« volontaire », définition dans le dictionnaire Littré

volontaire

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

volontaire

(vo-lon-tê-r') adj.
  • 1Il se dit de tout ce qu'il est en notre pouvoir de faire ou de ne pas faire. Mouvement volontaire. Eh bien, dis-moi, l'amour est-il si volontaire ? Tristan, Panthée, III, 9. Afin qu'une action soit volontaire, il faut qu'elle procède d'homme qui voie, qui sache, pénètre ce qu'il y a de bien et de mal en elle, Pascal, Prov. IV.

    Terme de physiologie. Nerfs volontaires, ceux qui se rendent au tissu musculaire, et qui, par leur intermédiaire, le soumettent à l'influence de la volonté ; ils n'ont pas de corpuscules ganglionnaires.

    Muscles volontaires, ceux qui exécutent les mouvements volontaires, ou muscles de la vie animale, muscles rouges à faisceaux striés non ramifiés.

  • 2Qui se fait sans contrainte, de pure volonté. Une erreur volontaire, Corneille, Médée, II, 6. Plus elle [la mort] est volontaire, et plus elle mérite, Corneille, Poly. II, 6. Malheur volontaire, Rotrou, St Gen. v, 7. Elle [la grâce] est malheureusement vaincue, destituée de l'effet qu'elle voulait, par la seule défection très volontaire et très libre de la volonté dépravée, Bossuet, Avert. sur le livre Réflex. mor. III. Cet aveu que je te viens de faire, Cet aveu si honteux, le crois-tu volontaire ? Racine, Phèdre, II, 5. Trompant la surveillance, ou peut-être trompé lui-même par une inattention volontaire de la police autrichienne, il [Montrond] parvint à s'introduire dans les jardins de Schoenbrunn, Villemain, Souven. contemp. Les Cent-Jours, IX.
  • 3Qui agit par sa propre volonté sans y être contraint, en parlant des personnes. Pourquoi, de mon tyran volontaire victime, Précipiter vos jours pour me noircir d'un crime ? Corneille, Héracl. IV, 4. Pour obtenir les priviléges des jurisconsultes, il suffisait d'avoir de quoi les acheter… et les fortunes des particuliers tombaient entre les mains de ces ignorants volontaires à qui le pouvoir de les défendre était un droit pour les ruiner, Fléchier, le Tellier. D'une lâche indolence esclave volontaire, Boileau, Épît. X. Les dames avaient chacune un amant d'obligation, sans les volontaires, dont le nombre n'était pas limité, Hamilton, Gram. 4.
  • 4Qui ne veut faire que sa volonté. Il est trop volontaire, il n'apprendra rien.

    Substantivement. Cet enfant est un petit volontaire, vous n'en ferez rien. C'est un petit volontaire [un officier] qui sert les dames par quinzaine, Dancourt, l'Été des coquettes, sc. 14.

    Terme de manége. Se dit d'un cheval désobéissant et d'un cheval de tirage qu'on appelle aussi badinant.

  • 5 S. m. Celui qui sert dans une armée, qui prend part à une expédition, sans y être obligé. Il était défendu aux volontaires d'aller à l'attaque, Pellisson, Lett. hist. t. III, p. 177. Un volontaire ne dort pas en repos, s'il n'a essuyé les premiers coups qu'on tire, Hamilton, Gram. 2. J'ai parlé de ces volontaires qui, chez les Germains, suivaient les princes dans leurs entreprises, Montesquieu, Esp. XXXI, 4. Il résulte de tout ce que nous avons remarqué que l'Athénien Xénophon, n'étant qu'un jeune volontaire, s'enrôla sous un capitaine lacédémonien, au service d'un rebelle, Voltaire, Dict. phil. Xénophon. Il [Marlborough] avait fait autrefois ses premières campagnes, volontaire sous ce général [Turenne], Voltaire, Louis XIV, 18.

    On dit à peu près de même : Cet officier n'était pas commandé, il alla à cette action comme volontaire, il y alla volontaire. Du Pas se fit tuer, un an après, au siége de la petite ville de Grave, où il servit volontaire, Voltaire, Louis XIV, 11.

    Nom donné à des gentilshommes de treize à quatorze ans qu'on admettait à servir sur les vaisseaux du roi, Ordon. de Louis XV, 14 sept. 1764. Les volontaires furent supprimés par un décret du 17 sept. 1792.

  • 6Se dit des soldats de différents corps formés par des enrôlements volontaires pendant les premiers temps de la révolution française. Six cent mille volontaires inscrits veulent marcher à la frontière… ils restent tous marqués d'un signe qui les met à part dans l'histoire ; ce signe, cette formule, ce mot n'est autre que leur simple nom : Volontaires de 92, Michelet, Hist. de la Révolution, t. III, p. 494.

HISTORIQUE

XIVe s. Felicité, qui est souverain bien, est acquis et gardé par œuvres volentaires, Oresme, Éth. VI, 10. Il montre plus à plain que chose faite par paour [peur] n'est pas proprement voluntaire, Oresme, ib. 46.

XVe s. Le sire de Commegines, qui estoit adonc jeune et voulontaire, dit qu'il vouloit chevaucher hors de ce village, Froissart, I, p. 247, dans LACURNE. Les princes sont plus enclins en toutes choses voluntaires que les autres hommes, Commines, Prol.

XVIe s. Qui est-ce qui arguera le peché n'estre point volontaire en l'homme, pour ce qu'il est sujet à necessité de peché ? Calvin, Instit. 211. Nostre liberté volontaire n'a point de production qui soit plus proprement sienne que celle de l'amitié, Montaigne, I, 208. La plus volontaire mort c'est la plus belle, Montaigne, I, 25. Et comme ils on t authorité de leur commander, aussi leurs fils sont fort volontaires à leur obeir, Lanoue, 534. Celui-là [inconvénient] n'est pas moindre d'avoir à manier des gens volontaires [des volontaires], Lanoue, 577. Il les accoustumoit à employer aux voluptez, delices et choses superflues et vouluntaires l'argent qui leur restoit après avoir satisfait à leurs necessitez, Amyot, Cat. 7. Je la fis reconnoistre [une barricade] par mon volontaire, qui estoit un jeune garçon de seize ans qui entreprenoit des travaux hasardeux au siege de Montauban que les soldats ne vouloient point accepter, Mém. de Bassompierre, t. III, p. 57, dans LACURNE. Et peut ledit juge emanciper les femmes mariées, comme quand les maris sont prodigues, voluntaires et de mauvais gouvernement, Coust. gén. t. II, p. 285.

ÉTYMOLOGIE

Prov. voluntairi ; esp. voluntario ; ital. volontario ; du lat. voluntarius (voy. VOLONTÉ). L'ancienne langue avait volenteis, très usité.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

VOLONTAIRE. Ajoutez :
7Aujourd'hui, d'après la nouvelle loi militaire, jeune homme qui, passant avec succès un examen et versant une certaine somme, fait un an de service dans un régiment ; après quoi il appartient à la réserve.