« soir », définition dans le dictionnaire Littré

soir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

soir

(soir) s. m.
  • 1Déclin du jour, passage du soleil au côté occidental de l'horizon. J'irai vous voir demain au soir, lundi au soir. Un beau soir d'été. Puisqu'on fait bonne garde aux murs et sur le port, C'est assez pour ce soir, Corneille, Cid, II, 7. C'est dans votre festin Que ce soir par votre ordre on tranche son destin, Corneille, Sertor. I, 1. Du soir jusqu'au matin ils demeurent au guet, Th. Corneille, Feint astrol. I, 2. Je suis las de me voir les soirs en ma maison Seul avec des valets souvent voleurs et traîtres, Et toujours à coup sûr ennemis de leurs maîtres, Boileau, Sat. X. Du matin jusqu'au soir qui vous défend de rire ? Boileau, Epît. I. Sitôt que du soir les ombres pacifiques, D'un double cadenas font fermer les boutiques, Boileau, Sat. VI. Vous n'y trouveriez [à Ferney] d'autre amusement que celui d'un peu de société les soirs et une petite bibliothèque, si vous aimez la lecture, Voltaire, Let. d'Étallonde, 20 déc. 1773. Le soir ramène le silence ; Assis sur ces rochers déserts, je suis dans le vague des airs Le char de la nuit qui s'avance, Lamartine, Médit. I, 4.

    Fig. Du soir au matin, du matin au soir, en très peu de temps. Ces sortes de résolutions peuvent changer du soir au matin, Pellisson, Lettr. hist. t. I, p. 189. Combien en [de gens] a-t-on vus Qui du soir au matin sont pauvres devenus, Pour vouloir trop tôt être riches ? La Fontaine, Fabl. V, 13. Il en est qui ne font que se montrer à la terre, qui finissent du matin au soir, Massillon, Carême, Mort. La beauté dans son printemps Brille pompeuse et chérie, Semblable à la fleur des champs, Le matin épanouie, Le soir livide et flétrie, En horreur à ses amants, Voltaire, Préc. de l'Eccl.

  • 2Bon soir, voy. BONSOIR, à son rang.
  • 3À ce soir, locution elliptique dont on se sert en se quittant pour dire qu'on se reverra le soir.
  • 4 Poétiquement. L'occident. Qu'un vent vienne à souffler du soir ou de l'aurore…, Lamartine, Harm. I, 5.

    Le soir, le soleil du soir. Déjà des minarets le soir dore le faîte, P. Lebrun, Voy. de Grèce, X.

  • 5 Fig. et poétiquement. Le soir de la vie, ou, simplement, le soir, la vieillesse. Et sans aucun midi la mort et le destin Confondent votre soir avec votre matin, Mairet, Sophon. V, 9. [Le sage] Approche-t-il du but, quitte-t-il ce séjour, Rien ne trouble sa fin, c'est le soir d'un beau jour, La Fontaine, Phil. et Bauc. Il embellit l'aurore et le soir de la vie, Saint-Lambert, Sais. I. Au soir des ans doit sembler doux Ce chant qui nous a charmés tous, Béranger, Nourrice. Quel est sur moi le froid qui tombe ? C'est le froid du soir de mes jours ; Promettez un rêve à ma tombe ; Muses, restez, restez, amours, Béranger, les Sciences.

REMARQUE

On dit hier au soir, lundi au soir, etc. et, par abréviation, hier soir, lundi soir, etc. Bien que des grammairiens aient condamné la dernière forme, l'usage l'a adoptée, de la même façon qu'on dit hier matin, lundi matin.

HISTORIQUE

XIe s. Un [fils] [j'] en aveie, cil fut ocis her seir, Ch. de Rol. CXCIII.

XIIe s. Que n'oi [que je n'ouïs] chanter par breuille [bocage] Oisel n'au main n'au soir, Couci, VIII. Et quant il s'en ala la nuit en l'oscur seir…, Th. le mart. 52.

XIIIe s. Uns miens amis me vint dès er soir acointer…, Berte, X. Moult se peinent de cuer à soir et à matin, ib. LV. Tout droit en Honguerie, un diemanche au soir, ib. LXV.

XVIe s. Nul soir sans jour, Cotgrave Les paroles du soir ne ressemblent pas à celles du matin, Cotgrave Las ! dès le point du jour mon soir est arrivé, Desportes, Amours d'Hippolyte, LXXXVIII, Stances.

ÉTYMOLOGIE

Berry, à soir, hier au soir, à ce soir, ce soir, de soir, le soir de ce jour ; bourg. soi ; poit. ser, seras ; provenç. ser, sera ; ital. sera ; du lat. serus. Serus, se rattachant au radical sanscrit sr, aller, se suivre, veut dire long, tardif, d'où soir.