« exhaler », définition dans le dictionnaire Littré

exhaler

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

exhaler

(è-gza-lé) v. a.
  • 1Émettre, dégager, en parlant de vapeurs, d'odeurs. Les ruisseaux des rues exhalaient une odeur infecte. Ces montagnes de morts… Dont les troncs pourris exhalent dans les vents De quoi faire la guerre au reste des vivants, Corneille, Pomp. I, 1. … Quels abîmes ouverts Exhalent jusqu'à moi les vapeurs des enfers ? Corneille, Tois. d'or, III, 5.
  • 2 Fig. Il se dit de ce que l'on compare à une exhalaison. Et son âme exhalait un soupir amoureux, Régnier, Élég. IV. Depuis que je suis né, j'ai vu la calomnie Exhaler les venins de sa bouche impunie, Voltaire, Tancr. III, 3. Et du sang de Clotaire éternel déshonneur [elle eût] Exhalé sur sa race un souffle empoisonneur, Lemercier, Fréd. et Br. II, 3.

    Exhaler son âme, la vie, mourir. Celui-ci, consumé de langueur et d'infirmités, voit de loin l'appareil de son sacrifice, exhale chaque jour une portion de son âme, et se sent mourir mille fois avant que d'avoir pu mourir une seule, Massillon, Villars. Il exhale à présent les restes de sa vie, Lemercier, Fréd. et Bruneh. V, 1.

    Évaporer. Qui pleure l'affaiblit [le ressentiment], qui soupire l'exhale, Corneille, Sertor. V, 3.

  • 3Exprimer avec vivacité ; faire éclater en paroles. Dans le prologue de cette pièce, Labérius exhale sa douleur d'une manière fort respectueuse pour César, et en même temps fort touchante, Rollin, Hist. anc. liv. XXV, I, II, 2. Ce droit d'accusation non-seulement tiendrait les grands en respect, mais servirait encore à exhaler les murmures du peuple qui, sans ce secours, pourraient se tourner en sédition, Vertot, Révol. rom. II, 170. Exhaler son dépit contre un mari coupable, C'est, en voulant se faire aimer, S'efforcer d'être moins aimable, Imbert, Jaloux sans amour, I, 5. Il exhale sa rage en hurlements horribles, Delille, Énéide, II. Mais tandis qu'exhalant le doute et le blasphème, Lamartine, Méd. I, 18.

    On dit dans un sens analogue exhaler sa bile, sa mauvaise humeur. … Lorsqu'autrefois Horace après Lucile Exhalait en bons mots les vapeurs de sa bile, Boileau, Sat. VII.

    Il peut avoir pour sujet un nom de chose. À ce nouvel affront un reste de chaleur En sanglots mal formés exhale sa douleur, Corneille, Pomp. III, 1.

  • 4S'exhaler, v. réfl. Être exhalé. Les vapeurs qui s'exhalent le soir. L'odeur qui s'exhale d'une rose. La fumée qui s'exhale et s'évanouit dans les airs, Fléchier, Dauph.

    Impersonnellement. Il s'exhale des vapeurs de ce marais.

    Fig. On voyait sur son visage les furies peintes ; et tout le venin empesté du noir Cocyte semblait s'exhaler de son cœur, Fénelon, Tél. VII. Leurs soupirs n'osaient s'exhaler, mais leurs cœurs s'entendaient : ils croyaient souffrir et ils étaient heureux, Rousseau, Hél. III, 18.

  • 5Se dissiper par l'évaporation. L'éther s'exhale rapidement. Dans les pays froids la partie aqueuse du sang s'exhale peu par la transpiration, Montesquieu, Esp. XIV, 10.

    Fig. Il se dit de la vie, de l'âme. Un reste de chaleur tout prêt à s'exhaler, Racine, Phèd. I, 3. Dans la nuit du tombeau l'âme s'engloutit-elle ? Tombe-t-elle en poussière ? ou, prête à s'envoler, Comme un son qui n'est plus va-t-elle s'exhaler ? Lamartine, Méd. I, 5.

  • 6Éclater, en parlant de sentiments, de passions. Non, je n'ai point un courroux à s'exhaler en paroles vaines, Molière, le Fest. I, 3. C'était en ces discours que s'exhalait ma plainte, Rousseau J.-B. Odes, I, 12.

    Il peut aussi avoir pour sujet un nom de personne. M. le prince de Conti et son fils s'exhalaient en désespoirs, Saint-Simon, 11, 128.

HISTORIQUE

XIVe s. Car l'element du feu et d'air, Si ainsi est, doibt s'exhaler, l'Alch. à nat. 610.

XVIe s. Une vapeur qui exhale de tout leur corps, Paré, Intr. 6.

ÉTYMOLOGIE

Lat. exhalare, de ex, hors, et halare, respirer (voy. HALEINE).