« bourse », définition dans le dictionnaire Littré

bourse

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bourse

(bour-s') s. f.
  • 1Petit sac dans lequel on met son argent de poche. Une bourse pleine d'or. On lui a volé sa bourse.

    Sa bourse est bien plate, il n'a guère d'argent.

    Demander la bourse ou la vie, se dit d'un voleur qui menace de tuer si on ne lui livre pas la bourse.

    Fig. Se laisser couper la bourse, donner son argent trop facilement.

    Coupeur de bourse, voleur, ainsi dit, parce qu'autrefois les bourses étaient attachées avec des cordons que les voleurs coupaient.

  • 2Toute espèce de petit sac comparé à une bourse. Bourse à jetons. Bourse de jetons. Bourse de quêteuse, petit sac dans lequel une dame qui quête reçoit l'argent qu'on lui donne.

    Sac de cuir que l'on met de chaque côté de la selle. On dit aujourd'hui sacoche.

  • 3 Fig. Argent. Disposez de ma bourse. Il y pourvut de sa bourse. M. le Tellier a ouvert sa bourse à Bagnols, Sévigné, 235. La bourse de César fit plus que sa harangue, Corneille, Pompée, I, 1. Les rois ne pouvant fouiller dans la bourse de leurs sujets mettaient à la torture les Juifs, Montesquieu, Esp. XXI, 20.

    Toutes les bourses lui sont fermées, il n'a plus personne à qui recourir.

    Avoir la bourse, tenir la bourse, les cordons de la bourse, avoir le maniement de l'argent.

    Familièrement. Faire une affaire sans bourse délier, sans rien dépenser. Le domaine, ayant fait mettre en prison les pères de famille, avait acheté leurs meilleures possessions sans bourse délier, Voltaire, L'Hom. aux 40 écus, audience.

    Ne pas laisser voir le fond de sa bourse, ne pas montrer l'état de ses affaires.

    Familièrement. Faire bon marché de sa bourse, se vanter qu'on a payé une chose moins qu'elle n'a coûté réellement.

    Donner la bourse à garder au larron, remettre une chose à celui qui méritait le moins la confiance. Dans le même sens : au plus larron la bourse.

    Loger le diable dans sa bourse, n'avoir point d'argent. Un homme n'ayant plus ni crédit ni ressource Et logeant le diable en sa bourse, C'est-à-dire n'y logeant rien, La Fontaine, Fabl. IX, 16.

  • 4Masse de deniers que les membres d'un même corps mettent en commun, pour subvenir aux charges de la société.

    Faire bourse commune, n'avoir ou ne faire qu'une bourse, faire toutes les dépenses en commun. Les disciples de Pythagore ne faisaient qu'une même bourse, Fénelon, Pythag.

    Société, entre plusieurs personnes de même profession, pour partager également les profits et les pertes.

    Masse de deniers formée par ceux qui tiraient à la milice, pour fournir un remplaçant à celui que le sort désignait.

  • 5Pension gratuite accordée à un élève. Une bourse entière, remise de la totalité des frais de la pension ; une demi-bourse, remise de la moitié ; un quart de bourse, remise du quart ; trois quarts de bourse, remise des trois quarts. Des places gratuites qu'on appelle en France des bourses, Rousseau, Pol. IV.
  • 6Somme évaluée dans le levant à 500 piastres, ou 1781 fr. 28 c. de notre monnaie. Ce cinquième sera pris dans les bourses que Mustapha sera obligé de vous payer, Voltaire, Lett. à Cather. 114.
  • 7Dans les villes de commerce, bourse de commerce ou, simplement, bourse, lieu où s'assemblent les personnes qui se livrent au commerce ; lieu de réunion pour les négociants, agents de change, courtiers ; et le temps que dure cette réunion ; marché public où se négocient les effets publics, lettres de change, actions. Aller à la bourse. Affaires, bruits de bourse. Arrêt du Conseil portant établissement d'une bourse dans la ville de Paris, pour les négociations des lettres de change, billets au porteur et à ordre, et autres papiers commerçables, Arrêt du 24 sept. 1724. D'un côté [à Alexandrie] la bourse et l'allée du change, de l'autre la société royale et le muséum, Voltaire, Phil. V, 354.

    Le cours de la bourse, le cours des effets publics. Qu'a fait la bourse ? la bourse a monté, a baissé.

    Les spéculateurs. Il a pris l'esprit de la bourse.

    Bourse des marchands ou bourse commune, bourse et convention des marchands, juridiction qui connaissait des affaires entre commerçants pour fait de commerce.

  • 8Petit sac de taffetas noir où les hommes renfermaient autrefois leurs cheveux rassemblés en forme de queue.
  • 9Petit sac où l'on met une montre. Un chaudron ébréché, la bourse d'une montre, Régnier, Sat. X.
  • 10 Terme d'église. Double carton dans lequel on met les corporaux qui servent à la messe.
  • 11 Terme de chasse. Poche placée à l'entrée d'un terrier pour prendre des lapins qu'on chasse au furet.
  • 12 Terme de jardinage. Point de la lambourde où sont attachés les fleurs et les fruits du poirier et du pommier ; petit corps charnu, tendre, tronqué, ayant plusieurs yeux à sa circonférence.
  • 13 Terme de botanique. Membrane qui enveloppe les champignons.

