« blanchir », définition dans le dictionnaire Littré

blanchir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

blanchir

(blan-chir) v. a.
  • 1Rendre blanc. Blanchir les dents. Le soufre blanchit la laine. Les frimas ne blanchissent plus les prairies. L'âge a blanchi ses cheveux. Les étoiles qui composent la voie lactée et qui, par leur extraordinaire élévation, ne peuvent percer jusqu'à nos yeux pour être vues chacune en particulier, ne font au plus que blanchir cette route des cieux où elles sont placées, La Bruyère, 16. Et du temple déjà l'aube blanchit le faîte, Racine, Athal, I, 1. Ce globe qui des nuits blanchit le sombre voile, Voltaire, 6e Discours. Quand les neiges viennent blanchir les Alpes et le mont Jura, Voltaire, Lettr. Mme du Deffant, 25 janv. 1775. À peine la lumière blanchissait le fond du vallon, Bernardin de Saint-Pierre, l'Arcadie, livre II.
  • 2Couvrir d'une poudre blanche, d'un enduit blanc. Elle s'est blanchi le visage. Les femmes emploient la céruse pour se blanchir le teint.

    Fig. On a beau blanchir le sépulcre plein de pourriture et d'infection, Massillon, Lazare.

  • 3Nettoyer, laver. Blanchir quelqu'un, c'est-à-dire blanchir son linge.

    Absolument. Cette femme blanchit bien, elle fait bien les blanchissages.

  • 4 Fig. Disculper. Il est selon mon cœur de hasarder une opinion qui tende à blanchir un personnage illustre, Diderot, Essai sur Claude.
  • 5 Terme de menuisier. Blanchir une planche, enlever la superficie qui est ordinairement sale et plus foncée.

    En termes de cuisine, donner une première cuisson dans l'eau bouillante. Blanchir de la viande, des fruits.

    Terme de jardinage. Blanchir du céleri, de la chicorée, en faire blanchir les feuilles vertes en les liant les unes contre les autres.

  • 6Administrer une cure palliative qui ne fait que masquer les symptômes, par exemple, de la syphilis chez l'homme, de la morve chronique chez le cheval. Il n'a pas suivi le traitement assez longtemps, il n'a été que blanchi.
  • 7Donner de l'éclat. Les orfévres blanchissent leurs ouvrages.

    Nettoyer, fourbir. Il avait donné son argenterie à blanchir. Sitôt que nous nous mîmes à table, il alla emprunter trois cuillers de bois, et nous dit qu'il avait donné les siennes d'argent à blanchir, Regnard, Voy. de Pologne, t. IV, p. 418, Paris, Mame, 1810.

    Étamer le plomb au feu ou le couvrir de feuilles d'étain.

    Limer avec une grosse lime le fer sorti de la forge.

    Blanchir la fonte, la décarburer dans l'affinage.

  • 8 Terme d'administration forestière. Blanchir un arbre, en enlever une portion d'écorce pour y mettre l'empreinte du marteau.
  • 9 Terme de typographie. Augmenter le nombre des interlignes.
  • 10 V. n. Devenir blanc. Cette toile blanchira. Voyez tout l'Hellespont blanchissant sous nos rames, Racine, Iphig. I, 5. [La montagne] Montrait son front pointu de neiges blanchissant, Régnier, Ép. I. L'eau blanchit sous la rame et le vaisseau fend l'onde, Delille, Én. V, 1052. … à peine au loin la voile… Blanchit en ramenant le paisible pêcheur, Lamartine, Méd. II, 2.
  • 11Devenir blanc, en parlant des cheveux, de la barbe. Vos cheveux ont un peu blanchi, Fénelon, Tél. IX. Bonne maman, consolez-vous ; Vous ne blanchissez pas encore, Béranger, B. maman. Chaque âge a ses humeurs, son goût et ses plaisirs, Et comme notre poil, blanchissent nos désirs, Régnier, Sat. V.

    Fig. Passer un long temps dans un emploi, dans une occupation. Blanchir dans le service, sur les livres, sous le harnais. Malgré tout cela je ne décide pas ; je le laisse à ceux qui ont blanchi sur ces importantes questions, Vauvenargues, Espr. hum. 37, Amour. Ces pères des Romains, vengeurs de l'équité, Ont blanchi dans la pourpre et dans la pauvreté, Voltaire, Brut. I, 2.

  • 12Ne pas réussir. Les douceurs ne feront que blanchir contre moi, Molière, Dép. am. V, 9. Voilà des raisons qui ne valent rien ; tout cela ne fait que blanchir, Molière, Crit. de l'Éc. des f. 7. La rhétorique de l'un ne fit que blanchir auprès du beau sexe, Hamilton, Gramm. 9. Mais tout cela [ces avances] ne faisait que blanchir, La Fontaine, Faucon. Jamais rien n'a pu le fléchir : Vers, prose, soins et complaisance, Discrétion, persévérance, Tout cela n'a fait que blanchir, Pavillon, p. 13.
  • 13Se blanchir, v. réfl. Se salir avec quelque chose de blanc. Il s'est blanchi contre la muraille.
  • 14 Fig. Se disculper. Il n'a pas eu de peine à se blanchir.

    PROVERBE

    Tête de fou ne blanchit jamais, c'est-à-dire ceux qui sont par caractère exempts de préoccupations, ont rarement les cheveux blancs.

HISTORIQUE

XVe s. Qu'on ne dise mie que je le blanchisse trop, pour faveur ou pour amour que aie à lui, Froissart, II, III, 61.

XVIe s. Tu verras tost par force de ramer Autour de toi blanchir toute la mer, Du Bellay, J. IV, 22, verso. Ell' prit son tein de beaux liz blanchissans, Du Bellay, J. II, 8, recto. Les lievres que la neige blanchit aux montagnes, Montaigne, I, 102. J'ay honte que desjà les douleurs inhumaines Me blanchissent le poil sans le congé du temps, La Boétie, 520. Le lendemain sera lavée la face avec eau rose, blanchie avec du son, Paré, XXV, 45. Ce poulcier, en blanchissant l'air, troubloit la veuë, Amyot, Eum. 34. Toute la bravoure de Bertrand ne fesoit que blanchir contre eux, M. s. du G. ch. 12. Blanchir paroy noire, Proverbe dans GÉNIN, Récréations, t. II, p. 235.

ÉTYMOLOGIE

Blanc ; picard, blankir ; provenç. blanchir ; anc. cat. blanquir.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BLANCHIR. - HIST. Ajoutez :

XIIe s. Dunc il veïst le sanc el blanc cervel rogir, Le cervel ensement el vermeil sanc blanchir, St Thomas mart. p. 196, édit. HIPPEAU.