« réciter », définition dans le dictionnaire Littré

réciter

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réciter

(ré-si-té) v. a.
  • 1Au sens latin, faire à haute voix lecture de quelque ouvrage. Cependant, à l'entendre, il chérit la critique, Vous avez sur ses vers un pouvoir despotique ; Mais tout ce beau discours dont il vient vous flatter N'est rien qu'un piége adroit pour vous les réciter, Boileau, Art p. I. Quand je lui eus [à Louis XIV] récité mon discours, il me dit : Je vous louerais davantage, si vous ne m'aviez pas tant loué, Racine, Fragm. hist. Il [Virgile] n'avait voulu réciter à Auguste que le premier, le second, le quatrième et le sixième livres, qui sont effectivement la plus belle partie de l'Énéide, Voltaire, Ess. poés. ép. 3. Pour Corneille, il récitait ses vers comme il les faisait : tantôt ampoulé, tantôt à faire rire, Voltaire, Lett. Laharpe, 31 mars 1775.
  • 2Prononcer quelque chose que l'on sait par cœur, à haute voix, d'une manière soutenue et d'un ton qui n'est ni celui de la déclamation ni celui de la simple lecture. Par l'abus qu'en font la plupart des chrétiens en la récitant [l'oraison dominicale], elle ne peut qu'irriter le ciel et qu'attirer sur nous ses anathèmes et ses malédictions, Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 64. Il [Néron] excelle à conduire un char dans la carrière…, à réciter des chants qu'il veut qu'on idolâtre, Racine, Brit. IV, 4.

    Absolument. Je n'ai attrapé de leur manière de réciter que ce qui m'a d'abord sauté aux yeux, Molière, Impromptu, 1. Il me fait réciter : il est si complaisant ! Collin D'Harleville, Optimiste, III, 1.

    Réciter sa leçon, se dit de l'exercice scolaire qui consiste à redire à haute voix une chose apprise par cœur.

  • 3Raconter, faire un récit. Si l'espoir qu'aux bouches des hommes Nos beaux faits seront récités Est l'aiguillon par qui nous sommes Dans les hasards précipités, Malherbe, III, 1. Que direz-vous, races futures, Si quelquefois un vrai discours Vous récite les aventures De nos abominables jours ? Malherbe, II, 4. Je vous ai récité tout d'un trait cette cérémonie, je retourne à celle de l'effigie, Malherbe, Funér. de Henri IV. Phocas, alarmé du bruit qui court qu'Héraclius est vivant, récite les particularités de sa mort, pour montrer la fausseté de ce bruit, Corneille, Héracl. Examen. Je sais de ses froideurs tout ce que l'on récite, Racine, Phèdre, II, 1. Je vous récite ici des faits qui vont comme il plaît à l'instabilité des choses humaines, et non pas des aventures d'imagination qui vont comme on veut, Marivaux, Marianne, 7e part.

    On a dit, en vers, réciter une personne, pour en parler. N'égalons point cette petite Aux déesses que nous récite L'histoire des siècles passés ; Tout cela n'est qu'une chimère ; Il faut dire pour dire assez : Elle est belle comme sa mère, Malherbe, VI, 15.

  • 4Rapporter, citer. Il [Porphyre] récite l'oracle de la déesse Hécate, où elle parle de Jésus-Christ comme d'un homme illustre par sa piété, Bossuet, Hist. II, 12. Voilà le passage entier du saint prophète Isaïe, dont je n'avais récité que les premières paroles, Bossuet, Anne de Gonz.
  • 5 Terme de musique. Chanter ou exécuter un récit. Comment surtout, quand on veut donner à la passion le temps de déployer tous ses mouvements, on peut, à l'aide d'une symphonie habilement ménagée, faire exprimer à l'orchestre, par des chants pathétiques et variés, ce que l'acteur ne doit que réciter, Rousseau, Lett. sur la mus. franç.
  • 6Se réciter, v. réfl. Être récité, raconté. Rien de plus ordinaire que d'avoir les oreilles ouvertes à tous les mauvais contes qui se font et à toutes les histoires scandaleuses qui se récitent, Bourdaloue, Jugement du peuple contre J. C. II.

HISTORIQUE

XIIIe s. E mult sovent lur recitat Des granz joies k'il lur mustrat, Où tuz cil deivent parvenir…, Marie de France, Purgatoire, 209.

XIVe s. Et tans nobles faiz descripz et recitez, Bercheure, f. 1. Il ot [entend] delettablement dire les benefices qu'il a faiz, et ne ot pas delettablement reciter ceulx qu'il a receus, Oresme, Eth. 123. L'histoire trop longue seroit, Qui toute la reciteroit, Bibl. des ch. 5e série, t. V, p. 501.

XVIe s. On recite de Severus Cassius, qu'il…, Montaigne, I, 41. Les histoires anciennes ne recitent point qu'il y ait jamais eu siecle, où il [le vice du reniement de Dieu, les jurements] fust si commun à beaucoup près, Lanoue, 7.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. recitar ; du lat. recitare, de re, et citare (voy. CITER) ; le sens propre de recitare est lire sur un manuscrit à haute voix.