« délivrance », définition dans le dictionnaire Littré

délivrance

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

délivrance

(dé-li-vran-s') s. f.
  • 1Action par laquelle on délivre ; résultat de cette action. La délivrance d'un prisonnier. Et n'épargne contre eux, pour notre délivrance, Ni le feu ni le fer…, Malherbe, II, 12. Et si cette aventure doit être achevée par un des plus honnêtes hommes du monde, j'espère que je vous devrai ma délivrance, Voiture, Lett. 34. Ici la délivrance en paraît trop facile, Corneille, Nicom. V, 5. Grand roi, l'heureux succès de cette délivrance Vous est beaucoup mieux dû qu'à mon peu de vaillance, Corneille, Médée, IV, 3. Et tous les peuples furent étonnés d'une délivrance si miraculeuse, Bossuet, Reine d'Anglet. Et sur mes faibles mains fondant leur délivrance, Racine, Esth. I, 1. Le gouverneur [de la Bastille] aimait son prisonnier ; il fut très aise de sa délivrance, Voltaire, l'Ingénu, 18.
  • 2L'action de débarrasser de ce qui nuit ; résultat de cette action. La délivrance des peines qui nous affligent J'ai su faire la délivrance Du malheur de toute la France, Malherbe, V, 20. Demander la délivrance des maux, Maucroix, Homél. 14, dans RICHELET.
  • 3Remise d'une chose entre les mains de quelqu'un ; action de mettre en possession. La délivrance de la chose vendue. L'exécuteur testamentaire doit faire la délivrance des legs.
  • 4Accouchement. Cette femme a eu une heureuse délivrance. J'étais encore dans le salon voisin à attendre sa délivrance, lorsque ma belle-mère vint me dire : venez embrasser votre femme et la sauver du désespoir ; votre enfant est mort en naissant, Marmontel, Mém. X.

    Terme d'obstétrique. Expulsion des annexes du fœtus ou arrière-faix. La délivrance suivit de près la mise au monde de l'enfant.

  • 5 Terme d'eaux et forêts. Action de marquer, de délivrer du bois à des usagers.

    Action de désigner des cantons de bois pour le pâturage et la glandée.

  • 6 Terme de monnaie. Permission en forme de donner le cours aux monnaies, lorsqu'elles ont reçu leur perfection.

HISTORIQUE

XIIe s. Jà par autrui [je] n'i aurai delivrance, Couci, X. Vous deüssiez querre leur delivrance [des captifs], Quesnes, Romancero, p. 101.

XIIIe s. C'est grans pès [paix] et grant delivrance as executeurs et à cex meismes qui sont dit el testament, Beaumanoir, XII, 58. Et que vous donrriés au soudanc pour vostre delivrance…, Joinville, 242. Nostre sauvement et nostre delivrance de noz anemis, Psautier, f° 193. Au soir, après la mie nuit, [vous] auroiz enfant et vos deliverroiz. - De ce ai grant mervoille que vos savez si bien ma delivrance, Merlin, f° 68, recto.

XVe s. Je leur ferai faire delivrance d'or et d'argent, tant que ils vous serviront volontiers, Froissart, I, I, 9. Fit appareiller hostels pour recevoir le roi de Behaigne [Bohême] et le roi de Navarre, qui estoient de la delivrance [auxquels il faisait délivrer à ses dépens ce qui était nécessaire], Froissart, I, I, 51. Le roy envoya vers ledit duc pour en avoir la delivrance [du connétable] [c'est-à-dire pour qu'il lui fût livré, selon les termes du traité], Commines, IV, 12.

XVIe s. Delivrance de meuble vendu presuppose paiement, Loysel, 409. L'une appellée chorion, autrement dite secondine, arriere faix ou delivrance (combien que les vulgaires appellent ainsi toutes les tuniques ensemble), Paré, I, 35. Il escrivoit à Idrien prince de la Carie, pour la delivrance d'un sien ami : si Nicias n'a point failly, delivre le ; s'il a failly, delivre le pour l'amour de moy ; mais, comment que ce soit, delivre le, Amyot, Agésil. 21. Voylà pourquoy il [Épaminondas] feut si froid à l'entreprinse de Pelopidas, son compaignon, pour la delivrance de Thebes, Montaigne, III, 195.

ÉTYMOLOGIE

Délivrer ; provenç. deslivransa, desliuransa, delivransa. On trouve aussi, dans les anciens textes, delivrement.