« debout », définition dans le dictionnaire Littré

debout

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

debout

(de-bou ; le t se lie : de-bou-t ou couché) adv.
  • 1Il se dit de ce qui est dressé et posé sur un de ses bouts. Mettre une colonne, un tonneau, une table debout.

    Pièce de bois placée debout, pièce placée de manière à résister suivant le sens des fibres du bois.

    Être debout, être encore debout, se dit des choses qui ont échappé à une destruction presque inévitable. Ils vivent cependant et leur temple est debout, Racine, Athal. II, 5. Nos cosaques n'auraient pas laissé une chaumière debout, Bernardin de Saint-Pierre, Voy. en Silésie.

    Fig. Ce vieil empire était encore debout. Ce marchand, en dépit des pertes qu'il a faites, est encore debout.

  • 2Être droit sur ses pieds, en parlant d'une personne. Se tenir debout. Debout ou assis, on peut donner un mauvais jugement, Molière, Critique, 6. Le roi et la reine mangent tristement ; Mme de Richelieu est assise, et puis les dames, selon leurs dignités, les unes assises, les autres debout, Sévigné, Lett. 22 janv. 1674. Debout à ses côtés le jeune Éliacin Comme moi le servait en long habit de lin, Racine, Athal. II, 2. Alors, la femme se tenant debout devant le seigneur, le prêtre lui découvrira la tête, Sacy, Bible, Nombr. V, 18. Entrons ; d'être debout à la fin on se lasse, Boursault, Merc. gal. II, 8. Nous avons dîné debout, remettant de manger mieux et plus à notre aise au soupé dans notre nouveau gîte, Marivaux, Paysan parv. t. I, 2e part. p. 66, dans POUGENS. Tout un peuple debout sur le seuil les attend, Delavigne, la Popularité, IV, 6.

    Debout, loc. interj. Lève-toi, levez-vous. Le sommeil sur ses yeux commence à s'épancher ; Debout ! dit l'Avarice, il est temps de marcher, Boileau, Sat. VIII. Debout [à une fille qui était à genoux] ! Plus votre cœur répugne à l'accepter, Plus ce sera pour vous matière à mériter, Molière, Tart. IV, 3. Il était botté jusqu'à la ceinture, et, faisant claquer un maudit fouet qu'il tenait à la main : debout, monsieur le chevalier, s'écria-t-il en ouvrant mes rideaux, Hamilton, Gramm. 3.

    Laisser quelqu'un debout, ne pas le faire asseoir. Il me laissa debout tout le temps que je restai avec lui.

    Fig. et familièrement. Il ne peut que tomber debout, se dit d'un homme qui a des ressources pour se soutenir en dépit des disgrâces qui arrivent ou peuvent arriver. On dit dans le même sens tomber sur ses pieds.

  • 3Être debout, se tenir sur les pieds de derrière, en parlant des animaux. La marmotte mange debout comme l'écureuil, Buffon, Marmotte.

    Terme de blason. Debout, se dit des animaux qui sont représentés droits et posés sur les pieds de derrière.

  • 4Être debout, être levé, hors de son lit. Tout le monde était debout dès le matin. Les soldats d'Alexandre couchent sur la terre, et jamais le jour ne les trouve que debout, Vaugelas, Q. C. III, 2.

    Fig. Il crut qu'un évêque plus qu'un empereur devait mourir debout et dans l'exercice de sa charge, Fléchier, Panég. I, p. 312. Nous sommes condamnés l'un et l'autre à mourir debout, Maintenon, Lett. Card. de Noailles, 2 nov. 1703. L'ange exterminateur est debout avec nous, Racine, Athal. V, 4.

    Terme de vénerie. Mettre un animal debout, le lancer.

  • 5Dormir debout, éprouver un extrême besoin de sommeil.

