« tiré », définition dans le dictionnaire Littré

tiré

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

tiré, ée

(ti-ré, rée) part. passé de tirer
  • 1Mû, amené vers soi ou après soi. La voiture tirée par les chevaux.
  • 2Tiré à quatre chevaux, écartelé.

    Par un jeu de mots qui est une allusion à ce supplice. Il [le gazetier Marin devenu riche] a tant fait par ses journées, qu'enfin nous avons vu de nos jours le corsaire allant à Versailles, tiré à quatre chevaux sur la route, Beaumarchais, 4e mém.

  • 3Mis hors. L'épée tirée du fourreau. Dans l'antre de la bête féroce… devant elle, sous ses yeux étincelants, ses ongles tirés, Diderot, Cl. et Nér. I, 108.

    Ils sont à couteaux tirés, aux couteaux tirés, voy. COUTEAU, n° 6.

  • 4Rideau tiré, rideau écarté. Le rideau tiré, on vit la scène.

    Rideau tiré, rideau avancé pour cacher quelque chose. Les rideaux de son lit étaient tirés, de manière que je pouvais entrer sans être aperçue, Genlis, Vœux témér. t. II, p. 120.

  • 5Il se dit d'une liqueur qu'on fait couler du réservoir qui la contient. Le vin est tiré, mettons-nous à table. Mme Anderson a souvent observé que le lait le premier tiré ne ressemblait point au dernier, Parmentier, Instit. Mém. scienc. t. IV, p. 244.

    Fig. Le vin est tiré, il faut le boire, l'affaire est engagée, il n'y a plus moyen de reculer. Valère au marquis qui refuse de se battre : Oh ! vin est tiré, monsieur, il faut le boire, Regnard, Joueur, III, 11.

  • 6 Familièrement. Être tiré à quatre épingles, être ajusté avec soin.
  • 7Qu'on a fait sortir, délivré. Le pieux Henoc, miraculeusement tiré du monde qui n'était pas digne de le posséder, Bossuet, Hist. I, 1.

    Fig. Tiré d'affaire, qui a échappé à une difficulté, à un péril, à une maladie. Vous avez cru comme moi, sans fondement, que l'abbé de Condillac était mort : heureusement il est tiré d'affaire, et reviendra bientôt chez nous jouir de la fortune et de la réputation qu'il mérite, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 3 janv. 1765.

  • 8Il se dit d'un coup d'arme à feu. Le dernier coup tiré des remparts [de Maestricht] lui ôta la vie [au comte de Bissi], Voltaire, Mél. litt. Él. offic. morts en 1741.

    Tué à coups de fusil, en parlant de gibier. Un de ses officiers des chasses écrivit par ses ordres que c'était de la chasse de Son Altesse, et du gibier tiré de sa propre main, Rousseau, Conf. X.

  • 9Visage tiré, visage amaigri, allongé. Tout son visage, tiré et rétréci [d'Astarbé], faisait des grimaces hideuses, Fénelon, Tél. VIII.

    Substantivement. Les masques de Bouligneux et de Martigny avaient la pâleur et le tiré des personnes qui viennent de mourir, Saint-Simon, 142, 70.

  • 10 Fig. Qu'on a fait sortir de la bouche d'une personne. Après cet aveu tiré de sa propre bouche, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. III, p. 598, dans POUGENS.
  • 11Qui a été extrait de, en parlant de compositions d'esprit. Ces pensées, quoique tirées d'Homère, n'en sont pas moins plates, Lesage, Diable boit. 14. La tragédie d'Othello, tirée du roman de Cintio et de l'ancien théâtre de Milan, Voltaire, Mél. litt. à l'Acad. franç. I.
  • 12Imprimé. Le prix de la feuille tirée ne diminue qu'à raison du nombre des exemplaires, Camus, Instit. Mém. litt. et beaux-arts, t. v. p. 309.
  • 13Tracé. Un retranchement tiré au-devant du village. Ces rues sont larges, tirées au cordeau, et formées par des maisons un peu basses, mais agréablement bâties, Raynal, Hist. phil. VI, 18.
  • 14Représenté par la peinture. Cette beauté [Angélique, de l'Arioste]… ne fut qu'un portrait mal tiré des merveilles que nous devions admirer en vous [Mme de Saintot], Voiture, Lett. 4. Et moi je suis réellement capucin ; j'en ai la patente avec le portrait de saint François tiré sur l'original, Voltaire, Lett. au roi de Pr. 4 mai 1770.
  • 15Déduit, conclu. Il l'a trouvée [cette conséquence] toute tirée dans Vasquez, Pascal, Réfut. de la rép. à la 12e lett.
  • 16Affecté. Tout en lui [le prince de Conti] coulait de source ; jamais rien de tiré, de recherché, Saint-Simon, 220, 215.

    Forcé. Vous nous payez ici d'excuses colorées, Et toutes vos raisons, monsieur, sont trop tirées, Molière, Tart. IV, 1.

    On dit dans un sens analogue : tiré de loin, tiré par les cheveux. Il y a des figures [dans l'Ancien Testament] claires et démonstratives ; mais il y en a d'autres qui semblent un peu tirées par les cheveux, et qui ne prouvent qu'à ceux qui sont persuadés d'ailleurs, Pascal, Pens. XVI, 1, édit. HAVET. Il faut éviter les jeux de mots trop affectés et tirés de loin, Dumarsais, Trop. part. II, art. 11.

  • 17 S. m. Terme de droit commercial. Celui qui est désigné pour payer une lettre de change. Celui qui fournit la lettre de change s'appelle souscripteur ou tireur ; celui sur qui elle est fournie s'appelle tiré, ou accepteur lorsque la lettre de change lui a été présentée et qu'il l'a revêtue de son acceptation, Répertoire général de l'Enregistrement, Effet de commerce, n° 5237-2.
  • 18S. m. chasse au fusil. On fit hier un beau tiré.

    On dit dans le même sens : chasse au tiré. Comme la bécassine part de loin et très rapidement, et qu'elle fait plusieurs crochets avant de filer, il n'y a pas de tiré plus difficile, Buffon, Ois. t. XIV, p. 257.

    On écrit aussi tirer. Les trois frères Lorrains avaient été au tirer du roi, Saint-Simon, 64.

  • 19Nom donné, dans certains bois, à des taillis maintenus au-dessous de la hauteur d'homme, afin qu'on puisse y exercer la chasse à tir.