« traite », définition dans le dictionnaire Littré

traite

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

traite

(trè-t') s. f.
  • 1Action de tirer, de transporter certaines marchandises d'une province à une autre, ou d'un État à un autre. On a permis la traite des blés. Il s'est fait de grandes traites de vins. Accordant tout ce qu'on leur demandait pour la traite des grains de leur ville, Pellisson, Lett. hist. t. II, p. 279.
  • 2En particulier, trafic que font les bâtiments de commerce sur les côtes d'Afrique. Ce bâtiment fait la traite ; il va en traite ; il est en traite.

    Se disait autrefois de tout commerce d'échange qui se faisait avec des peuples sauvages

    La traite des nègres, et, absolument, la traite, l'achat et la vente d'esclaves noirs. La traite est abolie. La première concession pour la traite des nègres est du 11 novembre 1673, Voltaire, Dict. phil. Esp. des lois. Voilà donc la traite des noirs établie entre l'Europe et l'Afrique trente ans avant l'existence de Las Casas, qui naquit en 1474, Grégoire, Instit. Mém. sc. mor. et pol. t. IV, p. 48.

    Traite des blancs, nom qu'on donne quelquefois à l'industrie des agents de remplacement militaire.

    On le donne aussi à la conduite de certains industriels qui profitent de la faiblesse et de l'ignorance des personnes qui sont sous leur dépendance, pour s'attribuer entièrement le produit de leur travail.

  • 3Se dit du commerce des banquiers. Ce qui caractérise une lettre de change, c'est la traite de place en place.

    La lettre de change elle-même. Faire accepter des traites. Il a des traites sur Bordeaux.

    Traites et remises, un des comptes généraux du grand-livre, qui a pour objet l'entrée et la sortie des lettres de change et billets d'un négociant.

  • 4Chemin fait par mer, traversée (sens vieilli). Il fallut se résoudre à partir de ces lieux… Après huit jours de traite, un vaisseau de corsaires, Ayant pris le dessus du vent, Les attaqua…, La Fontaine, Fianc.
  • 5Étendue de chemin qu'un voyageur fait d'un lieu à un autre sans se reposer. Les gens du carrosse, qui, ayant une grande traite à faire, s'étaient levés de bonne heure, Scarron, Rom. com. II, 9. Adieu, dit le renard, ma traite est longue à faire, La Fontaine, Fabl. II, 15. D'où, continuant notre traite du même train, nous allâmes coucher à la ville de Daroca, Lesage, Estev. Gonz. 23. Aussitôt Candide selle les trois chevaux ; Cunégonde, la vieille et lui font trente milles d'une traite, Voltaire, Candide, 9. En payant dix sols par cheval pour chaque traite de quatre lieues, Voltaire, Mœurs, 94.

    Fig. [Il] Ronfle toujours, fait la nuit d'une traite, La Fontaine, Gasc.

    Absolument. C'est une traite, il y a une traite, se dit pour exprimer que la distance d'un lieu à un autre est assez considérable.

  • 6L'action de traire le lait. Le produit d'une traite faite avec soin et reçue successivement dans quatre vases donne véritablement quatre espèces de lait ; le premier est le plus séreux ; le second produit l'est moins ; le troisième encore moins ; et le quatrième contient une très grande quantité de crème, Fourcroy, Conn. chim. t. IX, p. 391.
  • 7Anciennement, droit levé sur les marchandises qui sortaient du royaume, ou qui y entraient, ou qui passaient d'une province à une autre. On payait la traite des marchandises en Bretagne, en Dauphiné.

    Traite foraine, droit qui se levait sur toutes les marchandises qui entraient dans le royaume.

    Traite domaniale, augmentation d'impôt sur quatre marchandises particulières, blé, vin, toile et pastel, lorsqu'elles étaient transportées hors du royaume.

  • 8Ancien terme de monnaie. Tout ce qui fait la diminution de la valeur intrinsèque des espèces monnayées. La traite comprenait le seigneuriage, le brassage et les remèdes de poids et de loi.
  • 9Bord du plein, sur lequel les tanneurs mettent leurs peaux pour les égoutter.

HISTORIQUE

XVe s. Item a voulu et ordonné quatre traites de messes estre celebrées pour le remede et salut de son ame, Du Cange, tractus. Au tiers coupplet, tu fais comparaison des tyrans de jadis et des gens horribles, lesquels, par traite de temps… l'on a souvent amollis, Chastelain, Exp. sur vérité. Nous faisions grandes traites et longues, et beuvions eau orde et non courante, Commines, VIII, 7.

XVIe s. Ce qu'un cheval peult faire de chemin en un jour, tout d'une traicte, Montaigne, III, 95. Si l'on garde au marchand son privilege antique, S'il a la traicte libre…, Du Bellay, J. VIII, 47, verso. Il pensa d'aguerrir son armée par le chemin, et endurcir les gens à la peine, les faisant courir en toutes sortes, faire de grandes et longues traittes…, Amyot, Marius, 22. Que lesdits sergents, à traicte [poursuite] d'autruy pour debte à cognoistre, ne pourront ceux sur qui telles traictes se feront, apprehender, Coust. génér. t. I, p. 794.

ÉTYMOLOGIE

Féminin de trait 1, au sens de tiré.