    Bourse, bourse-à-pasteur, noms vulgaires de la capselle bourse de pasteur (capsella bursa pastoris, L.), appelée aussi bourse de berger et tabouret.

  • 14 Terme d'anatomie. Bourses muqueuses, petits sacs membraneux qui sont de la nature des membranes séreuses ou des synoviales, et qui servent à faciliter les mouvements de certaines parties.

    Bourses synoviales, petites ampoules contenant de la synovie, placées sur le trajet de certains tendons pour en faciliter les mouvements.

    S. f. plur. Les bourses, la peau qui enveloppe les testicules.

  • 15 Terme de fauconnerie. La gorge de l'oiseau.

HISTORIQUE

XIIe s. [Je] Copoie borses et gueilles bien fermées, li Charois de Nymes, 1222. Maiz quant chascun meigne [moine] fet borse, Li comuns bien tant en reborse, Roman de Rou, 10679.

XIIIe s. Avarice en sa main tenoit Une borse qu'el reponnoit, Et la nooit si durement, Que demorast moult longuement Ainçois qu'el en peüst riens traire, la Rose, 227. Et porce que li heritages li descendi du lignage, il le requeroit à avoir par le [la] borse, comme plus prochains, Beaumanoir, XLIV, 2. Se execuiteres vendoit heritage par le [la] vertu du testament, li parent du mort le poent rescorre par le [la] bourse, comme se cil l'eust vendu qui fist le testament, Beaumanoir, XII, 38.

XIVe s. Une bourse à pelles [perles] broudée, De Laborde, Émaux, p. 171. Pour une bourse de cerf à mectre les clefs de l'ostel de Neelle, De Laborde, ib. Pour broder, faire et estoffer la bourse au scel du secret du roy, De Laborde, ib. Et on voit qu'uns larrons qui se met à l'embler, Il n'aconte noient [ne se fait pas scrupule] d'une bourse à couper, Baud. de Seb. VI, 263.

XVe s. Ils estoient si bien d'accord, que tous metoient la main à la bourse, quand il besognoit, Froissart, II, II, 121. Priez, galans joyeulx en compaignie, Qui despendre desirez à largesse ; Guerre vous tient la bourse degarnie, Orléans, Ball. 117. Le dict de Pavilly, qui tendoit fort au profict de sa bourse, Juvénal Des Ursins, Charles VI, 1413.

XVIe s. La bourse des genitoires [le scrotum], Montaigne, I, 111. Une bourse d'escus, Montaigne, I, 115. Ils luy offrirent de souldoyer, chascun sur sa bourse, un homme d'armes, Montaigne, III, 175. Venir entre la bourse et les deniers [entre l'achat et le versement du prix], Loysel, 431. En une hostie [victime] qui fut immolée, il se trouva deux bourses du fiel enveloppées d'une seule taye, Amyot, Arat. 53. C'est un but où tirent les couppebourses, les larrons domestiques, et les calumniateurs, Amyot, Comment nourrir les enfants, 13. Amy, je n'ai point d'argent en ma bourse, Amyot, De la mauv. honte, 13. La bource des testicules, Paré, XX bis, 24. Bource-à-pasteur est herbe peu delicate, car sans nul soin elle s'engeance partout, jusques sur les murailles, De Serres, 611. Rets, panneaux, toiles, bources, cordages, espieux, De Serres, 993. Ouvre ta bourse, j'ouvrirai ma bouche, Génin, Recréat. t. II, p. 246. Trop tost d'edifier se haste qui faict palais à bourse plate, Génin, ib. p. 251. À bourse de joueurs, de plaideurs et de gourmands, ils ne faut point de ferrements, Leroux de Lincy, t. II, p. 120. Assez trouverez amis de bouche, mais bien peu sont amis de bource, Leroux de Lincy, ib. p. 242. Petit gain emplit la bourse. - Qui n'a argent en bourse ait du moins du miel en bouche. - Selon ta bourse gouverne ta bouche, Cotgrave La principale cause de quoi provient de ce qu'il n'y a pas de lieu qu'on appelle change, estrade ou bourse, où les marchands, facteurs ou trafiqueurs puissent convenir, pour respondre et rendre raison les uns aux autres de leurs trafics et faire leurs entreprises…, Édit de juillet 1549.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. et Berry, borse ; provenç. borsa ; espagn. bolsa ; ital. borsa ; du latin byrsa, du grec βύρσα, bourse.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BOURSE. Ajoutez : - REM. Le nom de bourse ne lui est pas venu [à l'édifice ainsi appelé], comme on pourrait le croire, de la nature des affaires qui s'y traitent, mais de ce que ces réunions de marchands, dont on attribue l'invention aux habitants de Bruges, eurent lieu d'abord dans cette ville devant la maison d'une famille dont le nom était Van der Bourse, Boutard, Dict. des arts du dessin, Bourse.