« soie », définition dans le dictionnaire Littré

soie

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

soie [1]

(soî) s. f.
  • 1Fil délié et brillant, produit par le ver à soie. Ce ne fut environ qu'en 1130 que Roger, roi de Sicile, en établit une [fabrique de soierie] à Palerme ; on vit alors, dans cette île et dans la Calabre, des ouvriers en soie qui furent une partie du butin que ce prince rapporta des villes de Grèce, Rollin, Hist. anc. t. X, p. 569, dans POUGENS. Les ouvrages de soie étaient encore si rares, même à la cour, qu'Henri II fut le premier qui porta un bas de soie aux noces de sa sœur, Rollin, ib. p. 567. La soie est le produit du parenchyme des feuilles, combiné avec la matière animale du ver à soie, Buffon, Époq. nat. Œuv. t. XII, p. 20. Les annales de la Chine attribuent la découverte de la soie à l'une des femmes de l'empereur Hoang-ti, Raynal, Hist. phil. V, 28. Les soies de Bologne eurent longtemps la préférence sur toutes les autres ; depuis que celles du Piémont ont été perfectionnées, elles tiennent le premier rang pour l'égalité, la finesse, la légèreté, Raynal, ib. V, 28. La soie est une matière filamenteuse, transparente, assez solide, qui est filée par la chenille de l'espèce de phalène nommée bombyx ou ver à soie, phalaena mori, Fourcroy, Conn. chim., t. X, p. 351. La longueur d'un fil de soie qui peut se dévider de dessus la coque, est, suivant Malpighi, de 1091 pieds et quelques pouces, mesure de Paris, Genlis, Maison rust. t. I, p. 404, dans POUGENS. Élagabale s'habilla le premier d'étoffes de soie sans mélange, Mongez, Instit. Mém. hist. et litt. anc. t. IV, p. 227. Les filles [de Chios] aux yeux noirs, au sourire éclatant, Dans les vergers fleuris recueillaient en chantant Les cédrats, le miel et la soie, P. Lebrun, Voy. de Grèce, IX.

    Soie grége ou écrue, soie telle qu'on l'obtient par le tirage du cocon. Soie plate, soie grége commune formée par 20 ou 25 brins tirés ensemble.

    Soie sauvage, soie tirée de cocons de vers vivant à l'état sauvage sur les arbres.

    Soies folles, soies non torses, ainsi dites parce que leur extrême légèreté ne leur permet pas de soutenir le moindre effort.

    Fig. C'est soie sur soie, se dit de deux choses agréables qui arrivent l'une sur l'autre, de deux avantages qu'on reçoit coup sur coup.

  • 2On confond sous le nom de soie trois matières distinctes : la soie proprement dite, qu'on obtient en dévidant le cocon de la chenille nourrie avec la feuille de mûrier ; la golette (voy. ADDIT.), tirée de cocons percés provenant du bombyx du mûrier, cardés et filés ; la bombycine, tirée de cocons percés provenant des autres bombyx, cardés et filés comme les précédents.
  • 3 Poétiquement. Des jours filés d'or et de soie, le cours d'une vie heureuse et brillante. Ainsi de tant d'or et de soie, Ton âge dévide son cours, Que tu reçoives tous les jours Nouvelles matières de joie ! Malherbe, IV, 5.
  • 4En zoologie, fil délié que divers insectes parfaits ou à l'état de larves sécrètent pour en former un cocon dans lequel leur larve se transforme en chrysalide.
  • 5Étoffe de soie. Je voudrais… Que ceci fût de soie, et non pas d'étamine, Régnier, Sat. XII.

    Demi-soie, étoffe tissue de laine et de soie, ou de coton et de soie.

  • 6Coton longue-soie, ou, substantivement, le longue-soie, sorte de conton, de première qualité.
  • 7 Terme de marine. Soie à voiles, soie servant à faire des voiles qui, plus chères, semblent compenser le prix par la durée.

    Bas de soie, se disait des entraves, sorte de punition.

  • 8 Terme de cuisine. Bas de soie, manière d'apprêter les pieds de cochon. Pieds en bas de soie.
  • 9Soie d'Orient, ou soie végétale, espèce de duvet qui entoure les semences de l'asclépias de Syrie.
  • 10Soie de mer, byssus soyeux produit par une espèce de moule.
  • 11 Terme de corroyeur. Noir de soie, second noir donné aux peaux.

HISTORIQUE

XIIe s. Et riches trez [tentes] de soie à girons et à pans, Sax. V.

XIIIe s. Bien surent les deux fille d'or et de soie ouvrer, Berte, LVII. À nul jor mès veü n'avoie Chapel si bien ouvré de soie, la Rose, 864. Il n'est jour en l'an que, de soie seulement, n'y entre mille charretées en ceste cité [Cambaluc], Marc Pol, p. 317. Soz une vielle robe vueil miex que nete soie, Que je fusse soillie desoz une de soie, Jubinal, Contes, etc. t. II, p. 76.

XIVe s. La corde de l'arc doibt estre de soye verde ou autre, pour ce qu'elle dure plus sans rompre, Modus, f° LII.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, seuie, sôie ; bourg.  ; prov. et espagn. seda ; ital. seta ; du lat. seta, soie de porc, que l'on rapproche de χαίτη, crinière. Seta n'a pas de rapport avec le nom grec du ver à soie, σὴρ, qui est, dit M. de Rosny, le chinois sse, soie, par l'intermédiaire de la forme coréenne sir.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. SOIE. Ajoutez :
12Fils de soie tors. Les fils de soie tors au moyen du moulinage sont de trois espèces : les fils simples, les trames (voy. ce mot) et les organsins (voy. ce mot) ; les fils simples sont des tors sur un seul fil et sur eux-mêmes, Journ. offic. 21 nov. 1876, p. 8485, 1re col.
13Papier de soie, sorte de papier. Le papier de soie se trouve classé dans la première catégorie des papiers imposables, sans doute à cause de sa dénomination pompeuse qui est pourtant quelque peu décevante ; ce papier, nommé en fabrique carré mou ou Joseph, n'est véritablement aujourd'hui qu'un papier d'emballage, Journ. offic. 5 sept. 1871, p. 3215, 2e col. Les papiers soyeux, dits papier de soie, papier de Chine, papier Joseph, tous facilement reconnaissables à leur faible consistance, Douanes, Tarif de 1877, note 569.
14 Arbre de soie, l'acacia (albizzia) julibrissin ; le faux arbre de soie est l'asclepias gigantea, Baillon, Dict. de bot. p. 248.