« souvenir.2 », définition dans le dictionnaire Littré

souvenir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

souvenir [2]

(sou-ve-nir) s. m.
  • 1Impression qui demeure en la mémoire. Ne croyez point, ma fille, que son souvenir [de Turenne] fût fini ici, quand votre lettre est arrivée, Sévigné, 266. Il y a des souvenirs agréables ; mais il y en a de si vifs et de si tendres, qu'on a peine à les supporter, Sévigné, 57. Et que tout ce qu'il dit, facile à retenir, De son ouvrage en vous laisse un long souvenir, Boileau, Art poét. III. En vain vous en pourriez perdre le souvenir, Racine, Mithr. IV, 4. J'espère que du moins un heureux avenir à vos faits immortels joindra mon souvenir, Racine, Iph. V, 2. Je vous prie de me maintenir dans les bons souvenirs de Mme de Faugnes, Rousseau, Lett. à de Luze, 27 nov. 1765. La solitude où je comptais nourrir les précieux souvenirs des bontés de M. le prince de Conti et des vôtres, Rousseau, Lett. à Mme de Boufflers, 18 janv. 1766. Le souvenir est l'ombre des plaisirs, Desmahis, Poés. p. 36, dans POUGENS. Le souvenir d'une langue n'est pas uniquement dans les habitudes du cerveau ; il est encore dans les habitudes des organes de l'ouïe, de la parole et de la vue, Condillac, Log. I, 9. L'esprit ne vit que de souvenirs, et rien de plus naturel que de prendre de bonne foi sa mémoire pour son imagination, Marmontel, Œuv. t. IX, p. 266. Tu connais déjà des maux qu'on ignore à ton âge, les regrets amers, les souvenirs douloureux …, Genlis, Théât. d'éduc. Veuve de Sarepta, sc. I. Et tel que ce serpent que tranche un fer barbare, Fidèle à la moitié dont l'acier le sépare, à ses vivants débris cherche encor de s'unir, Ainsi vers le passé revient le souvenir, Delille, Imag. II. Quant aux souvenirs, il n'est pas douteux que plus ils ont été répétés, plus ils nous reviennent facilement, Destutt-Tracy, Instit. Mém. Sc. mor. et pol. t. I, p. 439. On rajeunit aux souvenirs d'enfance, Comme on renaît au souffle du printemps, Béranger, Souvenirs d'enfance. Le souvenir de l'espérance est frère, P. Lebrun, Poés. t. I, p. 5.

    Le souvenir de la mort, la pensée qu'on doit mourir.

    En termes de civilité. Quand vous lui écrirez [à Mme de Vins], faites-lui des amitiés pour moi, et tâchez de faire aller un souvenir jusqu'à Pompone, Sévigné, 29 nov. 1684. Je reçois des souvenirs très aimables de M. de Lamoignon, Sévigné, 15 nov. 1684.

  • 2La faculté même de la mémoire. Je ne saurais effacer cette action de mon souvenir. Je vous assure que, quelque part que je sois, elle [une dame] est toujours dans mon cœur et dans mon souvenir, Voiture, Lett. 40. Je ferai tous vos compliments ; je suis fort assurée qu'ils seront bien reçus ; chacun se fait un honneur d'être dans votre souvenir, Sévigné, à Mme de Grignan 5 juin 1675. Parlez ; ne suis-je plus dans votre souvenir ? Racine, Brit. II, 6.
  • 3 Par extension, ce qui fait conserver la mémoire de quelque chose, de quelqu'un. Ses blessures sont pour lui de glorieux souvenirs de ses victoires. En souvenir de moi, protégez-la toujours, Delavigne, Paria, III, 1. À ton revers j'admire une reprise ; C'est encore un doux souvenir, Béranger, Mon habit.
  • 4Cadeau que l'on fait en partant, pour laisser le souvenir de soi à la personne que l'on quitte.
  • 5 Au plur. Nom donné à des espèces de mémoires où l'on raconte ce que l'on se rappelle avoir vu. J'écris des souvenirs sans ordre, sans exactitude, et sans autres prétentions que celle d'amuser mes amis, Mme de Caylus, Souvenirs, p. 5.
  • 6Tablettes où l'on écrit ce que l'on veut se rappeler. Voilà un joli souvenir. J'ai écrit cela sur mon souvenir.
  • 7Espèce de planchette divisée en sept parties disposées en crans, portant chacune sur une étiquette le nom d'un jour de la semaine, afin qu'on puisse y noter, pour chaque jour, ce qu'on aura à faire ce jour-là.

HISTORIQUE

XIIIe s. Lors vint Doulx-penser, Esperance, Et Sousvenirs qui moult s'avance, Hist. litt. de la Fr. t. XXIII, p. 730.

XVIe s. …avant qu'on te voye estre, Jerusalem, hors de mon souvenir, Marot, IV, 334. D'autre costé, du bien que je poursuis Le subvenir renforce mon martyre, Marot, VI, 263. Souvent le souvenir de la chose passée, Quand on le renouvelle, est doux à la pensée, Ronsard, 787. Le doux souvenir que j'emporte de toy, Ronsard, 791. Le souvenir d'un adieu, d'une action, d'une grace particuliere, d'une recommandation derniere, Montaigne, III, 300.

ÉTYMOLOGIE

Souvenir 1 ; wallon, sofni.