« dégoût », définition dans le dictionnaire Littré

dégoût

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dégoût

(dé-goû, ou long, ce qui le distingue de dégout ; le t se lie : un dé-goû-t affreux ; au pluriel, l's se lie : des dé-goû-z affreux) s. m.
  • 1Manque de goût, d'appétit. Le soir elle eut un grand dégoût, Molière, Tart. I, 5. À quoi bon ce dégoût et ce zèle inutile ? Est-il donc, pour jeûner, quatre-temps ou vigile ? Boileau, Lutrin, I.
  • 2Répugnance qu'on a pour certains aliments. Il avait un dégoût pour les choux. Mon parrain, dès qu'il l'eut apprise [cette histoire], Me prédit le dégoût du vin, Béranger, Nourrice.
  • 3Aversion, répugnance pour une personne ou pour une chose. C'est donc là le dégoût qu'apporte l'hyménée, Corneille, Poly. IV, 3. Il ne faut qu'un soupçon, un dégoût, un caprice, Pour en faire à sa haine un soudain sacrifice, Corneille, Attila, IV, 1. Et guérir aisément d'un dégoût qu'elle a pris, Rotrou, Vencesl. III, 5. Il conçoit du dégoût pour les délices du péché, Pascal, Prov. 8. Qu'attendez-vous, chrétiens, à vous convertir ? … ne craignez ni la maladie, ni les dégoûts, ni les tentations, ni les peines les plus cruelles, Bossuet, Anne de Gonz. Si vous avez un dégoût général de tout ce qui vous éloigne de Dieu, Fléchier, Serm. II, 152. M. de Louvois paraît désolé de ce que son crédit commence à tomber ; il m'envie ma faveur et m'attribue les dégoûts du roi, Maintenon, Lett. à Mme de St-Geran, 13 mars 1688. Ce dégoût naturel que nous avons de la prière, Massillon, Car. Prière, 1. … L'outrage qu'elle [une religieuse infidèle] ajoute à ses infidélités, et au dégoût où elle est tombée de son état, Massillon, Profess. relig. 2. Cette raison [le peu d'usage de la prière] n'est pas si générale, qu'on ne voie souvent les âmes les plus fidèles à la prière éprouver constamment ces dégoûts, Massillon, Car. Prière, 1. Je n'ai lu qu'avec un extrême dégoût ses vers grossiers [d'Horace] contre des vieilles et contre des sorcières, Voltaire, Cand. 25. C'est là le point de l'ennui le plus profond, de cet horrible dégoût de soi-même, qui ne nous laisse d'autre désir que celui de cesser d'être, Buffon, Nature des animaux. Mais comment expliquer ces lugubres accès, Ce dégoût des humains, cette pâleur mortelle ? Ducis, Hamlet, II, 5.
  • 4Déplaisir, mortification. M. de Coulanges a essuyé un violent dégoût, Sévigné, 235. On ne voudra pas donner un tel dégoût à notre gouverneur, Sévigné, 511. Mille dégoûts viendront, dit le prophète ermite ; Il en vint en effet, l'ermite n'eut pas tort ; Mainte peste de cour fit tant par maint ressort Que la candeur du juge, ainsi que son mérite, Furent suspects au prince…, La Fontaine, Fabl. X, 10. N'admirez-vous point que nous nous trouvons heureux d'avoir repassé le Rhin, et que ce qui serait un dégoût s'il [Turenne] était au monde, nous paraît une prospérité, parce que nous ne l'avons plus ? Sévigné, 203. Combien d'âmes ont été comme arrachées à Jésus-Christ par ces dégoûts qu'on leur a donnés ? Fléchier, Serm. I, 81. Notre premier duc de Piney est fort connu par ses deux ambassades à Rome où il reçut tant de dégoûts, Saint-Simon, 16, 182. Le monde a ses dégoûts comme la vertu, Massillon, Car. Dégoûts. Les confrères [les conseillers] les accablaient de dégoûts, Voltaire, Louis XIV, 4. Afin que la cour de Turin, qui n'a pas voulu le retenir, et qui est pourtant fâchée de l'avoir perdu, ne s'imagine pas que M. de la Grange, en arrivant à Berlin, ait commencé par essuyer un dégoût apparent, D'Alembert, Lett. au roi de Prusse, 12 sept. 1766.

HISTORIQUE

XVIe s. Tous ces degouts engagerent d'Aubigné à s'en venir à Lyon au desceu de ses parens, D'Aubigné, Vie, XI. Bouffement à l'estomach avec degoust, Paré, XX, 22. Le vin nuit aux malades ; c'est la premiere chose de quoy ma bouche se degouste, et d'un desgoust invincible, Montaigne, IV, 263.

ÉTYMOLOGIE

Dé… préfixe, et goût.