« sainteté », définition dans le dictionnaire Littré

sainteté

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

sainteté

(sin-te-té) s. f.
  • 1Qualité de qui est saint. [Chez nous chrétiens] non pas un abaissement qui nous rende incapable du bien, ni une sainteté exempte du mal, Pascal, Pens. XII, 15, éd. HAVET. S'ils [les jansénistes] disent que notre salut dépend de Dieu, ce sont des hérétiques… s'il se fait des miracles parmi eux, ce n'est plus une marque de sainteté, c'est un soupçon d'hérésie, Pascal, ib. XXIII, 27. Si, selon la doctrine de ce grand apôtre [saint Paul], on trouve la sainteté dans les emplois les plus bas…, Bossuet, le Tellier. Est-ce que la sainteté n'est pas la vocation générale de tous les fidèles ? est-ce que pour être sauvé il ne faut pas être saint ? Massillon, Carême, Pet. nombre des élus. Les Juifs se regardent comme la source de toute sainteté et l'origine de toute religion, Montesquieu, Lett. pers. 60.

    Maisons de sainteté, les couvents. Il me semble que cela [l'annonce de la ruine de Jérusalem] prédit parfaitement le temps où nous sommes, où la corruption de la morale est aux maisons de sainteté, et dans les livres des théologiens et des religieux où elle ne devrait pas être, Pascal, Lett. à Mlle de Roannez, 9.

    Il se dit par excellence en parlant de Dieu. La sainteté est en Dieu une incompatibilité essentielle avec tout péché, avec tout défaut, avec toute imperfection d'entendement et de volonté, Bossuet, Élév. sur myst. I, 11.

  • 2Qualité de ce qui est saint. Mais, pour vous dire tout, la sainteté des lieux… Le rendant [un serment] et plus saint et plus inviolable, Corneille, Théod. II, 4. Et vous, doctes interprètes des lois, fidèles dépositaires de leurs secrets, et implacables vengeurs de leur sainteté méprisée, Bossuet, le Tellier. Justice envers les peuples, charité envers les misérables, sévérité envers les méchants, tendresse envers les bons ; voilà les principes sur lesquels saint Louis a fondé la gloire et la sainteté de son règne, Fléchier, Panég. de saint Louis. Qu'à l'instant hors du temple elle [Athalie] soit emmenée, Et que la sainteté n'en soit pas profanée, Racine, Athal. V, 7. La sainteté du mariage, Montesquieu, Esp. XXVI, 9.
  • 3Titre dont on se sert en parlant du pape ou en parlant au pape (avec une majuscule à Sainteté et à l'adjectif possessif). Il plaira à Votre Sainteté. Le jubilé que Sa Sainteté a accordé.

    Autrefois ce titre se donnait aux évêques et même aux prêtres. Le pape donna, par ses lettres et par ses légats, le titre de Votre Sainteté au patriarche Photius [de Constantinople], Voltaire, Mœurs, 31.

    Ce titre se donnait aussi aux empereurs de Constantinople. On appelait l'empereur de Constantinople Sa Sainteté ; on voit dans l'histoire que souvent Sa Sainteté était un très méchant homme, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuvr. t. IV, p. 182, dans POUGENS.

    Votre Sainteté, se dit par plaisanterie à une personne qui a la prétention de devenir sainte. Besoin n'était que Votre Sainteté, Ce lui dit-on, traversât ces campagnes, La Fontaine, Diable.

HISTORIQUE

XIIe s. La grandece de glorie de la tue sainteed [ils] parlerunt, e la tue grandece recunterunt, Liber psalm. p. 224.

XIIIe s. Seinteez et grandece sunt en la seinte fiance de lui [Dieu], Psautier, f° 116. Ysaies fu hom de grant santité, Latini, Trésor, p. 57. Que il pleust à Sa Sainteé [il s'agit d'un évêque]… , Du Cange, sanctitas. La sainteé de si devot prince [Louis IX], Miracles St Loys, p. 121.

XVe s. [Saint Louis] Ce est li glorieus patrons Qui par ses prieres protege Ledit royaume, et qui l'alege De pluseurs maulx par sa sainté, Deschamps, Poésies mss. 1° 559.

XVIe s. Mesmes en avoit escrit à la Saincteté du pape, lequel luy avoit promis un chapeau pour un de ses serviteurs, Du Bellay, M. 32.

ÉTYMOLOGIE

Prov. sanctitat, sanctetat ; cat. santetad ; espagn. santitad ; ital. santità ; du lat. sanctitatem, de sanctus, saint.