« faim », définition dans le dictionnaire Littré

faim

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

faim

(fin ; l'm ne se lie jamais : une faim excessive, dites une fin excessive) s. f.
  • 1Besoin de manger. La faim détruisit tout, La Fontaine, Fabl. III, 6. Et la fièvre bientôt terminant son destin Fit par avance en lui ce qu'aurait fait la faim, Boileau, Sat. I. Lui, qui s'était étudié toute sa vie à supporter les plus extrêmes rigueurs que la nature humaine peut soutenir, voulut essayer combien de temps il pourrait supporter la faim sans en être abattu, Voltaire, Charles XII, 8. Vous devez avoir une faim dévorante, j'ai grand appétit, commençons par souper, Voltaire, Candide, 8.

    Avoir faim, n'avoir pas faim, ressentir, ne pas ressentir le besoin de manger.

    Avoir faim de, appétit de. Il n'a faim que des morceaux les plus délicats.

    Étourdir la grosse faim, voy. ÉTOURDIR.

    Familièrement. Crier à la faim, être pressé de manger.

    On dit aussi crier la faim, comme crier misère.

    Mourir de faim, mourir par manque d'aliments.

    Par exagération, mourir de faim, et, populairement, crever de faim, avoir extrêmement faim. Donnez-moi à manger, je meurs de faim. Jamais on n'a laissé mourir de faim une pauvre femme [comme on vous a laissée mourir], Sévigné, 21.

    Familièrement. Mourir de faim, crever de faim, manquer des choses nécessaires à la vie. Ses parents le laissent crever de faim. L'on dit d'un grand qui tient table deux fois le jour, et qui passe sa vie à faire digestion, qu'il meurt de faim, pour exprimer qu'il n'est pas riche, ou que ses affaires sont fort mauvaises : c'est une figure, on le dirait plus à la lettre de ses créanciers, La Bruyère, XII. Si la religion de M. Pope ne lui permet pas d'avoir une place, elle n'empêche pas que sa traduction d'Homère ne lui ait valu deux cent mille francs ; j'ai vu longtemps en France l'auteur de Rhadamiste près de mourir de faim, Voltaire, Consid. due aux gens de lettres. La faim mit au tombeau Malfilâtre ignoré, Gilbert, Dix-huit. siècle.

    Mourir de faim auprès de son bien, c'est-à-dire être assez avare pour ne pas toucher à son bien.

    Substantivement. Un meurt-de-faim, voy. MOURIR.

  • 2Faim canine, état maladif dans lequel les chiens mangent avec une grande voracité les aliments qu'ils vomissent bientôt.

    Faim de loup, un des noms de la boulimie.

    Par extension. Faim canine, faim de loup, appétit dévorant. Il avait une faim canine.

    On dit dans le même sens male faim. Qu'il soit bref ; car enfin, madame la duchesse, Je meurs de male faim, et l'audience presse, Dancourt, Sancho Pança, II, 3.

  • 3Famine. Le peuple à qui la faim se faisait déjà craindre, Racine, Théb. I, 3. Il dompta les mutins, reste pâle et sanglant Des flammes, de la faim, des fureurs intestines, Racine, Bérén. I, 4.
  • 4 Fig. Désir très vif, passionné, en mauvaise part. La faim insatiable des richesses. Avide faim d'honneurs, fatal poison des cœurs, Maudite ambition ! Rotrou, Bélis. II, 8. La plus avide de toutes les faims, la plus cruelle de toutes les soifs, la faim et la soif de l'or, percent toutes les barrières, Raynal, Hist. phil. XVII, 13.

    En bonne part. Ceux qui ont faim de la justice, Bossuet, Nécess. 1. Les bienheureux [aux Champs Élysées] ont tout sans rien avoir, car ce goût de lumière pure [lumière des Champs Élysées] apaise la faim de leur cœur, Fénelon, Tél. XIX.

    Par plaisanterie. Je n'ai pas grande faim de mort ni de blessure, Molière, Dép. am. v, 1.

PROVERBES

La faim chasse le loup hors du bois, fait sortir le loup hors du bois, c'est-à-dire la faim oblige les plus fainéants à travailler, contraint un homme à faire des choses hors de son caractère.

C'est la faim qui épouse la soif, se dit du mariage de deux personnes qui sont toutes deux dans la misère.

On dit dans le même sens mariage de la faim et de la soif. Mme du Maine fit un mariage de la faim et de la soif, ce fut celui de Mlle de Lusson avec le duc d'Albermale… il n'avait rien vaillant, Saint-Simon, 78, 9.

C'est la faim et la soif, se dit de deux époux sans biens.

SYNONYME

FAIM, APPETIT. La faim est proprement le besoin de manger. L'appétit est le désir de manger. La faim n'a pas besoin d'excitations pour être ressentie ou augmentée, et toute substance nutritive la satisfait. L'appétit est souvent irrité par les ragoûts, et il n'est pas satisfait par toute sorte de mets.

HISTORIQUE

XIIIe s. Ou je morrai de faim ou de froit sans targer, Berte, XXXIX. Car je ai si grant fain que ne sai que penser, ib. XLIII. Et se aucuns a faim de savoir qui cil fu qui commencha cest livre…, Beaumanoir, 13.

XVe s. À peine pouvoit le roi dormir, pour faim de voir celle qui puis fut sa femme, Froissart, II, II, 229.

XVIe s. Qui pourra penser que le tiers estat aie en mesme temps au cœur la gaieté des armes, la poeur au visage, et la faim entre les dents ? D'Aubigné, Hist. II, 252. Il n'est rien qui nous jecte tant aux perils qu'une faim inconsiderée de nous en mettre hors, Montaigne, III, 6. Faim fait disner, Passetemps souper, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 196. Qui a faim mange tout pain, Leroux de Lincy, ib. p. 381.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, fuaim ; picard, fonye (Arras) ; provenç. fam ; espagn. hambre ; portug. fome ; ital. fame ; du latin fames.