« comparaison », définition dans le dictionnaire Littré

comparaison

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

comparaison

(kon-pa-rê-zon) s. f.
  • 1Action de comparer. Il n'y a rien que l'esprit humain fasse si souvent que des comparaisons. Et par la comparaison que je fais de leur sort au mien, ils me font jouir d'un bonheur négatif, Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virg. p. 178. Et laissez votre sang hors de comparaison, Corneille, Hor. III, 4. Une tendresse qui ne peut recevoir de comparaison, Sévigné, 139. Vos empressements qui ne souffrent point de comparaison, Sévigné, 614. Il s'agit de faire comparaison de l'un et de l'autre, Bourdaloue, Avent, Resp. hum. 367. Ce remède se peut mettre en comparaison avec la poudre du bonhomme, Sévigné, 338. Il n'y a pas de comparaison [entre l'un et l'autre], lui dis-je, Pascal, Prov. 9. Ai-je peu de raison Quand de mes yeux aux siens je fais comparaison ? Corneille, Tite et Bérén. II, 7. Laissons là vos comparaisons fades, Molière, Mis. I, I. [La violette que] le soc a touchée De ma peau séchée Est la comparaison, Malherbe, V, 22.

    Faire comparaison, entre, en comparaison. Je voudrais bien voir un homme poli, enjoué, spirituel, fût-il un Catulle ou son disciple, faire quelque comparaison avec celui qui vient de perdre huit cents pistoles en une séance, La Bruyère, XIII.

    Sans comparaison, loc. adv. Sans comparer d'une façon qui pourrait être inexacte ou paraître blessante. Il a fait, sans comparaison, comme le valet de la comédie.

    Sans comparaison, infiniment. J'aime bien mieux, sans comparaison, être ici, Sévigné, 588. Encore qu'ils fussent, sans comparaison, les plus puissants, Bossuet, Hist. III, 3. S'ils avaient en main le timon, ils se trouveraient sans comparaison plus empêchés, Diderot, Ess. s. Claude. Jeanne, tandis que tu fus belle, Tu le fus sans comparaison, Malherbe, IV, 16. L'orgueil à toutes deux a troublé la raison, Et leur extravagance est sans comparaison, Rotrou, Antig. IV, 4. Ton ingratitude est sans comparaison De souhaiter sa perte, Rotrou, Bélis. III, 5.

    Cette chose est sans comparaison, hors de comparaison, elle est excellente et sans pareille.

    Par comparaison, relativement. On est parfait par comparaison aux états inférieurs, Bossuet, Or. VI. Mais c'est des péchés légers par comparaison, Bossuet, Marie-Th.

    En comparaison, à l'égard de, au prix de. Cela n'est rien en comparaison de ce qu'elle dit, Bossuet, Hist. II, 1. Ce n'est rien en comparaison de ce que j'ai pour vous, Sévigné, 18. Cette félicité n'est rien en comparaison de celle qui lui était destinée, Fénelon, Tél. XIX.

    Absolument. Et tous les maux de la nature Ne sont rien en comparaison, Molière, Psyché, I, 1.

    À comparaison, même sens. Sans y employer que fort peu de pièces à comparaison de la multitude des OS, Descartes, Méth. 5, 9. Ce n'était rien à comparaison des trésors qui se trouvent ici, Vaugelas, dans BOUHOURS, Nouv. remarques. C'est un petit mal à comparaison de ceux que l'amour me prépare, Académ. Sentim. sur le Cid. Tu es peut-être de ceux qui croient que la prose n'est rien à comparaison des vers, Perrot D'Ablancourt, Lucien, dans BOUHOURS, Nouv. rem. Faibles à comparaison de celles-ci, Bossuet, Lett. abb. 246. Ils ne sont rien à comparaison de sa grandeur, Bossuet, Marie-Th. L'empire des Césars n'était-il pas une vaine pompe à comparaison de celui-ci ? Bossuet, Hist. II, 10.

  • 2 Terme de philosophie. Faculté de comparer les idées.
  • 3 Terme de jurisprudence. Comparaison d'écritures, confrontation de pièces pour savoir si elles sont de la même main.

    Pièces de comparaison, pièces reconnues véritables, auxquelles on en compare d'autres dont l'authenticité est contestée.

    Écritures de comparaison, signatures faites devant des personnes publiques, dans un procès où il y a inscription en faux.

  • 4Figure de rhétorique. Comparaison ingénieuse, ridicule. Homère abonde en belles comparaisons.

    Comparaison se dit aussi de ces brèves comparaisons qui font une des richesses et le principal caractère du style de la conversation. Beau comme l'amour. Prompt comme l'éclair. Bavard comme une pie. Voleur comme une chouette.

  • 5 Terme de grammaire. Degrés de comparaison : le positif, le comparatif, le superlatif.

    Adverbe de comparaison, adverbe qui sert à établir un rapport d'égalité, de supériorité ou d'infériorité, comme aussi, plus, moins.

PROVERBES

Toutes comparaisons sont odieuses, c'est-à-dire on blesse presque toujours l'amour-propre, en comparant deux personnes ensemble.

Toute comparaison cloche, c'est-à-dire il n'y a jamais de comparaison qui soit bien exacte.

Il ne faut pas faire de comparaison avec plus grand que soi, c'est-à-dire un inférieur ne doit pas traiter de pair à compagnon avec ceux qui sont au-dessus de lui. On dit dans un sens analogue : Trêve de comparaison ; Point de comparaison, s'il vous plaît.

Comparaison n'est pas raison, c'est-à-dire une comparaison n'est pas une preuve.

HISTORIQUE

XIIe s. E Adan e li clerc nen unt chief se Deu nun : Pur ço [ce] ai fait, ço m'est vis, dreite comparaisun, Th. le mart. 32.

XIVe s. Certes, dist li ungs, il n'a nulle compareson entre le deduit qui vient des chiens et celuy qui vient des oyseaulx ; car le deduit qui vient des oyseaulx vault mieulx et est plus plaisant que n'est celuy qui vient des chiens, Modus, f° CII. Et est semblable comme qui feroit comparaison d'une chose qui a ame à celle qui n'a point de ame, Oresme, Eth. 207. Dont n'est il point de comparaison ne entre la puissance des juges ne entre la peine des jugements, Ménagier, I, 3.

XVe s. On dit que le plus honorable estoit, sans comparaison, de prendre terre sur marche d'ennemis que sur les amis, Froissart, II, III, 33. Beaulté respont : Sire, c'est bien raison Par dessus tous et sans comparaison, Que pour seigneur et souverain vous tiengne, Orléans, . De printemps [je] puis faire comparaison Jusqu'à seize ans que notre enfance endure, Orléans, Adieu jeunesse. Et en verité Franchois estoient sans comparoison plus que les Englez, Fenin, 1415.

XVIe s. … Duquel la pureté est si grande, qu'à la comparaison d'icelle toutes choses sont souillées et contaminées, Calvin, Instit. 592. Et afin de suivre la comparaison que nous avons commencé de faire, Calvin, ib. 1019. Voyant celui qui n'a comparaison D'honneurs et biens, saillir de sa maison…, Marot, J. V, 86. Laissons à part cette longue comparaison de la vie solitaire à l'active, Montaigne, I, 271. Là où il menoit une vie qui estoit bien dure et champestre à comparaison de la civilité et elegance de ceulx qui vivoient dedans les villes, Amyot, Marius, III.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. comparaso ; espagn. comparacion ; ital. comparazione ; du latin comparationem, de comparare, comparer (voy. COMPARER).