« voltiger », définition dans le dictionnaire Littré

voltiger

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

voltiger

(vol-ti-jé. Le g prend un e devant a et o : voltigeant, voltigeons) v. n.
  • 1Faire des exercices pour s'accoutumer à monter à cheval sans étriers. Luttait, sautait et voltigeait, Jouait à la paume, nageait, Scarron, Virg. VII. Les exercices athlétiques leur tenaient lieu de ce qu'est à l'égard de notre noblesse la danse, l'art de faire des armes, de voltiger, de monter à cheval, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. v, p. 53, dans POUGENS.

    Se dit aussi de l'action de sauter sur le cheval soit en place, soit au trot, soit au galop.

  • 2Faire des tours de souplesse et de force sur une voltige.
  • 3Courir à cheval çà et là. Ce général [Philopémen], voltigeant dans les intervalles de l'infanterie, encouragea ses gens en peu de paroles, mais très fortes, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VIII, p. 171, dans POUGENS. La route était pénible ; et des corps de Russes voltigeant dans ces quartiers rendaient la marche dangereuse, Voltaire, Russie, I, 17. Il [Napoléon à Moscou] se plaignit bientôt de ce qu'une guerre irritante de partisans voltigeait autour de lui, Ségur, Hist. de Nap. VIII, 10.
  • 4Par confusion de radical et comme si voltiger venait de voler, voler à petites et fréquentes reprises sans direction déterminée. Il remarque [dans les enfers] les ombres légères qui voltigent autour de lui, Fénelon, Tél. XVIII. Vous souvenez-vous d'avoir vu un merle qui voltigeait dans la chambre ? Voltaire, Princ. de Babylone, 4. Elles [les alouettes pipi] fréquentent les bruyères et les plaines, et voltigent plutôt qu'elles ne volent ; car elles ne s'élèvent jamais beaucoup, Buffon, Ois. t. IX, p. 57.

    Fig. Les B, les F voltigeaient sur son bec ; Les jeunes sœurs crurent qu'il parlait grec, Gresset, Ver-vert, IV.

  • 5 Par extension, flotter au gré des vents. Des voiles, des cheveux, des étendards qui voltigent.

    Fig. Comme les pensées noires voltigent assez dans ces bois ici, j'ai voulu être en peine de vous, Sévigné, 8 déc. 1675. Comme un éclair, la flatteuse espérance Brille à mes yeux et semble voltiger, Marmontel, Fausse mag. sc. 11.

  • 6 Fig. Être inconstant et léger. Voltiger de belle en belle. Mais l'homme, sans arrêt dans sa course insensée, Voltige incessamment de pensée en pensée, Boileau, Sat. VIII.
  • 7 Fig. Ne pas s'arrêter sur. Nous voltigeons sur d'autres livres, nous avons un peu retâté de l'Abbadie, Sévigné, 23 nov. 1689. M. Jurieu rappelle ici [à propos de la bigamie du landgrave de Hesse] tout son esprit pour excuser les réformés le mieux qu'il peut ; et lui qui ne fait que courir ou, pour mieux dire, voltiger sur les autres variations des protestants, prend un soin particulier de défendre celle-ci, Bossuet, 4° avert. 2. L'esprit ne fait que voltiger sur les matières, il n'en prend que la fleur, Boissy, Franç. à Lond. 16.

HISTORIQUE

XVIe s. Chacun doit reputer à son endroit que son estat lui est comme une station assignée de Dieu, à ce qu'il ne voltige et circuisse çà et là inconsiderement tout le cours de la vie, Calvin, Inst. 567. Voltigeant de branche en branche, Yver, p. 626. Le fils d'un gentilhomme, lequel sçauroit bien picquer et voltiger un cheval, et courir la bague, Paré, Introd. 27. Lesquelz, en chevauchant et voltigeant parmy la plaine, remuerent les monceaux de sable jusques au fond, Amyot, Crassus, 47. [Gargantua] montoyt sur un coursier… le faisoyt voultiger en l'aer…, Rabelais, I, 23. Et voir de ma maison la flame voltiger Dessur ma cheminée, et jamais n'en bouger, Ronsard, Bocage royal, 1re part. Dial. entre les muses. Le dancer, le voltiger, Montaigne, II, 64.

ÉTYMOLOGIE

Ital. volteggiare, de volta, volte.