« tumulte », définition dans le dictionnaire Littré

tumulte

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tumulte

(tu-mul-t') s. m.
  • 1Grand mouvement accompagné de bruit et de désordre. Un tumulte, dit-on, s'élève dans la place, Corneille, Héracl. v, 2. Les sentiments de religion sont la dernière chose qui s'efface en l'homme, et la dernière que l'homme consulte ; rien n'excite de plus grands tumultes parmi les hommes…, Bossuet, la Vallière. Le vieillard de ses soins bénit l'heureux succès, Et sur un bois détruit bâtit mille procès ; L'espoir d'un doux tumulte excitant son courage, Il ne sent plus le poids ni les glaces de l'âge, Boileau, Lutr. v. Ce fut uniquement la grandeur de la république qui fit le mal et qui changea en guerres civiles les tumultes populaires, Montesquieu, Rom. 9. Comme il réfléchissait à cette aventure, il entendit un grand tumulte de voix, Genlis, Veillées du château t. III, p. 434, dans POUGENS.
  • 2Le tumulte du monde, des affaires, l'agitation que cause le monde, les affaires. Heureuses donc cent fois, heureuses les oreilles Qui s'ouvrent sans relâche à ses divins accents [de la grâce], Et, pleines qu'elles sont de leurs hautes merveilles, Se ferment au tumulte et du monde et des sens ! Corneille, Imit. III, 1. Malgré le tumulte de la cour, la reine trouvait le Carmel d'Élie, le désert de Jean, et la montagne si souvent témoin des gémissements de Jésus, Bossuet, Mar. - Thér. Asile où n'entrèrent jamais Le tumulte et l'inquiétude, Chaulieu, Louanges de la vie champêtre. Votre rang et vos emplois vous engagent dans le tumulte du monde et des affaires, Massillon, Carême, Dang. des prospér. temp.

    On dit dans un sens analogue : le tumulte des armes. Qu'il est beau, après le tumulte des armes, de savoir encore goûter ces vertus paisibles… ! Bossuet, Louis de Bourbon. Je n'étais pas surpris que, dans le tumulte des armes, tu [Vauvenargues] cultivasses les lettres et la sagesse, Voltaire, Mél. litt. Or. fun. offic.

  • 3 Fig. Trouble intérieur. Ce ne sont point les sens que mon amour consulte, Il hait des passions l'impétueux tumulte, Corneille, Sertor. II, 1. Une lettre que j'avais écrite dans le tumulte de mes pensées, Riccoboni, Œuv. t. I, p. 366, dans POUGENS. Le tumulte où je suis ne me permet encore de rien résoudre ; je vous en dirai davantage quand mes sens seront rassis, Rousseau, Lett. à milord Maréchal, 11 févr. 1765. Ils raisonnaient, ils demandaient comment L'enfant Amour, qui parait si paisible, Porte en nos sens ce tumulte terrible, Malfilâtre, Narcisse, III.
  • 4Chez les Romains, attaque subite d'un peuple ennemi. Le tumulte gaulois.
  • 5En tumulte, loc. adv. En confusion. Mais quand le peuple est maître, on n'agit qu'en tumulte, Corneille, Cinna, II, 1. Je crois qu'ils [l'abbé de Coulanges, mon fils et La Mousse] vous écriront ; pour moi, je prends les devants, et n'aime point à vous parler en tumulte, Sévigné, 31 mai 1671.

    Fig. Je vous aime… Non d'un amour conçu par les sens en tumulte, Corneille, Pulchér. I, 1.

HISTORIQUE

XIIe s. E. Joab, cum il oïd le sun de la busine [trompette], enquist dunt levast li tumultz par la cité, Rois, p. 223. Guillaumes a le temolte entendu, Li coronemens Looys, v. 1192.

XIIIe s. Choses qui font son et grant tumulte, Latini, Trésor, p. 206. La noise i estoit si grans de toutes pars, et la thumulte et li hanissemens des chevaus, que n'i oïst neis Diu tonnant, H. de Valenciennes, VI.

XIVe s. Quelque part que aloit, la multitude armée fist paour et temoute, Bercheure, fe 27, recto. Et là où les legions entrerent en la ville, ne cuidiez pas que il y eust brayt, clamour, ne telmoute, Bercheure, f° 17.

XVIe s. Je l'ay fait ennemy du tumulte des villes, J'ay repurgé son cœur d'affections serviles, Compagnon de ces dieux qui sont parmy les bois, Desportes, Diane, I, 69. Troubles et tumultes, Amyot, Public. 28. Il mist fin à la guerre ou entreprise renaudique [de la Renaudie], que l'on nommera le tumulte d'Amboise, Carloix, VIII, 7.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. tumult ; espagn. et ital. tumulto ; du latin, tumultus, qui est de même radical que tumor, gonflement.