« allumer », définition dans le dictionnaire Littré

allumer

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allumer

(a-lu-mé) v. a.
  • 1Mettre le feu à. Allumer une chandelle, une bougie. Allumer un bûcher.
  • 2 Par extension. Allumer du feu, le feu, pour allumer du bois dans un foyer, un poêle. Allumer une lampe, un bougeoir, pour allumer la mèche d'une lampe ou d'une bougie. Allumer un flambeau. (Il) Recherche votre fille et d'un hymen si beau Veut dans Troie embrasée allumer le flambeau, Racine, Iphig. I, 1.
  • 3 Fig. Quelle guerre intestine avons-nous allumée ? Racine, Esth. III. J'ai prévu ce tumulte et n'en vois rien à craindre ; Comme un moment l'allume, un moment va l'éteindre, Corneille, Nicom. V, 1. Votre amour contre nous allume trop de haine, Racine, Andr. I, 4. Vous avez vu quelle ardente colère Allumait de ce roi le visage sévère, Racine, Esth. II, 9. Animés du courroux qu'allume l'injustice, Racine, Brit. III, 7. Il présenta mon cœur aux yeux qui le charmèrent, Il prépara mon âme aux feux qu'ils allumèrent, Corneille, Héracl. II, 2. Ils allument contre eux une implacable haine, Corneille, Pomp. IV, 3. Moi ! j'aurais allumé cet insolent amour ! Corneille, Rod. IV, 1. Oui, je ne pus souffrir de les voir si bien ensemble ; le dépit alluma mes désirs, Molière, Fest. I, 2. Ce qui avait allumé dans son cœur tant de haine contre Ulysse, Fénelon, Tél. X. Il allume le zèle des docteurs, Fléchier, Tur. Allumer leur ambition [de leurs époux] par leurs désirs pressants de s'élever au-dessus de leur condition, Fléchier, I, p. 135. Ce ne fut ni l'envie de vaincre ni le désir de se venger qui allumèrent ce jeune courage ; ce fut le désir de la paix et de la sûreté publique, Fléchier, Panég. t. II, p. 10. Les lâches courtisans se font une étude d'allumer le vice et d'éteindre la vertu, Chateaubriand, Mart. 124. Les délais ne servent qu'à allumer la fureur des Juifs, Massillon, Pass. 2. J'eusse aux rayons d'Homère allumé mon génie, Chénier, 145.
  • 4Mettre en mouvement, agiter. Allumer le sang, la bile, les humeurs. Le chocolat vous allume une fièvre continue, Sévigné, 145. Tout vous blesse, tout vous allume, Massillon.
  • 5 Populairement. Allumer quelqu'un, l'entraîner par des espérances trompeuses à donner son argent.
  • 6 En termes de métier, introduire dans une pompe une certaine quantité d'eau pour en faire gonfler les parties intérieures et en expulser l'air.
  • 7S'allumer, v. réfl. Prendre feu, s'enflammer. Sur un autel sanglant l'affreux bûcher s'allume, Rousseau J.-B. Cantate, Circé. La flamme du bûcher d'elle-même s'allume, Racine, Iphig. V, 6.

    Poétiquement. Et que… Jamais les feux d'hymen ne s'allument pour elle, Racine, Phèd. I, 1.

  • 8Devenir brillant. Ses yeux s'allument et s'éteignent en un moment, Pascal, Amour.
  • 9 Fig. Une nouvelle guerre s'allume, Bossuet, Hist. I, 10. La guerre civile s'allume, Bossuet, ib. III, 7. Le dépit s'allumait dans son cœur, Hamilton, Gramm. 8.

HISTORIQUE

XIe s. Myrrhe et timoine [ils] i firent alumer, Ch. de Rol. CCIX.

XIIe s. Où feu n'eüst ni chandele alumée, Ronc. p. 156. Puisqu'en vous sont tout mal esteint Et tout bien à droit alumé, Couci III. Si m'est au cors une autre amour emprise, Oui me requiert et allume et esprent, Quesnes, Romanc. p. 90. Esteigniez, fait lur il, ces cirges alumez, Th. le Mart. 52. Car qui veit le bordel [la maison] sun veisin alumé, Il ad poür del suen, ib. 90. De la clarted ki est devant lui sunt alumez cil ki furent noir cume charbun, Rois, p. 206.

XIIIe s. Et li feus aluma mout haut, si qu'il sembloit que toute la terre ardist, Villehardouin, XCV. Lors s'en torna en un essart, Droit devant le chastel Renart, Et vit la cuisine fumer Où il ot fait feu alumer, Ren. 938. Ce dist Patous : garde de près, Se del veoir es si engrés ; Je n'i ai soing d'aboester, Ne m'i estuet point alumer [regarder fixement], ib. 7176. C'est la chandele en la lanterne ; Qui mil en i alumeroit, Ja mains de feu n'i troveroit, la Rose, 7449. Qui ce qu'il aime plus regarde, Plus alume son cuer et l'arde [brûle], la Rose, 2358. Lors escria le roy : alume, alume, et si fist l'en, Joinville, 250.

XIVe s. Lors ala Bonne-voulenté Tantost alumer la chandelle, J. Bruyant, dans Ménagier, II, p. 35.

XVe s. Cessez vostre sermon, dirent les lourdiers tout allumés du feu de concupiscence charnelle, Louis XI, Nouv. XCVIII.

XVIe s. Un flambeau allumé, Amyot, Cam. 56. Ilz estoient desja espris du malheureux et calamiteux desir de la Sicile, que depuis Alcibiades alluma d'avantage, Amyot, Péric. 42. Allumer l'air d'esclairs, le troubler de diverses sortes de tempestes, Calvin, Inst. 18.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, aloumer, allumer, faire des éclairs ; bourguig. élemai ; provenç. alumenar, alumnar, alhumnar ; anc. catal. alumar ; espagn. alumbrar ; portug. alumear, allumiar ; ital. alluminare ; de al pour ad (voy. voy. À), et lumen, lumière (voy. LUMIÈRE).