« recourir », définition dans le dictionnaire Littré

recourir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

recourir

(re-kou-rir) v. n.

Il se conjugue comme courir.

  • 1Courir de nouveau, retourner en courant. Il recourut chercher un livre qu'il avait oublié. Le coadjuteur [d'Arles] venait de partir pour venir ici ; j'ai recouru après lui, Sévigné, 18 juin 1677.
  • 2 Terme de mer. Recourir sur une manœuvre, la suivre dans l'eau avec une chaloupe, en la tenant à la main.

    Faire recourir une manœuvre signifie la pousser jusqu'où elle doit aller.

  • 3 Fig. Avoir recours à quelqu'un ou à quelque chose. Sire, permettez-moi de recourir aux armes, Corneille, Cid, IV, 5. Petits princes, videz vos débats entre vous ; De recourir aux rois vous seriez de grands fous, La Fontaine, Fabl. IV, 4. Osez-vous recourir à ces ruses grossières ? Molière, Mis. IV, 3. Que dois-je faire ? quelle résolution prendre ? à quel remède recourir ? Molière, Scapin, I, 1. L'entrée du Louvre était libre à tous ceux qui recouraient à la protection de saint Louis, Fléchier, Panég. St Louis. Mais où cherché-je ailleurs ce qu'on trouve chez nous ? Grand roi, sans recourir aux histoires antiques…, Boileau, Ép. I. Soyez compatissante envers ceux qui recourent à vous pour obtenir des grâces, Maintenon, Avis à la Duch. de Bourg.

    Terme de procédure. Recourir en cassation, se pourvoir en cassation.

  • 4 V. a. Terme de chasse. Poursuivre une seconde fois une bête, ou poursuivre une nouvelle bête. Après le premier cerf pris, le roi s'en retourna… Monseigneur courut et prit un second cerf, puis revint, et la meute du roi recourut un troisième cerf qu'elle prit encore, Dangeau, I, 65, 30 nov. 1684.

    Absolument. Tous les chasseurs y demeurèrent pour recourre le lendemain, piqués d'avoir manqué trois cerfs de suite, Dangeau, p. 190, 13 juin 1685.

  • 5 Terme de marine. Recourir les coutures d'un bâtiment, passer le ciseau à calfat sur les étoupes de tous les joints. Recourir les manœuvres, les visiter.

REMARQUE

1. Recourir, v. n. se conjugue avec l'auxiliaire avoir. Cependant on trouve aussi l'auxiliaire être, mais seulement quand il est pris sans régime : Corbinelli a été ici deux jours ; il est recouru pour voir le grand maître qui est revenu d'Alby, Sévigné, 2 sept. 1676.

2. En termes de chasse, ce verbe fait recourre à l'infinitif.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et cil recorurent encontre lui, et assemblerent mout durement, Villehardouin, XCIX. Chil [celui] à qui on demande aucune coze prestée ou aucune convenence, s'il en fet nianche [s'il nie], il ne pot pas, après le [la] niance, recourer à alleguier paiement, Beaumanoir, VII, 11.

XIVe s. Nous devons recourre aus ruilles [règles] generauls, H. de Mondeville, f° 96 verso.

XVIe s. Il n'est vol que de pigeon, quand il a petitz, pour l'obstinée sollicitude en luy par nature pousée, de recourir et secourir ses pigeonnaulx, Rabelais, Pant. IV, 3. Ce disant, Dindenaut desguainoyt son espée ; Panurge recourt vers Pantagruel à secours, Rabelais, ib. IV, 5. Le compaignon [un conjuré] se tenant pour descouvert, Il recourut à l'autel, requerant franchise, Montaigne, I, 255. Pour distinguer les loix naturelles des controuvées, il fault recourir à la generale police du monde, Montaigne, I, 258. J'ay esté contrainct de recourir comme humble suppliant à ton fouyer, Amyot, Cor. 35. J'ai couru mon flambeau sans me donner esmoy, Le baillant à quelqu'un s'il recourt après moy, Ronsard, 305.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. recorre ; catal. recorrer ; espagn. recurir ; ital. ricorrere ; du lat. recurrere, de re, et currere, courir.