« bienséance », définition dans le dictionnaire Littré

bienséance

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bienséance

(biin-sé-an-s') s. f.
  • 1Ce qui sied bien. On peut rire des erreurs sans blesser la bienséance, Pascal, Prov. 11. Nous sommes prêts d'offenser la bienséance, Sévigné, 141. Il n'y a rien qui choque tant la bienséance que ces sortes de conduites, Sévigné, 8. Il était de la bienséance qu'il liât société avec ses semblables, Bossuet, Serm. Sept. Les belles choses le sont moins hors de leur place ; les bienséances mettent la perfection, et la raison met les bienséances, La Bruyère, 14. Ulysse préférait l'intérêt commun de la Grèce et la victoire à toutes les raisons d'amitié et de bienséance particulière, Fénelon, Tél. X. Un homme qui remplisse toutes les bienséances, Fénelon, Tél. XXII. Il y a des règles de bienséance et d'honneur qui doivent être gardées inviolablement, même à l'égard des ennemis, Rollin, Hist. anc. XVI, 8. Vous regarderez son ministère comme une bienséance de maladie, Massillon, Impén. Vous êtes d'un sexe et d'un rang qui vous met dans les bienséances du monde, Massillon, Élus. Joug qu'on ne porte plus que par bienséance, Massillon, Tiéd. 2. Pour remplir les bienséances de leur rang, Massillon, Pass. La charité n'est pas une simple bienséance, Massillon, Pardon. Un prince qui a conservé la bienséance des mœurs publiques, Massillon, Pet. Car. Incarn. Ses amis, ses proches, ses esclaves même le fuient [un mourant], s'écartent, se retirent, n'osent l'approcher qu'avec précaution, et ne lui rendent plus que des offices de bienséance et de contrainte, Massillon, Mort du pécheur. Et même à notre sexe il est de bienséance De ne pas trop vous en presser, Corneille, Agésilas, I, 2. Que, sensible aux goûts des plaisirs, Éloigné de l'intempérance, je forme encor quelques désirs, Sans offenser la bienséance, Chaulieu, Ode à M. le duc.
  • 2 Terme de littérature. Ce qui convient. Les bienséances oratoires. … La scène demande une exacte raison ; L'étroite bienséance y veut être gardée, Boileau, Art p. II. Il semble que la bienséance y soit un peu forcée, Corneille, Ex. de Poly. Le Tasse ne garde pas aussi exactement que Virgile les bienséances des mœurs, mais il ne s'égare pas comme l'Arioste, Bouhours, Nouv. rem.
  • 3Être à la bienséance de quelqu'un, en parlant de choses, lui convenir. Prends donc en récompense Tout ce qui peut chez nous être à ta bienséance, La Fontaine, Fabl. IX, 15. Ce beau morceau qui était si fort à votre bienséance, Sévigné, 592. Les nobles et les patriciens s'approprièrent sous différents prétextes la meilleure partie de ces terres conquises qui étaient dans leur voisinage et à leur bienséance, Vertot, Rév. rom. liv. I, p. 66. La Marche Trevisane, le Frioul étaient à la bienséance de l'empereur, Voltaire, Mœurs, 113.

    Par droit de bienséance, sans avoir d'autre droit que celui de sa propre convenance.

REMARQUE

Molière a dit en au lieu de à : Cette maison meublée est en ma bienséance, l'Étourd. V, 2. Cette tournure est hors d'usage.

HISTORIQUE

XVIe s. La grace et bienseance des vestements, Montaigne, I, 119. Je veulx que la bienseance exterieure, et l'entregent, et la disposition de la personne, se façonne quand et quand l'ame, Montaigne, I, 182. Henri VIII sur cette bien-seance [conjoncture favorable] traita amitie avec lui [Charles Quint], D'Aubigné, Hist. I, 16. Le conseil debattit longtemps si le roi devoit garder la bienseance à Meaux ou se sauver dans Paris, D'Aubigné, ib. I, 210.

ÉTYMOLOGIE

Bienséant.