« lice », définition dans le dictionnaire Littré

lice

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

lice [1]

(li-s') s. f.
  • 1Lieu préparé pour les courses, les combats, les tournois. Il suffit qu'une fois il entre dans la lice, Corneille, Cid, IV, 5. Sire, à tout combattant la lice était ouverte, Th. Corneille, Geôlier de soi-même, II, 3. Une grande lice, bordée d'amphithéâtres magnifiquement ornés, fut formée à quelques lieues de la ville, Voltaire, Zadig, 19. Déjà la lice est ouverte ; Les clercs en ont fait le tour ; La bannière blanche et verte Flotte au front de chaque tour, Hugo, Odes, le Chant du tournoi.
  • 2 Fig. Il se dit en parlant de discussions publiques, soit de vive voix, soit par écrit, ou de contestations publiques. Il a fui honteusement la lice. Non pour entrer en lice contre personne, Pascal, Prov. III. En faisant courir la même lice à tant de prétendants, Rousseau, Orig. II.
  • 3Il se dit aussi des lieux où il y a, en quelque sorte, joute de parole. Le barreau est une lice ouverte à l'éloquence.
  • 4 Terme de charpente. Pièce de bois assemblée horizontalement dans les poteaux d'une barrière d'appui au pourtour d'une cour.
  • 5Garde-fous d'un pont de bois.

    Barrière qui borde la carrière d'un manége.

HISTORIQUE

XIIe s. Devant les lices commence li hustins, Garin, dans DU CANGE, liciae.

XIIIe s. Il fermerent tout l'ost de mout bones lices, de bons mairiens et bonnes barres, Villehardouin, LXXV. Et toutes voies crestien hourderent et firent fosses et boines liches par deviers la berrie [campagne], Chr. de Rains, 90.

XIVe s. Pour la reparation de touz leurs molins, lices et chaucies, Du Cange, licia. En un manoir… accoustumé est… que les gens du païs s'y assemblent le jour de la nostre dame de la mi-aoust, pour faire lices, caroles, dances et plusieurs autres esbatemens, Du Cange, ib. Jehan de Dinant vist passer de son hostel le dit Jehan Ternue, et le poursui jusques aux lices de l'eglise nostre dame de Reins, Du Cange, ib.

XVe s. Trop à doubter sont notre malefice, Ce que la char est trop habandonnée à touz deliz sans avoir frain ne lice, Deschamps, Poésies mss. f° 299.

XVIe s. Es lices et lieux ordonnez à piquer chevaulx, Amyot, Philop. 14. Courir en lice à qui gaigneroit le prix de la course double, Amyot, Démétr. 23. Et luy imputa l'on ou qu'il fuyoit la lice, ou que hors de saison il se vouloit monstrer à des estrangers, Amyot, ib. 21. Desmenans joye sans bornes et sans lyce, Marot, V, 355. J'en treuve, qui se mettent inconsideréement et furieusement en lice, et s'alentissent en la course, Montaigne, IV, 168. …Et percer les planchers de quelques chambres sur la muraille, où il s'estoit retiré des soldats, entr'autres deux qui crioient secours vers les basses lisses, D'Aubigné, Hist. II, 441.

ÉTYMOLOGIE

Berry, lices, ensemble de poteaux formant une clôture continue ; provenç. laissa, layssa, lissa ; esp. liza ; ital. lizza, liccia ; bas-latin, licia, pieu, liciæ, défense mise autour d'un camp, d'une ville. Origine incertaine. Du Cange le tire du latin licium, trame, à cause que les pieux sont rangés comme les fils dans une trame ; étymologie que Diez rejette parce que le sens n'est pas satisfaisant. Diez conjecture le moyen haut allemand letze, rempart, mais il remarque lui-même que le changement de l'e en i n'est pas facile. On a indiqué le bas-breton les, lice, mais on ne sait si les n'est pas un emprunt fait aux langues romanes ; d'après la Villemarqué, Contes bretons, t. II, p. 287, lis ! lis ! est encore en Bretagne le signal du combat au bâton qui se livre pendant la nuit des morts. Scheler remarquant qu'en anglais lice se dit list, propose de regarder lisse comme la bonne orthographe, et d'admettre que lisse est pour liste dans son sens primitif de barrière, clôture. Tout considéré, l'opinion de du Cange reste la meilleure et très probable.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. LICE. Ajoutez :
4Nom donné à certains caveaux chantants. Membre de ces bas caveaux qu'on appelle des lices, il connaissait tous les airs, toutes les chansons, et il chantait sans se lasser, Mm. de Goncourt, Germinie Lacerteux, ch. XLIX.
5Dans la fortification du moyen âge, espace libre laissé entre l'enceinte extérieure et l'enceinte intérieure.