« accroître », définition dans le dictionnaire Littré

accroître

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

accroître

(a-kroî-tr'. Se conjugue comme croître : j'accrois, j'accrus, accroissant, accru. Un dictionnaire de 1786 donne pour prononciation akrê-tr', prononciation aujourd'hui tout à fait abandonnée ; il ne parle pas d'a-kroî-tr')
  • 1 V. a. Donner de la croissance, de l'agrandissement, de l'extension. Accroître sa fortune. Cette ardeur d'accroître tous les jours son nom. Le royaume de Juda fut accru par de nouvelles conquêtes. Peut-être [ils] ne feroient qu'accroître mon malheur, Racine, Ph. V, 7. Ne cours point à ta honte, et fuis l'occasion D'accroître sa victoire et ta confusion, Corneille, Méd. V, 8. Ils ont beau vers le ciel leurs murailles accroître, Malherbe, II, 12. J'accroîtrai, s'il se peut, son rang et ses emplois, Rotrou, Bél. I, 2.
  • 2Accroître quelqu'un, lui donner plus de pouvoir, d'honneur. Ce prince avait tellement accru son ministre… Je mourrai satisfaite après cet orgueilleux Sous qui César m'abaisse à force de l'accroître, Rotrou, Bélis. II, 17.
  • 3 V. n. Devenir plus grand. Son avidité accroît avec sa richesse. Vos dangers sont accrus, Voltaire, Adél. IV, 5. Mes désirs toutefois sont accrus de moitié, Depuis que j'ai connu votre ardente amitié, Mairet, Soph. IV, 1. La beauté de l'infante était beaucoup accrue, La Fontaine, Fiancée.
  • 4 En termes de droit, revenir au profit de quelqu'un. La part des absents accroît aux présents.
  • 5S'accroître, v. réfl. Prendre de l'accroissement. Cette propriété s'est accrue entre mes mains. Rome s'accroît de la ruine d'Albe. Sa famille s'accrut d'une fille. Ton courage ne fera que s'accroître. Sa réputation s'accroissait de jour en jour. Mes ans se sont accrus, mes honneurs sont détruits, Racine, Mith. III, 5. Cet amour s'est longtemps accru dans le silence, Racine, Mithr. I, 1. Rome s'accroissait, mais faiblement, Bossuet, Hist. I, 7. Je sais qu'il [ton état] doit s'accroître, et que tes grands destins Ne se borneront point chez les peuples latins, Corneille, Hor. I, 1.

REMARQUE

Accroître, v. n. se construit avec l'auxiliaire avoir et l'auxiliaire être. Dans le premier cas on pense à l'acte d'accroissement ; dans le second, à l'état d'accroissement. Ses richesses ont accru par un heureux coup de bourse ; ses richesses sont accrues à un point incroyable.

HISTORIQUE

XIe s. Les humes le rei sont venu devant le rei David, si lui ont dit : Deus accreissed le num Salemun sur le tuen, Rois, 226. E vit Judas et si frere que li mal sunt acreü en la terre, Machab. I, 3.

XIIIe s. Quant il furent acreü de gent, si s'esbaudirent plus et chevauchierent plus seürement que devant, Villehardouin, 155. De chou [ce] que vous iestes accreü, est il biel [beau] à monseigneur, H. de Valenciennes, 16. La gent nostre seigneur va tousjours acroissant, Et li Turs orguillous forment amenuisant, Ch. d'Ant. VIII, 1350. Li peuples comencha à accroistre, et guerres et maltalent furent commencié, Beaumanoir, XLV, 31. Vous en acrestroiz [accroîtrez] votre pris, Rom. de la Poire. Se cist s'amie eüst creüe, Moult eüst sa vie accreüe, la Rose, 15970. Guillaumes, par la grace de Dieu, rois des Romains et toudis acroisans, Du Cange, augustus.

XIVe s. Donques est delettacion bonne chose, car tout bien en est acreu, Oresme, Eth. 296. Encore acroist la misere par la memoire du bon temps passé, Oresme, ib. 22.

XVe s. Naturellement la plus part des gens ont l'œil ou à s'accroistre ou à se saulver, Commines, I, 9. Il combattoit pour gens qui ne l'accreurent jamais, pour service qu'il leur fist, Commines, VIII, 9.

XVIe s. Les nuisibles herbes s'accroissans parmi, au vide qu'elles y treuvent, le suffoquent, De Serres, 113.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. acreisser ; espagn. acrecer ; ital. accrescere ; d'accrescere, de ad, à, et crescere (voy. CROÎTRE).