« bienfait », définition dans le dictionnaire Littré

bienfait

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bienfait

(biin-fè ; le t se lie : un bienfait espéré, dites : un biin-fè-t espéré ; au pluriel, l's selie : les bienfaits espérés, dites : les biin-fè-z espérés ; bienfaits rime avec bleuets, jamais, succès, faix) s. m.
  • 1Bien qu'on fait à quelqu'un. On sent qu'à leur place [des grands] on serait trop heureux de répandre la joie et l'allégresse dans les cœurs en y répandant des bienfaits, Massillon, Humanité des Grands. Car enfin, quoique j'estime vos bienfaits, j'aime encore mieux vos caresses ; et si l'on ne pouvait être de vos commis et de vos amis à la fois, je pense que vous me faites l'honneur de croire que je ne délibérerais guère sur ce choix, Voiture, Lett. 175. On ôte du mérite au bienfait qu'on retarde, Rotrou, Bélis. II, 10. Les bienfaits ne font pas toujours ce que tu penses, D'une main criminelle ils tiennent lieu d'offenses, Corneille, Cinna, I, 2. Un bienfait reproché tint toujours lieu d'offense, Racine, Iphig. IV, 6. Les bienfaits dans un cœur balancent-ils l'amour ? Racine, Baj. III, 7. Et ne suffit-il pas, seigneur, à vos souhaits Que le bonheur public soit un de vos bienfaits ? Racine, Brit. IV, 3. Les bienfaits peuvent tout sur une âme bien née, Voltaire, Tancr. II, 6.
  • 2 Par extension, bien, utilité. Les bienfaits de la science. Considérez que Rome en reçoit du bienfait [de la trahison qui livre Carthage] ; Approuvez une cause en louant son effet, Mairet, M. d'Asdrubal, III, 2. Un mari, une femme, un père, un fils ne sont liés entre eux que par l'amour qu'ils se portent ou par les bienfaits qu'ils se procurent, Montesquieu, Lett. pers. 104.

PROVERBES

Un bienfait n'est jamais perdu, c'est-à-dire une bonne action a toujours sa récompense.

Les injures s'écrivent sur l'airain et les bienfaits sur le sable, c'est-à-dire on garde un long souvenir des injures, tandis qu'on oublie facilement les bienfaits.

SYNONYME

BIENFAIT, SERVICE, BON OFFICE. Le bienfait est un acte par lequel on fait du bien à quelqu'un ; le service, un acte par lequel on le sert ; le bon office, un acte par lequel on lui vient en aide en quelque chose. Bienfait, étymologiquement, pourrait être le terme général : mais il a pris par l'usage un sens particulier qui exprime que le bienfaiteur a une supériorité de fortune, un surplus dont il fait volontairement emploi en faveur d'une autre personne. Celui qui sauve un homme qui se noie, est non pas son bienfaiteur, mais son sauveur ; et celui qui distribue une part de sa fortune est un bienfaiteur. C'est pour cette raison de supériorité de richesse qu'on dit les bienfaits du prince. Le service est imposé par le zèle, par l'amitié ; et il ne suppose que le désir d'obliger ; du reste tout peut être égal entre celui qui sert et celui que l'on sert. Le bon office est l'emploi de notre crédit, de notre médiation, de notre entremise ; le service, comme on voit, est plus général que le bon office. Donner de l'argent est un bienfait ; prêter de l'argent est un service ; faire des démarches, parler pour une affaire, est un bon office.

HISTORIQUE

XIIe s. Tous li clergés et li home d'aage, Qui en aumosne et en bienfais [bonnes actions] mainront [demeureront], Quesnes, Romancero, p. 94.

XIIIe s. Pechié porte sa paine, et bienfait sa merite ; De ces deux choses sunt homme et fame à eslite, J. de Meung, Test. 209.

XIVe s. Albert respont et dit bien que adultere ne peut estre bienfait ; mais pour le bien que la femme fist en ce qu'elle delivra le pays d'un tyrant, pour ce le mal adultere lui doit estre pardoné, Oresme, Eth. 47. Bienfais n'est point perdus à chelui qui s'entent. Baud. de Seb. XII, 770.

XVe s. Et plusieurs autres barons et chevaliers pleins d'honneur et de prouesse, desquels je ne puis mie de tous parler, ni leurs bienfaits [hauts faits] ramentevoir, Froissart, I, I, 122.

XVe s. Mais d'une chose me resconforte : oncques bienfait ne fut perdu, Jeh. de Saintré, ch. 58. Bien faict ne se doibt oublier, Villon, Gd. Test.

XVIe s. Et en rememorant ainsi ses bien-faits, son ame en devenoit plus tranquille, Lanoue, 150. Qui en voudra sçavoir le bon usage, lise Seneque au traité des bien-faits, Lanoue, 177. Et affirmoit qu'il aimoit mieulx estre privé de la recompense d'un bienfaict, que non puny d'un mesfaict, Amyot, Caton, 17. Il n'avoit bien qu'il ne leur donnast, pour avoir part en leurs bienfaits [bonnes œuvres], jeunes et disciplines, Marguerite de Navarre, Nouv. XXX.

ÉTYMOLOGIE

Bienfaire ; provenç. benfac, benifag, befat ; anc. catal. benfet ; anc. espagn. bienfecho ; portug. bemfeito ; ital. benefatto. Dans l'ancienne langue, bienfait avait le sens général de bonne action.