« appât », définition dans le dictionnaire Littré

appât

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

appât

(a-pâ ; le t ne se lie pas ; au plur. l's se lie comme dans appas) s. m.
  • 1 Terme de chasse ou de pêche. Pâture pour attirer et prendre le gibier ou le poisson. Aux appâts d'un hameçon perfide, J'amorce en badinant le poisson trop avide, Boileau, Ép. 6. Quand à quelques-uns [poissons] l'appât serait fatal, Mourir des mains d'Annette est un sort que j'envie, La Fontaine, Fabl. X, 11. Amusez les rois par des songes, Flattez-les, payez-les d'agréables mensonges, Quelque indignation dont leur cœur soit rempli, Ils goberont l'appât, vous serez leur ami, La Fontaine, ib. VIII, 19.
  • 2Ce qui attire. Quand une fois on a trouvé le moyen de prendre la multitude par l'appât de la liberté, Bossuet, Reine d'Angl. Se voir exposé aux yeux de toute l'Europe comme sur un grand théâtre, s'y voir par son éloquence dans les premiers rangs : Calvin ne s'en peut taire ; c'est pour lui un doux appât, et c'est celui qui a fait tous les hérésiarques, Bossuet, Variations, 9. [Il] Mord si bien à l'appât de cette faible ruse, Molière, l'Étour. III, 2. Ce marchand déguisé, Introduit sous l'appât d'un conte supposé, Molière, ib. IV, 7. Mais perdez cette erreur dont l'appât vous amorce, Boileau, Épît. X. Je reconnais l'appât dont ils m'avaient séduite, Racine, Baj. IV, 5. Les spectacles, les dons, invincibles appâts, Vous attiraient les cœurs du peuple et des soldats, Racine, Brit. IV, 2. Sous le vain appât d'un songe ridicule, Racine, Athal. I, 4. Je ne vois sous l'éclat dont il est revêtu Que de traîtres appâts qu'il tend à ma vertu, Rotrou, Vencesl. II, 1. Et sous l'indigne appât d'un coup d'œil affété, Corneille, Rodog. III, 3. Quelque appât que lui-même il trouve en Laodice, Corneille, Nicom. IV, 2. C'est trop semer d'appâts et c'est trop inviter Par son impunité quelque autre à l'imiter, Corneille, Cinna, II, 2. Mon cœur, d'un saint zèle enflammé, Ne goûte plus l'appât dont il était charmé, Corneille, Poly. IV, 2. J'apprenais à mes yeux à former des appâts, Régnier, Dial. Ta funeste bonté, qui fait aimer tes fers, Et qui n'est qu'un appât pour tromper l'univers, Voltaire, M. de Cés. II, 5. Examine-le bien, ce plaisir prétendu Dont l'appât tâche à te séduire, Lafare, Odes, VII, 90.

SYNONYME

APPÂT, LEURRE. L'appât est une pâture que l'on offre et qui cache un hameçon. Le leurre est un objet apparent que l'on montre, qui attire, et qui cache un piége. L'appât a de trompeuses douceurs ; le leurre a de trompeuses apparences.

HISTORIQUE

XVIe s. Bestes toujours sont prinses aux appastz, Marot, J. V, 100. En lieu d'appaist et bonne nourriture, Ils vont donnant esventée pasture à leurs troupeaux, Marot, I, 315. On leur apprenoit à se demesler des appasts de la volupté, Montaigne, I, 152.

ÉTYMOLOGIE

À et l'ancien français past (voy. PAÎTRE).