« agréable », définition dans le dictionnaire Littré

agréable

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

agréable

(a-gré-a-bl')
  • 1 Adj. Qui plaît, qui est agréé. Lieu agréable. Jeune fille d'une figure très agréable. Être agréable à l'oreille, au goût. Vin agréable à boire. Son arrivée me fut très agréable. Ne recevoir que des nouvelles agréables. La victime fut agréable aux dieux. Compagnon agréable. Vieillard agréable. Des femmes agréables de corps et d'esprit, Fénelon, Tél. XI. Apollon montre à tous ces bergers les arts qui peuvent rendre la vie agréable, Fénelon, ib. II. Nos arbres touffus nous donnaient une ombre plus agréable que les lambris dorés des palais des rois, Fénelon, ib. Bientôt il devint grand, robuste, agréable et adroit à tous les exercices du corps, Fénelon, ib. XXIV. Ses bonnes qualités, ses manières engageantes, son humeur agréable, son naturel doux et condescendant, Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 288. Point d'assemblées profanes, mais du reste une société agréable, visites, promenades, campagnes…, Bourdaloue, ib. t. I, p. 348. Chacune de ces victoires demandera de vous bien des combats, et chacun de ces combats bien des sacrifices plus agréables à Dieu que tous les sacrifices de l'ancienne loi, Bourdaloue, ib. p. 374. Au milieu de sa prospérité et jusque dans le plus agréable sentiment de ce bonheur humain dont il jouit, il y a toujours un ver de la conscience qui…, Bourdaloue, ib. p. 405. On les voit eux-mêmes, dans l'usage du monde descendre à tant d'autres petits soins et d'autres minuties, pour se rendre agréables à un prince, à un grand, à toutes les personnes qu'ils veulent gagner, Bourdaloue, ib. p. 420. Il me suffit que ce soit une maison de salut pour me la rendre non-seulement supportable, mais agréable, mais aimable, Bourdaloue, ib. t. II, p. 364. … agréable colère ! Digne ressentiment à ma douleur bien doux ! Corneille, Cid, I, 5. Sérieux autant qu'agréable père de famille, dans les douceurs qu'il goûtait avec ses enfants, il ne cessait de leur inspirer les sentiments de la véritable vertu, Bossuet, Louis de Bourbon. Eh ! est-il possible, dit-on, que Dieu m'ait si étroitement défendu ce que lui-même m'a rendu si agréable ? Bossuet, Pensées chrét. 7. Des gens sages me disaient d'une part : la matière est solide, utile, agréable, inépuisable, vivez longtemps et traitez-la sans interruption pendant que vous vivez, La Bruyère, Prologue. Il lui amena un jour son fils, qui était jeune, d'une physionomie agréable, et qui avait une taille fort noble, La Bruyère, 3.

    Il est agréable de… Il est agréable de voir…

    Avoir pour agréable ou avoir agréable, trouver bon. Et je vous supplierai d'avoir pour agréable Que je me fasse…, Molière, Mis. I, 1. Afin que vous ayez agréable qu'elle soit admise, Bossuet, Vêtur. I. Nous prions Dieu d'avoir pour agréables les oraisons, Bossuet, Asc. 2. L'Académie supplie S. M. de vouloir bien lui faire l'honneur de marquer un ou deux de ceux [commissaires] qu'elle aura le plus agréable qui soient nommés, Fénelon, XXI, 155. Ô Dieu, ayez agréable mon corps, Pascal, Prière. Eh bien ! mes souverains, aurez-vous agréable Que, n'ayant pu la voir…, Mairet, Soph. V, 7.

  • 2 S. m. Il ne faut pas sacrifier l'utile à l'agréable. Où ils voient l'agréable, ils en excluent le solide, La Bruyère, 2.
  • 3 S. m. et f. Un agréable. une agréable. un homme, une femme qui cherche à plaire par une élégance de manières affectées et un langage de galanterie. Je vous apprendrai à connaître l'abbé que peut-être vous n'avez regardé que comme un agréable, Diderot, Lett. à Mlle Voland. Après le sort du petit agréable qui s'attache à elle, Rousseau, Ém. IV. Non, milord, je n'ai pas besoin que les agréables de Motiers m'en chassent, Rousseau, Lett. VI, p. 42.

    Faire l'agréable, mettre beaucoup d'empressement à plaire. J'ai voulu faire l'agréable auprès d'une petite coquette, Hamilton, Gramm. 11. Vous avez entendu des femmes faire les agréables sur l'histoire des évangiles, Voltaire, Phil. III, 256.

    Cet adjectif veut la préposition à : Agréable à son maître, agréable à voir.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et avons et aurons, pour la dicte commune et en son nom, aggreable et estable tout ce que…, Bibl. des Chartes, 4° série, t. IV, p. 456.

XIVe s. S'ot en milieu un arbrissel, De fleurs et de feuilles si bel, Si bel, si gent, si aggreable…, Machaut, p. 12. Celui qui le fait selon ce qu'il convient et appartient, il peut estre appellé amiable ou affable ou aggreable, Oresme, Éth. 50. Les choses pesantes et de grant auctorité sont delectables et bien agreables à gens ou [au] langaige de leurs pays, Oresme, Prol.

XVe s. Et si l'une de ces trois offres vous est agreable, Bouciq. II, ch. 31. Sur tous les lieux plaisans et agreables Que l'en pourroit en ce monde trouver, Deschamps, Le bois de Vincennes. Et aussi le Roy l'avoit bien agreable, et si me sembloit necessaire, Commines, VIII, 9. Ils y parvinrent en brefs jours, tant leur fut le vent agreable et propice, Louis XI, Nouv. C.

XVIe s. Les Lacedaemoniens n'auroient rien si cher ni tant agreable, que de tenir la ville de Athenes en leur puissance, Amyot, Pélop. 27. Il se trouvoit justement lors en la plus agreable fleur et en la plus belle saison de son aage, Amyot, Agésil. 59.

ÉTYMOLOGIE

Berry, agheriabe ; provenç. agradaole ; portug. agradavel ; ital. aggradevole (voy. AGRÉER). Les puristes du XVIIe s. taxaient de locution bourgeoise avoir pour agréable, et voulaient que l'on dît avoir agréable ou trouver bon.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

AGRÉABLE. - HIST. Ajoutez : XIIe s. Et ne porquant de ç' [malgré ce, malgré cela] alot bien Que bele esteit [une dame] sor tote rien ; Molt fu li solaz agreables, Benoit de Sainte-Maure, Roman de Troie, V. 28 677.