    Conte à dormir debout, récit ennuyeux ; promesses en l'air. Je dis que ce sont des contes à dormir debout, Molière, G. Dand I, 6. Les contes à dormir debout, dont vous me régalâtes l'année passée, Voltaire, Préf. de Cath. Vadé.

  • 6On dit que du bétail passe debout dans une ville, quand il n'y couche point, n'y est point vendu et n'y doit point les droits d'entrée ; et, par extension, passer debout se dit des marchandises qui, traversant une ville ou un pays, y passent sans payer de droit ou sans être visitées.
  • 7 Terme de marine. Avoir vent debout, ou de bout, suivant l'orthographe de quelques-uns (ce qui n'est autre que résoudre le mot en ses éléments), avoir vent contraire, c'est-à-dire vent soufflant sur la proue du vaisseau.

    Être debout au vent, à la lame, au courant, y présenter l'avant du vaisseau.

    Aborder un bâtiment debout au corps, lui mettre l'éperon dans le flanc.

    Debout les avirons ! signal de lever en l'air les avirons, ce qui est un salut d'honneur.

  • 8 Terme de menuiserie. Bois debout, bois coupé, scié, travaillé perpendiculairement au fil. Le bois debout ne peut pas se bien raboter ni polir.

    PROVERBE

    On est plus couché que debout, c'est-à-dire la vie est bien courte en regard de l'éternité.

HISTORIQUE

XIIe s. Tut de but [à côté] se tenerent cil trei [ces trois] partut al rei, Ne il ne voleient faire pur Deu ne ço ne quei, Th. le mart. 69.

XIIIe s. Li pors [le porc] qui tant curu [couru] avoit, En l'espié se feri debot, Ren. 22514. Non pas pour ce, mon escient, à moi [le juge] se tiendra tout debout [pour cela le juge ne sera pas de mon côté], Le Comte de Bretagne, Romancero, p. 163. Aucunes fois avient que li barons [mari] est trouvés mors debout [à côté] se [sa] fame, et le [la] fame debout son baron ; et quant il avient, l'en doit penre garde au mort, se il pert [apparaît] l'en li ait che fet ; et se il li pert, che est grant presomption contre le vivant se il ne cria, Beaumanoir, dans LACURNE. Car Haibers vot [voulut] avoir debout [absolument] Partie del roiaume ou tout, Ph. Mouskes, ms. p. 38, dans LACURNE. La langue li prent à fremir De lecherie et de corroz ; En la fosse sailli deboz, Por ce qu'il en voloit avoir, Ren. 24640.

XVe s. Dieu, prevoiant leurs faultes futures, leur a souffert de longue main preparer à deux debouts de leur clos deux verges, Bordeaux et Carais, Chastelain, Chron. du duc Philippe, Proesme.

XVIe s. Puys furent introduictz les empoisonnez ; elle leur sonna une aultre chanson, et gens debout, Rabelais, Pant. V, 20. L'empereur Vespasien estant malade de la maladie dont il mourut… et dans son lict mesme depeschoit plusieurs affaires de consequence ; et son medecin l'en tansant comme de chose nuisible à sa santé : il faut, disoit-il, qu'un empereur meure debout, Montaigne, III, 89.

ÉTYMOLOGIE

De et bout, comme le prouvent les anciens exemples : un soliveau est de bout, parce qu'il est sur le bout, et, par assimilation, un homme est de bout. Cependant des étymologistes ont voulu voir, dans debout, terme de marine (vent debout), un composé hybride avec la préposition de et l'anglosaxon bow, danois bug, anglais bow, qui signifient l'avant d'un vaisseau ; mais il n'y a aucune raison pour aller chercher si loin une étymologie, et bout suffit bien à ce sens particulier, car l'avant est le bout du vaisseau.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DEBOUT. Ajoutez :
9Sape debout, voy. SAPE.
10 S. m. Terme d'ancienne coutume, en Bretagne. Debouts à éteinte de chandelle, vente qui se faisait à l'aide de bougie ou à extinction de feu.