« quant.2 », définition dans le dictionnaire Littré

quant

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

quant [2]

(kan ; le t se lie : quant à moi, dites kan-t à moi) adv. qui est toujours suivi de à
  • 1Pour ce qui est de. Donnons ordre au présent ; et, quant à l'avenir, Suivant l'occasion nous saurons y fournir, Corneille, Sertor. II, 4. Quant à l'heureux Sylla, je n'ai rien à vous dire, Corneille, ib. III, 2. Il n'est, pour voir, que l'œil du maître ; Quant à moi, j'y mettrais encor l'œil de l'amant, La Fontaine, Fabl. IV, 21. C'est [une réfutation] ce qui m'oblige à me défier de tout ce que je viens de proposer ; l'abbé de Saint-Pierre disait qu'il ne faut jamais avoir raison ; je suis de son opinion, quant à présent, Voltaire, Dict. phil. Influence.
  • 2 S. m. Le quant-à-moi, le quant-à-soi, l'indépendance, la fierté qu'on se réserve. Il ferait trop du quant-à-moi ; Il me ferait couper ma jupe, Scarron, Virg. IV. Je suis très aise, madame, que vous approuviez mon quant-à-moi sur le sujet de M. de Guitaut ; et en effet, quand, avec le cordon bleu, il aurait encore l'ordre de la Toison et celui de la Jarretière, il n'y aurait pas de comparaison de lui à moi, Bussy-Rabutin, Lett. à Mme de Sév. du 14 oct. 1678, dans SÉV. t. V, p. 494, éd. RÉGNIER. Celui qui le premier a mis les colonies dans le cas de prendre leur quant-à-moi, est un fou, Diderot, Lett. d'un fermier.

    Tenir, garder son quant-à-soi, ou son quant-à-moi, se tenir sur son quant-à-soi, ou son quant-à-moi, tenir sa gravité et sa fierté, prendre un ton, un air qui marque de l'autorité, faire le renchéri. Et quel était le personnage Qui gardait tant son quant-à-moi ? La Fontaine, Joc. Quand nous avons quelque différent ma sœur et moi, si je fais la froide et l'indifférente, elle me recherche ; si elle se tient sur son quant-à-moi, je vas au-devant, La Fontaine, Psyché, II, p. 140. Voyez comme en silence il tient son quant-à-moi, Th. Corneille, D. Cés. d'Avalos, V, 4. Je ne vous dis pas qu'il faille être sévère, et garder son quant-à-soi avec ses enfants, Genlis, Théât, d'éduc. la Lingère, I, 7.

    Se mettre sur son quant-à-moi, sur son quant-à-soi, faire le suffisant, le hautain. Même aux plus avancés demandant le pourquoi, Il se mit sur le pied et sur le quant-à-moi, Régnier, Sat. X.

REMARQUE

Ménage dit : " M. de Vaugelas permet quant à nous, quant à vous, et condamne seulement quant à moi, à cause de se mettre sur son quant-à-moi. Je suis plus sévère : toutes ces façons de parler ont vieilli, et ne sont plus du bel usage. " L'usage a rétabli ce que l'usage avait détruit, si tant est que Vaugelas et Ménage fussent ici les véritables interprètes de l'usage.

HISTORIQUE

IXe s. In quant Deus savir et podir me dunat [donne], Serment.

XIIIe s. Mès contraignance pas n'y fait, Ne quant à soi ne quant as hommes, la Rose, 17573. Quant à ce que ja plus en sache Nus hom…, ib. 4299. Si tost comme il est pris de cele maladie [lèpre], il est mors quant au siecle, Beaumanoir, LVI, 2.

XIVe s. Et quant à present soit determiné de science en ceste maniere…, Oresme, Eth. 174. Quant est de politicques, c'est la science par quoy l'en sçait …, Oresme, ib. Prol.

XVe s. Je treuve, quant à moy, que les gens sont bien bestes, Qui ne se font plustost au vin rompre les testes, Qu'aux coups de coutelas, en cherchant du renom, Basselin, 19.

XVIe s. Quant est de vostre renson, je vous la donne entierement, Rabelais, Garg. I, 46. Quant est à moy, je suis bien d'advis que…, Amyot, Sertor. 14. Il faisoit bien le quant à moy, Contes d'Eutrapel, p. 104, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. quant, quan, cant ; espagn. cuanto ; ital. quanto ; du lat. quantum (voy. QUANT 1).