« branler », définition dans le dictionnaire Littré

branler

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

branler

(bran-lé) v. a.
  • 1Mouvoir d'avant en arrière, faire aller deçà et delà. Branlant le dard dont il le voulait percer, Fénelon, Tél. XVI. Cette tête que je branle n'est point assoupie, Descartes, Méd. I.

    Fig. Tant que je branle le menton, tant que je mange, c'est-à-dire tant que je vis. Oh ! tu seras ainsi tenu pour un poltron. - Soit, pourvu que toujours je branle le menton, Molière, Dép. amour. V, 1.

    Branler la tête, hésiter, ne pas accéder. Je branlais la tête à chaque somme, Hamilton, Gramm. 3.

  • 2 V. n. S'incliner de côté et d'autre. … Nos destinées, Des Alpes et des Pyrénées Les sommets auront fait branler, Malherbe, VI, 8. Il y avait une fois une reine si vieille, si vieille que sa tête branlait comme les feuilles que le vent remue, Fénelon, XIX, 3. Ma dent branle, Sévigné, 378. Dents… Qui, durant qu'il fait vent, branlent sans qu'on les touche, Régnier, Sat. X. Faites que tout le ciel branle à votre cadence, Régnier, Sat. IX.

    Fig. Rien n'est juste de soi ; tout branle avec le temps, Pascal, Vrai bien, 4. Quelque terme où nous puissions nous attacher et nous affermir, il branle et nous quitte, Pascal, dans COUSIN. Les hommes qui ne branlent presque que par des secousses, Pascal, Imag. 1.

    Branler dans le manche, ou au manche, se dit d'un instrument qui n'est pas solidement emmanché ; et figurément, être menacé dans sa position, dans sa fortune, etc.

  • 3Se remuer, se mouvoir. Ne branlez pas de là. On leur a dit qu'il ne faut pas branler, ni aller et venir, Sévigné, 551. Je pense qu'elle s'attendait que je dusse lui céder ma place ; je lui devais une incivilité de l'autre jour, je la lui payai comptant, et ne branlai pas, Sévigné, 27. La Bretesche avait défenses expresses de branler, quelque combat qu'il entendît, Saint-Simon, 47, 50.

    Fig. Ces écoliers n'osent branler devant le maître. Il y allait de la vie à branler tant soit peu sous le commandement du général, Bossuet, Hist. III, 6.

  • 4Menacer de se révolter. On viendra dire qu'une province s'est révoltée et qu'une autre branle, Guez de Balzac, Avis écrit. Toutes les provinces qui branlent déjà, ne se déclareront-elles pas ? Retz, II, 300.

    PROVERBE

    Tout ce qui branle ne tombe pas, se dit pour exprimer qu'une chose qui n'est pas solide peut durer, qu'une personne qui est maladive peut vivre longtemps.

HISTORIQUE

XIe s. Quant l'oït Guenes, l'espée [il] en a branlie, Ch. de Rol. XXXVI. De son espieu la hanste [il] en a branlée, ib. CCXL.

XIIe s. Lors [il] commença son tinel [massue] à branler, Bat. d'Aleschans, 5119. Tant espié fort branler et paumoier, Ronc. p. 58.

XIIIe s. Roonel mot ne respondi ; Qar il ne pot, que trop l'estraint Li laz, et dant Renart l'empaint Par les piez et le fet branler, Ren. 24757. Tant par est la bataille fors, Lombart commencent à branler ; Car il ne porent mais souffrir, Guill. de Palerme. Tuit li crestien en branlerent, Hist occid. des croisades, t. II, p. 312.

XIVe s. Quant le Breton les vit, le cheval va brochant, L'escu mist en chantel, la lance va branlant, Guesclin. 15828.

XVe s. Et se tenoient cils à cheval pour reconforter les batailles qui branleroient, Froissart, I, I, 92. Marne l'ensaint ; les haulz bois profitables Du noble parc puet l'en veoir branler, Deschamps, Le bois de Vincennes. Et branloient toutes nos enseignes comme gens quasi desconfitz, Commines, II, 2.

XVIe s. Louis Sforce, sous qui avoit si longtemps branslé toute l'Italie, on l'a veu mourir prisonnier à Loches ! Montaigne, I, 66. Nostre ame ne branle qu'à credit, serve et captive soubs l'auctorité d'aultruy, Montaigne, I, 161. La profession des pyrrhoniens est de bransler, doubter et enquerir, Montaigne, II, 230. Le soleil bransle, sans sejour, sa course ordinaire, Montaigne, II, 261. Le ciel et les estoiles ont branslé 3000 ans ; tout le monde l'avoit ainsi creu, Montaigne, II, 329. Tout ce qui branle ne tumbe pas, Montaigne, IV, 86. Je ne veulx pas que vous le poussiez, ny le bransliez ; mais seulement ne le soubstenez plus, Montaigne, IV, 353. Ayant quelque temps branlé [dansé] à la lourdesque, Yver, p. 573. L'armée n'estoit point encore tournée en fuitte à val de roupte, mais bransloit desjà et estoit en grand desarroy, Amyot, Pélop. 60. Les eschelles branloient et plioient sous le faix, Amyot, Aratus, 9. Le peuple, voyant Le gouverneur armé à l'Etape et au Martroy, branloit pour la pluspart à se jetter de son costé : mais…, D'Aubigné, Hist I, 134. Il jugeoit à leur mouvement, s'ils branloient ou marchoient resolus, D'Aubigné, III, 285. Les dents branlent par la relaxation des gencives, Paré, XV, 27.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. brannai ; forme dérivée de brandir (comme brandiller), par l'intermédiaire d'un brandeler, contracté en branler. On trouve en effet brandeler : Targes, banieres, penonceaux, Selonc ce que les nés [vaisseaux] brandelent, En mil parties i fretelent, Guiart, t. II, p. 359. ; et même brander : Tute la terre brande, pensez del espleitier, J. Fantosme, Chron. 958.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BRANLER. - HIST.

XVIe s. Ajoutez : Tous chalans sont tenus de bransler [suspendre la marche], arriver, venir à la chambre de ladite recepte, Mantellier, Glossaire, Paris, 1869, p. 14.