« appartenir », définition dans le dictionnaire Littré

appartenir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

appartenir

(a-par-te-nir), j'appartiens, nous appartenons, vous appartenez, ils appartiennent ; j'appartenais ; j'appartins, j'appartiendrai ; appartenant ; appartenu, v. n.

Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

  • 1Être la propriété de. L'Algérie appartient à la France. Tout cela m'appartient. Rendre à chacun ce qui lui appartient.

    Fig. Je m'appartiens. Il faut que l'âme s'appartienne à elle-même.

  • 2Être le droit ou le privilége de, être le propre, le caractère particulier. Le droit de grâce appartient au souverain. Chez les Gaulois, le jugement appartenait aux druides. Cette qualité n'appartient qu'à vous. L'inconstance appartient à la fortune. La parole n'appartient qu'à l'homme. C'est un trait de vertu qui n'appartient qu'à vous, Corneille, Poly. IV, 5.
  • 3Être au service de quelqu'un ; être attaché ou dévoué à quelqu'un. Cet homme vous appartient. Je ne savais pas que ce laquais vous appartînt. Tu m'écris que tu lui appartiens corps et âme.
  • 4Faire partie de. Il n'appartient d'aucun côté à la famille de… Il appartenait à d'honnêtes bourgeois. Ce qui suivit appartient à l'année où… Cet animal appartient à tel genre.
  • 5Avoir rapport à, concerner. Comme si cela n'appartenait en rien à la religion. Choses qui appartiennent à la philosophie.
  • 6 Impersonnellement. Il appartient, il est de convenance, de devoir. Il m'appartient de… Il appartient à un bon juge de… C'est à la cour qu'il appartient de statuer. Je ne sais trop ce qu'il m'appartient de faire. Il n'appartient qu'à un roi sans religion et sans amour pour ses sujets d'entreprendre la guerre pour contenter son ambition, Pellisson, Conversat. de Louis XIV devant Lille, p. 46. Il n'appartient qu'à la religion d'instruire et de corriger les hommes, Pascal, dans GIRAULT-DUVIVIER. Il ne m'appartient point de vous offrir l'appui De quelques malheureux qui n'espéraient qu'en lui, Racine, Baj. V, 11.

    Par antiphrase. Il vous appartient bien de parler de générosité, il ne vous convient pas, il vous sied mal. Il vous appartient bien, après cela, de venir accuser les justes, Massillon, Car. Injustice.

  • 7 Terme de palais. Ainsi qu'il appartiendra, c'est-à-dire selon qu'il sera convenable.

    À tous ceux qu'il appartiendra, à tous ceux qui y auront intérêt ou qui voudront en prendre connaissance.

    Dans le langage général, avec le même sens. Aux dépens de qui il appartiendra, Sévigné, 236. Mon père dit au porteur de la dépêche, qu'il retînt bien, pour en avertir où il en appartiendrait, que, si on se jouait encore à lui, il ne ménagerait rien, Saint-Simon, IX, 109. Je me suis résolu d'être médecin aux dépens de qui il appartiendra, Molière, Méd. m. lui, III, 1.

HISTORIQUE

XIIIe s. [Je vis] caiens [céans] une pucele entrer ; Ne sai se li apartenés : Par ma foi, vous la resanlés, Fl. et Bl. 1535. Mes heritages de par mon pere ne revient pas à me [ma] mere, ançois esquieut [échoit] au plus prochain qui m'apartient de par le pere, Beaumanoir, XIV, 23.

XIVe s. Et ce appartient meismement as philosophes, Oresme, Eth. VI, 10. Et de telles operacions aucunes sont où il ne appartient pas loenge, Oresme, ib. 49.

XVe s. Et n'aymoit nulle chose qui y appartinst [à la guerre], Commines, I, 4.

XVIe s. Cela appartient à celuy qui donne la loy, non à…, Montaigne, I, 59. Ceulx qui sont exercitez à lire l'histoire ainsi qu'il appartient, deviennent…, Amyot, Préf. VII, 33. Puisque tu es divin, aye pitié de moy : Il appartient aux dieux d'avoir pitié des hommes, Ronsard, 237.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. apertener ; ital. appartenere ; de ad, à (voy. À), et pertinere, appartenir (voy. PERTINENT).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

APPARTENIR. Ajoutez :

8S'appartenir, ne dépendre que de soi-même. Il s'appartient depuis qu'il a quitté les affaires.

Appartenir l'un à l'autre. M. de Valori conclut que les fragments du biceps et du reste du bras [de la Vénus de Milo] s'appartiennent évidemment, l'Opin. nationale, 25 juin 1875, 2e page, 4e col.