« élire », définition dans le dictionnaire Littré

élire

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

élire

(é-li-r'), j'élis, nous élisons ; j'élisais ; j'élus ; j'élirai ; j'élirais ; élis, élisons ; que j'élise, que nous élisions ; que j'élusse ; élisant ; élu v. a.
  • 1Nommer à une dignité, à une fonction par voie de suffrages. Élire un pape, un représentant. Un chétif centenier des troupes de Mysie, Qu'un gros de mutinés élut par fantaisie, Corneille, Héracl. I, 2. Que l'on tire au billet ceux que l'on doit élire, Boileau, Lutrin, I. Ce n'était pas une chose à faire sans réflexion que de nommer des successeurs à deux hommes aussi savants, aussi célèbres que ceux-là [Clavier et Visconti] ; il y fallait regarder, élire entre les doctes, sans faire tort aux autres, les deux plus doctes, Courier, Lett. à l'Acad. des inscr.
  • 2Choisir. Quelque chemin que l'homme élise, Il est à la merci du sort, Malherbe, VI, 24. Le roi doit à son fils élire un gouverneur, Corneille, Cid, I, 1. Régnez ; après l'État j'ai droit de vous élire, Rotrou, Vencesl. V, 9. Comment Dieu qui t'avait élu, t'a-t-il oublié ? Bossuet, Hist. II, 10. Nous t'avons élu pour dire qui a raison de moi ou de ma fille, Molière, l'Avare, I, 7. Croire que le mari… que j'ai su vous élire…, Molière, Tart. II, 2. Cette âme que vous avez élue pour jouir de votre amour, Fléchier, le Tellier.
  • 3 Terme de droit. Élire domicile, assigner un lieu où la signification des actes de procédure puisse se faire et où l'on exerce ses droits de citoyen.

HISTORIQUE

XIe s. Car m'eslisez un baron de ma marche, Ch. de Rol. X.

XIIe s. Après celui [ils] eslurent dant Garin le Pohier, Sax. IV. Les noz [nôtres] [ils] vont dechassant, nes [ne les] ont cure d'eslire, Mais ainsi comme il sont, les prennent tire à tire, ib. X. Mais je nes [ne les] eslis mie pour le leur nuisement, ib. XX. Sis eglises aveit el regne senz pastur : Pur co erent asemblé cele genz à cel jur, E li prince e li conte e des baruns pluisur, Pur eslire et sortir pastur à cele honur, Th. le mart., 126. Grant partie del pueple li aveit contredit, E si unt Adonie sun fil à rei eslit, ib. 27.

XIIIe s. Ensi fu esleus li quens Baudoins de Flandres à empereour, Villehardouin, CXI. Entre ces boutons en eslui [j'en élus] Ung si très bel, qu'envers celui Nus des autres riens ne prisié [je ne prisai], la Rose, 1663. Et quant il [l'Amour] ot aperceü Que j'avoie ainsinc esleü Ce bouton qui plus me plesoit, ib. 1694. Confesse toi souvent et esli confesseur preudomme qui te sache enseigner que tu dois faire, Joinville, 300.

XIVe s. Nous voulons santé comme fin, et nous eslisons les choses par quoy nous y pouvons venir et la acquerir, Oresme, Eth. 64. Loys de Beaumont eslut par son testament sa sepulture, Du Cange, accomunicare.

XVe s. Les compagnons l'elurent à estre capitaine au lieu de son maistre, Froissart, I, I, 325. Eslire un sage party, Commines, IV, 7.

XVIe s. Le roy François feut au propre d'eslire, ou de luy aller au devant en Ytalie, ou de…, Montaigne, I, 355. Messieurs de Bordeaux m'esleurent maire de leur ville, Montaigne, IV, 148. Ce a esté bien tard que le vendre et l'achepter sont entrevenus ès elections des magistrats, et que les voix et les suffrages des eiisans se sont acheptez à prix d'argent, Amyot, Cor. 19. Il fault que le laboureur soit homme entendu, et que la semence soit choisie et eleue, Amyot, Comment il faut nourrir les enfants, 4.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, elére, trier, choisir ; provenç. elegir, eligir, eleger, eslire, eslir ; anc. espagn. esleer, esleir ; espagn. mod. elegir ; ital. eleggere ; du latin eligere, de e, et legere, prendre, cueillir (voy. LIRE).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ÉLIRE. Ajoutez :
4S'élire, v. réfl. Être élu. Nous n'avons qu'un doyen ; c'est celui qui s'élit tous les deux ans, le premier samedi après la Toussaint, Patin, Lett. t. II, p. 565.