce, il faut mourir au péché, il faut renoncer entièrement au péché, si l'on veut recevoir les dons de la grâce.

    Faire revivre une personne, prétendre que, crue morte, elle est encore vivante. On en fait revivre un [fils de Maurice] au bout de vingt années, Corneille, Héracl. I, 1. C'est ce même comte de Moret qu'on a fait revivre depuis, et qu'on a prétendu avoir été longtemps ermite ; vaine fable mêlée à ces tristes événements, Voltaire, Mœurs, 176.

  • 2Se ranimer. Ces cœurs… Revivront pour me suivre, et, blâmant leurs murmures, Brigueront à mes yeux de nouvelles blessures, Racine, Alex. V, 1.

    Faire revivre une personne, lui rendre des forces, de la vigueur, la rendre à l'espérance, à la joie. Le remède qu'on lui a donné l'a fait revivre. Cette heureuse nouvelle le fera revivre.

  • 3 Fig. Vivre pour ainsi dire de nouveau. S'il [Annibal] ne revivait pas au prince Nicomède, Corneille, Nic. III, 2. Par cette pratique [en suivant les saints avis des personnes que nous avons perdues], nous les faisons revivre en nous en quelque sorte, puisque ce sont leurs conseils qui sont encore vivants et agissants en nous, Pascal, Lett. à Mme Périer, 17 oct. 1651. On vit revivre Néron en la personne de Domitien, Bossuet, Hist. I, 10. Mais peut-être que, prêt à mourir, on comptera pour quelque chose cette vie de réputation ou cette imagination de revivre dans sa famille, qu'on croira laisser solidement établie, Bossuet, le Tellier. Quoi donc ! as-tu pensé qu'Andromaque infidèle Pût trahir un époux qui croit revivre en elle ? Racine, Andr. IV, 1. Vous qui lanciez la foudre et qu'ont frappé ses coups, Revivez dans nos chants quand vous mourez pour nous, Voltaire, Fontenoi. Ici [dans un temple] revivront à jamais Périclès, Phormion, Iphicrate, Timothée, et plusieurs autres généraux athéniens ; leurs nobles images sont mêlées confusément avec celles des dieux, Barthélemy, Anach. ch. 12.

    Reparaître, revenir au souvenir, à l'imagination. Ton illustre audace Fait bien revivre en toi les héros de ma race, Corneille, Cid, III, 6. Et vous, princesse, qui gémissez en lui rendant ce triste devoir, et qui avez espéré de la voir revivre dans ce discours, Bossuet, Anne de Gonz.

  • 4En parlant des choses, renaître, se renouveler. Mon repos m'abandonne et ma flamme revit, Corneille, Cid, II, 5. Ma jeunesse revit en cette ardeur si prompte, Corneille, ib. I, 8. Son orgueil… ne laissa pas de revivre dans ses successeurs, Bossuet, Hist. III, 4. Il sent toute son ancienne amitié revivre dans son cœur, Fénelon, Tél. XI. Et nos espérances revivent de nos projets même renversés, Massillon, Or. fun. Dauphin. Si vous êtes libre d'ambition pour vous-même, vous la sentez revivre pour vos enfants, Massillon, Profess. relig. Serm. 1. Le courage des premiers âges de la république revivait en lui dans un temps de lâcheté et de corruption, Voltaire, Mœurs, 28. Les donations ainsi révoquées ne pourront revivre ou avoir de nouveau leur effet, ni par la mort de l'enfant du donateur, ni par aucun acte confirmatif, Code Nap. art. 964.

    Faire revivre, renouveler, faire renaître. Dans la solitude de Sainte-Fare… dans cette sainte montagne… où les épouses de Jésus-Christ faisaient revivre la beauté des anciens jours, Bossuet, Anne de Gonz. Il rétablit les études, et fit revivre dans les écoles de droit ces exercices publics et solennels et ces rigoureuses épreuves qui feront refleurir les lois et l'éloquence de nos pères, Fléchier, le Tellier. Tout ce qui environne le lit de sa mort [du pécheur] fait revivre dans son souvenir quelque nouveau crime, Massillon, Avent, Mort du péch. On dirait que l'on fait revivre ce qu'on découvre, et que le passé reparaît sous la poussière qui l'a enseveli, Staël, Corinne, IV, 5.

    Il fait revivre en lui la gloire de ses ancêtres, il imite les grandes actions de ses ancêtres.

    Faire revivre des droits, des prétentions, etc. les faire valoir de nouveau. Pierre faisait revivre les anciennes prétentions des czars sur la Livonie, Voltaire, Russie, I, 19.

  • 5Il se dit d'une charge qui, éteinte ou supprimée, est rétablie. Faire revivre une charge. Si le bon plaisir de Votre Majesté est tel que lesdites provisions aient lieu et que ledit office revive, Corneille, Au roi et à Nos seigneurs de son conseil.
  • 6 Terme de peinture. Se dit en parlant de l'effet du nettoyage d'un tableau, du lavage d'une peinture.

    Le vernis fait revivre les couleurs, il leur donne un nouvel éclat.

    La noix de galle fait revivre les vieilles écritures, elle les fait reparaître, les rend lisibles.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

  • 7Activement. Revivre sa vie, recommencer le cours de sa vie. Qu'un autre, s'exhalant en regrets superflus, Redemande au passé ses jours qui ne sont plus, Pleure de son printemps l'aurore évanouie, Et consente à revivre une seconde vie, Lamartine, Médit. I, 18. Et de ceux que j'aimais l'image évanouie Se lève dans mon âme, et je revis ma vie ! Lamartine, Harm. IV, 11.

HISTORIQUE

XIIe s. Là fait Deus [Dieu] cius [les aveugles] veeir, surz oïr, muz parler ; Lepruz munder, les morz e revivre e aler, Th. le mart. 131. …Li reis qui ert [était] mors e perdus, Tes fiz e sires est trovez e revescuz, ib. 72.

XIIIe s. Et se devant moi moriés, Tous jors ou mien [cœur] revivriés, Après vostre mort par memoire, la Rose, 8184. Dangier …n'avoit pas cuer de coart, Ains sembloit estre Renoart Au tinel qui fust revescus, ib. 15549. Maistre, bien sai que je morrai, Fis [certain] sui de mort, mais je ne sai S'apriès ma mort porai revivre, Gui de Cambrai, Barl. et Jos. p. 48. Molt est malvaise ceste vie, S'on sans revivre chi [ici] devie, Gui de Cambrai, ib. p. 29. Chacun jor la vodroit confondre [l'hypocrisie], Se chacun jor pooit revivre, Rutebeuf, II, 75.

XIVe s. Et quant on recorde une geste, Moult de gens en ont si grant feste, Qu'il semble qu'il voient ceulz vivre Que leur grans valeurs fait revivre, Jean de Condé, t, III, p. 231.

XVe s. Dont eulx [les hommes] et leur succession Fussent peris, tant se forfirent, Se ne fust l'incarnation Du filz Dieu par qui revesquirent, Mart. de St Étienne.

XVIe s. Cele mort qui faict ainsi revivre N'est qu'un dormir…, Marot, II, 323. Quand je veins à revivre et à reprendre mes forces, qui feut deux ou trois heures aprez [une chute], Montaigne, II, 58.

ÉTYMOLOGIE

Prov. reviure ; catal. reviurer ; espagn. revivir ; portug. reviver ; ital. revivere ; du lat. revivere, de re, et vivere, vivre.