« éplucher », définition dans le dictionnaire Littré

éplucher

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

éplucher

(é-plu-ché) v. a.
  • 1Enlever les bourres, les pailles, etc. des étoffes. Éplucher des soies, des laines.
  • 2Ôter soigneusement les ordures qui peuvent se trouver dans des herbes, dans des grains, etc. Éplucher de la salade. Éplucher du riz.

    Il se dit aussi de la volaille dont on ôte les bouts de plume restants, du poisson dont on ôte les écailles.

    Absolument. Et qui, sans éplucher, n'avalât l'éperlan, Régnier, Sat. x.

    Il se dit aussi des fruits dont on ôte l'enveloppe. Éplucher une noix.

  • 3Éplucher un arbre, le débarrasser du bois mort, des fruits qu'il a de trop.

    Éplucher un champ, le débarrasser des herbes. Il nous faudrait mille personnes Pour éplucher tout ce canton [en arracher tout le chanvre], La Fontaine, Fabl. I, 8.

  • 4 Fig. Examiner comme on fait pour une chose qu'on épluche. Qui sût d'un choix prudent toute chose éplucher, Régnier, Sat. XI. On peut connaître quelle est la meilleure de toutes les sectes, sans les avoir toutes épluchées, Perrot D'Ablancourt, Lucien, Hermotime. Combien avez-vous passé de nuits à éplucher les questions épineuses de la dialectique ? Fontenelle, Anacréon, Aristote.

    Éplucher une personne, s'enquérir de ce qu'elle est, de sa conduite, etc. Mon avis était qu'il fallait éplucher un homme en sa vie, et non pas en son origine, Malherbe, Lett. à M. Colomb. Femmes aussi trompent assez souvent, Il ne les faut éplucher trop avant, La Fontaine, Troq. Il sera fort bien d'éplucher tous ces petits messieurs-là, et de les examiner à fond sur leur bien, sur leur figure, sur leur conduite, Legrand, Philanthrope, sc. 4.

    Terme de palais. Éplucher une personne, tâcher de la trouver en défaut. Éplucher des témoins, une personne suspecte.

  • 5Plus spécialement, rechercher avec un soin minutieux ce qu'il peut y avoir d'incorrect, de répréhensible en quelque chose. Et jusqu'au fond du sac épluchons notre vie, Régnier, Sat. X. Et bien que ma pensée Épluche à la rigueur ma conduite passée, Corneille, Clit. III, 3, 1re éd. Pièce à pièce épluchant vos sons et vos paroles, Boileau, Épît. X. Il me siérait mal d'éplucher les défauts d'une personne dont je mange le pain, Lesage, Gil Blas, VII, 2. Si j'osais éplucher cette épître, je vous dirais que trompette ne rime point à tête, Voltaire, Lett. Prusse, 35. Vous verrez que l'Académie mettra beaucoup plus de temps à éplucher mes remarques que je n'en ai mis à les faire, Voltaire, Lett. d'Argental, 28 août 1761. On a donné ma dernière brochure à éplucher à un substitut, Courier, Lett. II, 180.
  • 6S'éplucher, v. réfl. Il se dit de certains animaux qui se nettoient le poil ou la plume. Les oiseaux s'épluchent avec leur bec.

    Fig. S'examiner soi-même. En m'épluchant avec soin, je fus surpris du nombre de choses de mon invention que je me rappelais avoir dites, Rousseau, Prom. 4.

    Être épluché, être nettoyé. Le riz s'épluche aisément.

HISTORIQUE

XIIIe s. Un jur [la souris] s'asit desor le sueil, Ses grenonez [petites moustaches] apareilla, E de ses piez s'espelucha, Marie de France, Fabl. III.

XIVe s. Aucunes femmes qui par dessus la raison et sens de leurs maris veulent gloser et esplucher…, Ménagier, I, 6.

XVe s. Que par trop esplucier parfont les choses secretes… je n'aquisisse haynes envers moi, Chastelain, Exp. sur vérité mal prise.

XVIe s. Tous ne peuvent esplucher du safran, il faut que les aulcuns espluchent des poys, Palsgrave, p. 657.

ÉTYMOLOGIE

É- pour es- préfixe, et pluche ; pic. épluker ; bourguig. eplonge. Le simple est dans le provenç. pelucar ; ital. piluccare, que Diez tire, à l'aide du suffixe uc, du latin pilare, arracher les cheveux, les poils (voy. PELUCHE). Il rejette l'anc. haut allem. pluccian, allem. mod. pflücken, ôter en cueillant, qui aurait donné en italien piuccare ; il est même porté à croire que ces mots germaniques proviennent des langues romanes.