« apparoir », définition dans le dictionnaire Littré

apparoir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

apparoir

(a-pa-roir) v. impers.
  • Usité seulement à l'infinitif et à la troisième personne du singulier du présent de l'indicatif : il appert. Terme de palais. Être constaté. Comme il appert par jugement du tribunal. Il a fait apparoir de son bon droit. Votre respectable père signa toujours de Rony, ainsi qu'il appert sur votre propre extrait de baptême, Courier, II, 368. Appert-il mieux des dispositions des hommes que par un acte signé de leur main ? La Bruyère, 14.

REMARQUE

À l'infinitif, ce verbe ne se dit qu'au palais ; cependant La Bruyère a dit, ch. 7 : Ne faire qu'apparoir dans sa maison. C'est un archaïsme.

HISTORIQUE

XIe s. Tresvait la nuit, et apert la claire aube, Ch. de Rol. LVII.

XIIIe s. Devant l'aube aparant, ains qu'il fust ajourné, Berte, XV. [Que] Leur male traïson devant tous en appert, ib. XXXIV. Ains que gueres de jour là en droites apere…, ib. XLIV. Car quant ainsinc apert par air, la Rose, 5961. Or sus, or sus, font-il, barons ; Se tantost armés n'aparons, Por secoure ce fin amant…, ib. 15282. Et cil qui povres apparront, Lor propres freres les harront, ib. 8217. Je vins à ore et à tens por mon jor garder, et l'ai gardé si come je dei, trusque as esteilles aparans el ciel, Ass. de Jér. 86.

XIVe s. Si comme entre innombrables exemples peult apparoir de ceste très commune proposition, Oresme, Eth. Prol. Par quoy il appert clerement que nostre bon roy Charles peult estre dit Charles grant en sagesse, Oresme, ib. Et pour ce comme il apperra après par Aristote, ceste science appartient par especial et principalement aus princes…, Oresme, ib. Et ce que dit est que prudence est vers choses singulieres, il peut apparoir par signe, Oresme, ib. 181.

XVe s. Les archers anglois traioient si ouniement et si roidement que à peine ne s'osoit nul apparoir, Froissart, I, I, 208. Il ne parle pas chrestien Ne nul langage qui appere, Patelin. Ils ne se montroient ne apparoient, sachant…, Louis XI, Nouv. XXVI.

XVIe s. Cacher mon dueil, afin que mieux appere, Marot, II, 390. Or voy-je bien, amy, et bien appert Que maugré toi en cestuy bois desert Suis demourée, Marot, II, 5. Au reste comment Dieu fleschit et tourne çà et là tous evenemens par la bride de sa providence, il nous apperra par un exemple notable, Calvin, Inst. 143. Alors tout ce qui est en ce lieu nous appert ou vert, ou jaune, ou violet, Montaigne, II, 371. Ilz n'avoient que l'honneur et le nom de roys tant seulement, sans autre qualité qui les feist apparoir par dessus le commun populaire, Amyot, Lyc. 7. Solon feit apparoir aux juges que…, Amyot, Sol. 16. Par lesquels discours apperra clairement de la richesse de ceste nouriture, De Serres, 459. Les lieux moites, y apparant l'eau tant peu que ce soit, ès grandes secheresses d'esté, De Serres, 758.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. aparer ; ital. apparere ; du latin, apparere, de ad, à, et parere (comp. PARAÎTRE). Il apert n'est point une irrégularité de conjugaison ; au contraire c'est la forme régulière : apparére, avec l'accent en latin sur re, donne apparoir avec l'accent sur la même syllabe en français ; appáreo, appáres, appáret, avec l'accent sur pa, donnent j'aper, tu apers, il apert, avec l'accent en français sur la même syllabe.