« servage », définition dans le dictionnaire Littré

servage

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servage

(sèr-va-j') s. m.
  • 1Modification de l'esclavage antique et de la servitude barbare qui, commençant avec la féodalité, met le serf en jouissance d'une liberté et d'une propriété qui, bien que fort restreintes, n'en sont pas moins très réelles. Le servage n'est pas la même chose que l'esclavage.
  • 2 Par extension, esclavage, servitude, en général. Craignant de son époux la honte ou le servage, Tristan, M. de Chrispe, I, 3. Donnez-moi ce breuvage, Par où j'éviterai la honte du servage, Mairet, Sophon. V, 5. Tous deux [le comte et la comtesse de Roucy] rogues et glorieux à l'excès, tous deux bas jusqu'au servage devant les ministres, Saint-Simon, 429, 210. Tu vois régner [aux États-Unis], sans trouble et sans servage, La paix, les lois, le travail et les mœurs, Béranger, Lafayette.
  • 3 Poétiquement. Amoureux servage, ou, simplement, servage, soumission entière à la femme qu'on aime. Qu'à la fin la raison essaie Quelque guérison à ma plaie, Cela se peut facilement ; Mais que d'un si digne servage Sa remontrance me dégage, Cela ne se peut nullement, Malherbe, V, 28. M'étant sauvé du plus rude servage Qui tint jamais un généreux courage, Voiture, Poésies, Œuv. t. II, p. 83. Clarice, unique objet qui me tient en servage, Corneille, Veuve, IV, 1. Si je vivais dessous votre servage Comme autrefois…, La Fontaine, Rich.

HISTORIQUE

XIIe s. Cist poples est tis poples [ton peuple] e tis heritages ; kar tul menas de Egypte hors de servage e de anguisse, Rois, 264.

XIIIe s. Que Mainfrois, par sa tyrannie, avoit occupé le regne de Puille et de Sesile, et que il avoit mis les prelas et les eglises en servage, Latini, Trésor, p. 99. Li baron de France… vous crient merci, que il vous preigne pitié de la cité de Jerusalem, qui est en servage des mescreans, Villehardouin, XVI. Bien savez que tous trois de servage [je] jetai, Berte, VII. Servages est droit de gens, par quel aucuns est, contre nature, sougiez à aucune seignorie, Liv. de jost. 54. Et qui ainsis le francist [le serf], il le pert quant à soi, car de son servage est il hors, Beaumanoir, XLV, 25. Je di que cil est foux naÿx, Qui se mest en autrui servage, Rutebeuf, 128. Li apostres nous ammoneste, Que servage et treü [tribut] rendon à chel à qui nous le devon, Du Cange, servagium.

XIVe s. Franche personne, de franc ventre, sanz rachat et sanz aucun servage, Arch. de l'Emp. 1350, jj84, p. 500.

XVe s. Pourquoi nous tiennent ils en servage [Jean Balle aux paysans anglois contre les seigneurs] ? Froissart, II, II, 106. Recepte des servaiges qui se payent au jour nostre dame de septembre ; et c'est assavoir que ceux qui sont serfs, quant ils se marient, doivent cinq sols parisis, et à leur trepas cinq sols, Du Cange, servagium. Il n'est riens plus serf ny de plus grand selvage que de jonne homme simple et debonnaire qui est en sujetion de femme veufve, Les 15 joyes de mariage, p. 177, dans LACURNE.

XVIe s. Amour me retient en servage, Marot, II, 329. Puis, mettant l'espée au poing, s'alla mesler furieusement, où il feut soubdain enveloppé et mis en pieces, se sauvant ainsi du servage, Montaigne, II, 32. La liberté est estimée d'aucuns un souverain bien, et le servage un mal extreme, Charron, Sagesse, p. 215, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Serf.