« baisser », définition dans le dictionnaire Littré

baisser

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

baisser

(bè-sé) v. a.
  • 1Mettre en bas, mettre plus bas. Baisser un mur. Baissez la jalousie. Elle baissa son voile.
  • 2Descendre d'un point élevé. Baisser le pavillon d'un vaisseau.

    Fig. Baisser pavillon devant quelqu'un, lui céder.

  • 3Incliner, pencher. Baisser la tête.

    Fig. Saint Augustin baissait la tête sous l'autorité de l'Église, Bossuet, Instr. 1. Il faut se soumettre et baisser la tête, Sévigné, 576. Il faut baisser la tête et souffrir, Sévigné, 563.

  • 4Diriger en bas ou plus bas. Tu pleures, malheureuse, et tu baisses les yeux, Voltaire, Zaïre, II, 3. La modestie fait baisser les yeux, Bossuet, Honn. 3.

    Fig. Qui ! moi, baisser les yeux devant ces faux prodiges, Voltaire, Fanat. I, 1.

    Fig. Baisser l'oreille, paraître confus d'un échec qu'on reçoit.

    Fig. Baisser la lance devant quelqu'un, lui céder.

  • 5 Terme de manége. Baisser la main à un cheval, le lancer aussi vite qu'il peut aller.
  • 6 Par extension, en parlant de la voix et du son des instruments, mettre plus bas. Baisser un instrument. Baisser la voix, parler moins haut. Baisser le ton, prendre un ton moins élevé ; et figurément, prendre des manières moins arrogantes.
  • 7 Terme d'imprimerie. Baisser la pointure, rectifier le registre lorsqu'il est imparfait.
  • 8 Terme de fauconnerie. Baisser le corps, faire maigrir le gerfaut.
  • 9 V. n. Aller en diminuant de hauteur. La rivière a baissé d'un mètre. Le vin baisse dans les tonneaux. Le soleil baisse, s'approche de l'horizon.

    Substantivement. Averti par le baisser du soleil de l'heure de la retraite, Rousseau, Prom. 5. Vers le baisser du soleil, la sœur d'Outougamiz se retira à l'entrée d'une grotte, Chateaubriand, Natch. II, 302. Plusieurs vaisseaux avaient appareillé au baisser du soleil, Chateaubriand, René, 214.

    Par extension. Le jour baisse, se dit lorsque le soleil s'enfonce sous l'horizon. Mais le jour baisse et l'air s'est épaissi, Ducis, Othello, V, 2. Rien ne manque à ces lieux qu'un cœur pour en jouir, Mais hélas ! l'heure baisse et va s'évanouir ! Lamartine, Harm. III, 2. Mon vieil ami, quand pour nous le jour baisse, Souhaitons-nous un gai bonsoir, Béranger, Bonsoir. Puis la raison, lampe qui baisse, N'a plus que des feux tremblotants, Béranger, 50 ans.

  • 10Diminuer de valeur, de prix. Cette marchandise baisse. Les actions, les rentes baissent. Le prix de l'or a baissé.
  • 11Perdre de sa puissance, de son influence. Dès ce moment Carthage commença à baisser. C'est le sort des choses humaines de baisser toujours en s'éloignant de leur source, Massillon, Bern.

    Diminuer, en parlant des forces physiques. Ce malade baisse rapidement, il s'affaiblit très vite.

    Diminuer, en parlant des facultés intellectuelles. Son esprit baisse, son cœur s'affaiblit, Bossuet, Hist. I, 6. Une longue maladie avait fait baisser l'esprit de Dioclétien, Bossuet, Hist. I, 10. Je suis bien malade : tout baisse chez moi, hormis mes tendres sentiments pour vous, Voltaire, Lettr. Damilaville, 5 avr. 1765.

    Sa vue baisse, elle devient moins bonne, il y voit moins bien.

    Fig. et familièrement. Ses actions baissent, son influence, son crédit diminuent.

  • 12 Terme de musique. Ne pas tenir exactement le ton. Une corde neuve baisse presque toujours. Ces musiciens ont chanté un trio sans accompagnement et n'ont pas baissé d'un quart de ton. Baisser d'un ton, d'un demi-ton.

    Fig. Baisser d'un ton, prendre un ton moins élevé. Eh bien baissons d'un ton, La Fontaine, Fables, II, 1.

  • 13 Terme de marine. Baisser, se dit du vent quand il passe de l'amont à l'aval.
  • 14Se baisser, v. réfl. Incliner, pencher le corps plus ou moins bas. Son ombre vers mon lit a paru se baisser, Racine, Athal. II, 5. Ils se baissent aux portes, de peur de se heurter, La Bruyère, 2.

    Familièrement. Il n'y a qu'à se baisser et en prendre, c'est une chose très facile à gagner, à faire ; ou, par antiphrase, on dirait vraiment qu'il n'y a qu'à se baisser et en prendre, la chose est beaucoup plus difficile que vous ne le supposez. Il semble à vous entendre Que vous n'ayez ici qu'à vous baisser et prendre, Regnard, Ménech. V, 6.

    Fig. C'est un homme qui ne se hausse ni ne se baisse, il ne s'émeut de rien, il est toujours égal.

  • 15Se baisser, Être baissé. À cette triste nouvelle, sa tête se baissa sur sa poitrine.

REMARQUE

Baisser, v. n. se conjugue avec l'auxiliaire avoir, s'il s'agit d'une action qu'on veut exprimer : la rivière a baissé aujourd'hui ; avec l'auxiliaire être, s'il s'agit d'un état : la rivière est bien baissée.

HISTORIQUE

XIe s. [Il] Baisse son chef, si comence à penser, Ch. de Rol. IX. Paien y bassent leur chef et leur menton, ib. CCXXXVII.

XIIe s. Li soleuz besse, si prist à anuitier Et la vesprée commence à espoissier, Bataille d'Aleschans, 985. Ele le vit, si bessa le menton, Ne put parler, ne lui dist o ne non, Romancero, p. 40.

XVe s. Si baissa son espée au roi et lui dit : chevalier, je me rends votre prisonnier, Froissart, I, I, 328. À ces paroles et demandes ne respondit point Philippe d'Artevelle ; mais passoit outre et baissoit la teste, Froissart, II, II, 152.

XVIe s. La veuë luy commencea premierement à baisser, et un peu après il la perdit du tout, Amyot, Timol. 49. Les gens de bien et d'honneur baissans les testes en furent fort desplaisans, Amyot, Marius, 52. Sur le soir l'eau commença un petit à s'escouler, et puis se baissa si fort la nuict, que…, Amyot, Lucull. 4. Ilz se jetterent la teste baissée à travers eulx, Amyot, Crassus, 54.

ÉTYMOLOGIE

Bas, adjectif ; wallon, bahi ; namurois, bachi ; bourguig. boissé ; picard, se bacher ; provenç. baissar ; espagn. baxar ; ital. bassare.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BAISSER.
9 V. n. Ajoutez : Baisser, descendre une rivière. Nous prîmes une cabane, et baissâmes jusqu'à Orléans, Scarron, Roman com. cité dans JAL.

HISTORIQUE

XVIe s. Ajoutez : Il n'y avoit lieu où un chalan peust monter ne baisser [descendre un cours d'eau] ; monseigneur le Dauphin qui baissoit par eau…, Mantellier, Glossaire, Paris, 1869, p. 10.