« revêtu », définition dans le dictionnaire Littré

revêtu

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revêtu, ue

(re-vê-tu, tue) part. passé de revêtir
  • 1Couvert d'un vêtement. …Quand un charlatan relève son langage Et, de coquin, faisant le prince revêtu…, Régnier, Sat. V. Ils marchent, dit-il [Jésus], avec moi, revêtus de blanc, parce qu'ils en sont dignes, Bossuet, Mar.-Thér. L'âme regarde le corps auquel elle est unie ; elle le voit revêtu de mille ornements étrangers, Bossuet, la Vallière. Je l'ai trouvé [Mardochée] couvert d'une affreuse poussière, Revêtu de lambeaux, tout pâle…, Racine, Esth. II, 1. Le cardinal de Bouillon tout revêtu arriva de sa sacristie et dit la messe, Saint-Simon, 3, 56.

    Par extension. Il [Jésus-Christ] s'y met [sur la sainte table] revêtu des signes représentatifs de sa mort, Bossuet, Projet, Explic. eucharist.

    Familièrement. Un gueux revêtu, un homme de néant qui de pauvre est devenu riche et arrogant. Ah ! gueuse revêtue, Les plumets [les militaires] donc aussi vous donnent dans la vue, Th. Corneille, l'Amour à la mode, II, 6. Mais lui, qui fait ici le régent du Parnasse, N'est qu'un gueux revêtu des dépouilles d'Horace, Boileau, Sat. IX.

    On dit de même : un sot revêtu. Elle s'était déchaînée sans réserve depuis sa disgrâce contre Mlle Stewart qu'elle en accusait, et contre l'imbécillité du roi, qui, pour une idiote revêtue, la traitait avec tant d'indignité, Hamilton, Gramm. X. Nargue des vertus ! On n'en sait que faire ; Aux sots revêtus Le tout est de plaire, Béranger, Scand.

  • 2 Fig. Qui a reçu une dignité, une charge. Que fait-il cet homme revêtu de la puissance et de l'autorité de son souverain seigneur ? Bourdaloue, 2e dim. après Paq. Dominic. t. II, p. 30. Un homme revêtu des plus grandes dignités de l'État, Mme de Caylus, Souvenirs, p. 123. Tous les gouvernements du monde, une fois revêtus de la force publique, usurpent tôt ou tard l'autorité souveraine, Rousseau, Contr. soc. III, 18.
  • 3 Fig. Qui a reçu ce qu'il faut pour être valide. Les faits revêtus de leurs circonstances, Bossuet, Hist. II, 13.
  • 4 Fig. Orné, décoré, fortifié. L'ambition, l'orgueil, l'intérêt, l'avarice, Revêtus de son nom [du roi], nous donnèrent des lois, Corneille, Sonnet sur la mort de Louis XII. Certaine fille… Noble d'ailleurs, mais d'un orgueil extrême, Et d'autant plus que de quelque vertu Un tel orgueil paraissait revêtu, La Fontaine, Belph. Et si de probité tout était revêtu, Si tous les cœurs étaient francs, justes et dociles, Molière, Mis. V, 1. On sait que ce pied-plat, digne qu'on le confonde, Par de sales emplois s'est poussé dans le monde, Et que par eux son sort de splendeur revêtu Fait gronder le mérite et rougir la vertu, Molière, ib. I, 1. De ce même pinceau dont j'ai noirci les vices Et peint du nom d'auteur tant de sots revêtus, Boileau, Sat. IX. Il faut être revêtu de justice et de sainteté, Massillon, Avent, Dispos. à la comm. L'arc des puissants est brisé, et les faibles sont revêtus de force, Massillon, Car. Prospér. temp.
  • 5Garni, muni. Ces tristes dépouilles d'une illustre morte, les larmes de ceux qui la pleurent, des autels revêtus de deuil, Fléchier, Aiguillon. On referma [à la Bastille] les énormes verrous de la porte épaisse, revêtue de larges barres, Voltaire, Ingénu, 9. Une grande salle revêtue de marbre de Paros, Genlis, Veillées du château t. II, p. 28, dans POUGENS.

    Particulièrement. Muni d'un revêtement. Ces deux bastions sont bien revêtus, et de pierres de taille, Pellisson, Lett. hist. t. II, p. 311.