« petitesse », définition dans le dictionnaire Littré

petitesse

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petitesse

(pe-ti tè-s') s. f.
  • 1Peu d'étendue, peu de volume, de taille. Ma petitesse, qui m'a été reprochée tant de fois par Mlle de Rambouillet, Voiture, Lett. 52. L'infinité en petitesse, Pascal, Pens. I, 1, éd. HAVET. Qu'il se perde dans ces merveilles aussi étonnantes par leur petitesse que les autres par leur étendue, Pascal, ib. [Philosophes] ne présumez pas, ne croyez pas être quelque chose plus que les autres, parce que vous savez les propriétés et les raisons des grandeurs et des petitesses, Bossuet, Élévat. sur myst. XVII, 3. Nous ne sentons point notre petitesse ; et, malgré qu'on en ait, nous voulons être comptés dans l'univers, y figurer et y être un objet important, Montesquieu, Lett. pers. 76. Nous sommes écrasés par tout ce qui nous environne, quoique notre infinie petitesse, si voisine du néant, semblât devoir nous mettre à l'abri de tous les accidents, Voltaire, Jenni, 9. La planète Uranus avait échappé par sa petitesse aux anciens observateurs, Laplace, Expos. I, 9.
  • 2Modicité. La petitesse de ce don sera pour vous un motif de l'accepter.
  • 3 Fig. Condition, rang très inférieur. être aujourd'hui grandeur et demain petitesse, C'est le commun destin des grands par cas fortuit, Boursault, Ésope, dans RICHELET. Rome, née dans la petitesse pour arriver à la grandeur, Montesquieu, Esp. II, 2. Heureuse la nécessité Qui nous condamne à la sagesse, Et qui de notre petitesse Nous fait une sécurité, Lebrun, Poés. t. II, Rép. de St-Marin.
  • 4 Fig. Faiblesse, bassesse. Il ne faut pas tomber dans la petitesse de croire que…, Bossuet, Avert. sur le reproche de l'idolâtrie, 4. Telle a été la foi des saints ; était-ce dans eux petitesse d'esprit ? était-ce superstition ? Bourdaloue, Serm. 19e dim. après la Pent. Dom t. IV, p. 182. Une exactitude où il entrait plus de petitesse que de vertu, Massillon, Prof. relig. Serm. 2. Orgueil et petitesse ensemble, Voilà tout l'homme, ce me semble, Lamotte, Fab. I, 13. Sa Hautesse [le sultan] payera les frais du procès que sa petitesse vous a intenté, Voltaire, Lett. à Catherine, 35. Faites sentir à notre siècle toute sa petitesse et tout son ridicule ; renversez ses idoles, Voltaire, Lett. à d'Alemb. 7 mai 1761. Pratiquer la religion sans petitesse, ou la prêcher sans fanatisme, D'Alembert, Éloges, Massillon. Il [le cardinal Dubois] avait plus de vices que de défauts ; assez exempt de petitesse, il ne l'était pas de folie, Duclos, Œuv. t. VI, p. 173. Ainsi se décorait et croyait s'ennoblir la petitesse de la vengeance que l'on exerçait contre moi, Marmontel, Mém. VII.
  • 5Actions qui dénotent la bassesse du cœur ou de l'esprit. Des héros de roman fuyez les petitesses, Boileau, Art p. III. L'on exigerait de certains personnages …qu'ils ne tombassent point dans des petitesses indignes de la haute réputation qu'ils avaient acquise, La Bruyère, XI. Il ne faut point que les lois favorisent les distinctions que la vanité met entre les familles, sous prétexte qu'elles sont plus nobles ou plus anciennes ; cela doit être mis au rang des petitesses des particuliers, Montesquieu, Espr. v, 8. Les petitesses de la vie privée peuvent s'allier avec l'héroïsme de la vie publique, Voltaire, Mœurs, 175. Mon esprit se remplissait, malgré moi, de petitesses, Staël, Corinne, XIV, 1.

HISTORIQUE

XIVe s. Que le liement soupliast [que le ligament suppléât] la petitece du nerf par sa quantité, H. de Mondeville, f° 21, verso.

XVe s. Chier sire, honneur me faites grant, Qui n'avez pas ma petitesse Regardé, mais à la largesse De vostre grant beninité, Myst. Barlaam et Jos. dans GUI DE CAMBRAI, p. 388. Quelle chose pouvoit-il lors dire ni imaginer, quand matin il pouvoit bien dire : je suis un des grands princes chrestiens du monde, et la nuit ensuivant il se trouvoit en celle petitesse ? Froissart, II, II, 157.

XVIe s. Son pere, le voyant ainsi vicié, le recommanda, dès sa petitesse [enfance], au vicaire de Saint-Didier, Despériers, Contes, XLVII.

ÉTYMOLOGIE

Petit.