« fondement », définition dans le dictionnaire Littré

fondement

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fondement

(fon-de-man) s. m.
  • 1 Terme d'architecture. Maçonnerie qui sert de base aux murs d'un édifice ; il s'emploie beaucoup au pluriel. Asseoir les fondements sur le roc, sur pilotis. Ni l'édifice n'est plus solide que le fondement, ni l'accident attaché à l'être, plus réel que l'être même, Bossuet, Duch. d'Orl. Ils posèrent les fondements du second temple, Bossuet, Hist. I, 8. Renversa, détruisit jusqu'en leurs fondements Ces murs que du soleil ont bâtis les enfants, Voltaire, Alz. II, 4.

    Jeter les fondements d'un édifice, les construire ; locution tirée de ce qu'on jette en quelque sorte les matériaux dans la fosse qui doit les recevoir. Il [François 1er] voulut bâtir le Louvre, mais à peine eut-il le temps d'en faire jeter les fondements, Voltaire, Mœurs, 125. Ce fut dans ce terrain désert et marécageux [près de la Néva], qui ne communique à la terre que par un seul chemin, qu'il [Pierre 1er] jeta les premiers fondements de Pétersbourg, au soixantième degré de latitude et au quarante-quatrième et demi de longitude, Voltaire, Russie, I, 13.

  • 2 Au plur. Il se dit quelquefois de l'excavation pour asseoir les fondements. Creuser les fondements d'une citadelle qu'on veut bâtir.
  • 3 Par extension. Les fondements d'une ville. Puissent tous ses voisins [de Rome] ensemble conjurés Saper ses fondements encor mal assurés ! Corneille, Hor. IV, 5.

    Les fondements d'une montagne, la terre ou les roches sur lesquelles elle repose.

    Abusivement. Les fondements de la terre, les parties profondes que l'on croyait soutenir la terre. C'est au Seigneur qu'appartiennent les fondements de la terre, et c'est sur quoi il a posé le monde, Sacy, Bible. Rois, I, II, 8. Sur ses antiques fondements Venait-il ébranler la terre ? Racine, Athal. I, 4.

  • 4 Fig. Le premier établissement d'un empire, d'un royaume, d'une doctrine. Il pose les fondements de son Église, Bossuet, Hist. II, 6. Il jeta les fondements d'un grand empire, Bossuet, ib. 7. C'est par là que les hommes apostoliques jetèrent les premiers fondements de la doctrine du salut, Massillon, Carême, Avenir.
  • 5 Fig. Ce qui fait le fond, l'appui, la base, le principal soutien. La tragédie a son fondement sur des guerres, Corneille, Ex. de Rod. Il prend pour fondement de ses livres la vérité de la présence réelle, Pascal, Prov. 16. L'histoire du peuple de Dieu qui fait le fondement de la religion, Bossuet, Hist. Dessein gén. Voilà comme ces hypocrites abusaient de l'Écriture sainte, et avec leur feinte douceur renversaient tous les fondements de l'Église et des États, Bossuet, Var. XI, § 94. Les arts… qui servaient de fondement à la vie humaine, Bossuet, Hist. I, 1. Sur tant de fondements sa puissance établie Par vous-même aujourd'hui ne peut être affaiblie, Racine, Brit. III, 3. Dieu protége Sion : elle a pour fondements Sa parole éternelle, Racine, Athal. III, 8. Vous renversez le fondement de votre salut éternel, Massillon, Carême, Pardon. Voilà ce que plusieurs historiens disent qu'on ne peut nier qu'en renversant tous les fondements de l'histoire ; mais il est sûr qu'on ne peut le croire sans renverser les fondements de la raison, Voltaire, Mœurs, 45.
  • 6Fond, confiance. Il n'y a point de fondement à faire sur son amitié. Elle [la vie] vous manquera comme un faux ami au milieu de vos entreprises ; et vous faites fondement sur elle comme si elle était bien sûre et fidèle à ceux qui s'y fient, Bossuet, 1er sermon, Purification, 1.
  • 7Cause, raison, motif. La règle de l'unité de jour a son fondement sur ce mot d'Aristote, que la tragédie doit renfermer la durée de son action dans un tour de soleil, ou tâcher de ne le passer pas de beaucoup, Corneille, 3e disc. L'unique fondement de cette aversion, Corneille, Rodog. II, 3. Cela sert de fondement à l'offre, Corneille, Ex. d'Héracl. Théodore commande et hait sans fondement, Rotrou, Bélis. II, 1. Que notre âme au sortir d'un roi Entre dans un ciron ou dans telle autre bête… Sur un tel fondement le bramin crut bien faire De prier un sorcier qu'il logeât la souris, La Fontaine, Fabl. IX, 7. Avez-vous, pour le croire, un juste fondement ? Molière, Mis. IV, 2. Ah ! cherche un meilleur fondement Aux consolations que ton cœur me présente, Molière, Psyché, II, 1. Toutes vos peines sont sans fondement, Bossuet, Lett. Corn. 89. C'est là de tous nos maux le fatal fondement, Boileau, Épît. III.

    Vérité, réalité. Ô ciel ! de ce discours quel est le fondement ? Racine, Bajaz. III, 4. Que mon cœur, chère Ismène, écoute avidement Un discours qui peut-être a peu de fondement ! Racine, Phèd. II, 1.

  • 8Nom vulgaire de l'extrémité du gros intestin ou anus. Un employé aux mines de diamants du grand Mogol trouva le moyen de s'en fourrer un dans le fondement, Saint-Simon, 466, 126. Le Seigneur vous enverra des démangeaisons au fondement, Voltaire, Phil. II, 102.

HISTORIQUE

XIIe s. Les fundemenz des munz sont esmeuz et crodlez, kar nostre sires est curuciez, Rois, p. 205.

XIIIe s. Reproche pardurable leur dona Dieux, que par le fondement d'arrieres sanioient [saignaient] par lunoison, Psautier, f° 96. Pour apostumes et autres maladies ki avienent u fondement, Alebrand, f° 13. Si redist aillors l'escriture Que de tout le femenin vice Li fondement est avarice, la Rose, 16548.

XVIe s. La guerre n'a aultre fondement parmy eulx que la seule jalousie de la vertu, Montaigne, I, 241. Depuis l'oesophague jusques au fondement, il n'y a qu'une voye, Paré, I, 15. Les fondemens du temple, Amyot, Public. 29.

ÉTYMOLOGIE

Prov. fondament, fundamen ; cat. fonament ; espagn. fundamento ; ital. fondamento ; du lat. fundamentum, de fundare, fonder.