« magnifique », définition dans le dictionnaire Littré

magnifique

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

magnifique

(ma-gni-fi-k') adj.
  • 1Qui se plaît à faire de grandes et éclatantes dépenses, ou de grands dons ; qui se montre avec splendeur. [Dans l'amour] l'on devient magnifique sans l'avoir jamais été, Pascal, Amour. Elle était au dehors reine magnifique, au dedans humble servante de Dieu, Fléchier, Mar.-Thér. Tel a vécu pendant toute sa vie chagrin, emporté, avare, qui était né gai, paisible, paresseux, magnifique, La Bruyère, XI. Voilà Sésostris, répondit Arcésius, et tu vois par son exemple combien les dieux sont magnifiques à récompenser les bons rois, Fénelon, Tél. XIX. Le plus fidèle de tous les amis, le plus magnifique de tous les bienfaiteurs, Massillon, Carême, Pécheresse.

    S. m. Celui qui est magnifique. Ce que le libéral fait par générosité, le magnifique ne le fait que par ostentation, Dict. de l'Acad. Le magnifique était un nom de guerre Qu'on lui donna ; bien l'avait mérité, La Fontaine, Magn.

  • 2Il se dit des choses, dans le même sens. Des récompenses magnifiques. Que je croirais lui faire un présent magnifique, Corneille, Sert. III, 2. Soit qu'il embellît cette magnifique maison, Bossuet, Louis de Bourbon. Quand verrai-je, Ô Sion, relever tes remparts Et de tes tours les magnifiques faîtes ? Racine, Esth. I, 2.

    Ironiquement. Il vint ici un augustin indigne, très indigne, et à qui je ne répondis sur ses magnifiques ignorances…, Sévigné, 12 juin 1680.

  • 3 Fig. Il se dit de ce qui a une pompe comparée à la magnificence. Des titres magnifiques. N'attendez pas [du prince mourant], messieurs, de ces magnifiques paroles qui ne servent qu'à faire connaître, sinon un orgueil caché, du moins les efforts d'une âme agitée, Bossuet, Louis de Bourbon. À la vue d'un si grand objet [le crucifix apporté à la mourante], n'attendez pas de cette princesse des discours étudiés et magnifiques : une sainte simplicité fait ici toute la grandeur, Bossuet, Duch. d'Orl. Et souvent on ennuie en termes magnifiques, Boileau, Épît. IV.

    Style magnifique, voy. STYLE.

    Des promesses magnifiques, des promesses qui font espérer beaucoup.

  • 4 Familièrement. Très beau. Un temps magnifique. Ses états de service sont magnifiques. Oh ! l'avenir est magnifique, Jeunes Français, jeunes amis, Hugo, Chants du crépusc. I.
  • 5Magnifiques seigneurs, titre donné au conseil souverain de quelques républiques suisses. Après bien des séances et de mûres délibérations, le magnifique conseil des deux cents prononça que Jésus n'était mort que pour le salut des élus : on conçoit bien que ce jugement fut une affaire de faveur, et que Jésus serait mort pour les damnés si le professeur Tronchin avait eu plus de crédit que son adversaire, Rousseau, Lett. de la Mont. 5e lett.
  • 6 S. m. Le magnifique, espèce d'oiseau de paradis ou paradisier

HISTORIQUE

XIIIe s. Li hom qui est magnifiques est ententis par sa nature, que ses affaires soient faiz à grant honor et à grant despens plus volentiers que à petiz ; et qui en ce faut, il est apelez parvifiques, Latini, Trésor, p. 286.

XVIe s. De ce point se prendra garde le gouverneur de ces magnifiques animaux [vers à soie], pour lui-mesme estre exemple de netteté à tous ceulx qu'il a sous sa charge, De Serres, 482. Ces magnifiques [les Vénitiens] perdirent ce peuple et beaucoup de leur creance par le manquement…, D'Aubigné, Hist. II, 74. Resjouytoi, David… Ores la France entend, d'un magnifique ton, Bruire divinement ta royale chanson, Desportes, Tombeau de Desportes.

ÉTYMOLOGIE

Génev. manifique ; provenç. magnific ; espagn. et ital. magnifico ; du lat. magnificus (voy. MAGNIFIER).