« flatteur », définition dans le dictionnaire Littré

flatteur

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

flatteur, euse

(fla-teur, teû-z') adj.
  • 1Caressant par quelque attouchement. Le chien est un animal flatteur. Patte flatteuse et point de dents, Lamotte, Fabl. V, 4.

    Avoir des manières flatteuses, avoir des manières douces, insinuantes.

  • 2Agréable, séduisant. Et mon amour flatteur déjà me persuade Que je le vois assis au trône de Grenade, Corneille, Cid, II, 5. On ne peut néanmoins se défaire d'une idée flatteuse dont on s'est laissé agréablement prévenir, Bossuet, Var. V, § 30. De votre changement la flatteuse apparence M'avait rend tantôt quelque faible espérance, Racine, Bérén. V, 7. Par tes conseils flatteurs tu m'as su ranimer, Racine, Phèdre, III, 1. Quel espoir si flatteur, ou quels heureux destins De vos jours ténébreux ont fait des jours sereins ? Voltaire, Zaïre, I, 1. D'autres [oiseaux] ont des tours de gosier aussi flatteurs ; mais il n'en est pas un seul que le rossignol n'efface par la réunion complète de ces talents divers, et par la prodigieuse variété de son ramage, Buffon, Ois. t. VIII, p. 119, dans POUGENS. Virgile n'a-t-il pas, d'un vers doux et flatteur, De Gallus expirant consolé le malheur ? Chénier, Ép. I.
  • 3Il se dit de ce qui est un témoignage d'approbation, de louange, de faveur. Un murmure flatteur s'éleva dans l'assemblée. Il reçut du prince une distinction flatteuse. C'est ce qui pouvait m'arriver de plus flatteur après l'honneur de votre présence, Voltaire, Lett. Prusse, 9.
  • 4Qui loue avec exagération. Un poëme insipide et sottement flatteur Déshonore à la fois le héros et l'auteur, Boileau, Sat. IX. Je ne retrouvais point ce trouble, cette ardeur Que m'avait tant promis un discours trop flatteur, Racine, Bajaz. I, 3. Il y avait dans l'armée un Dolope nommé Eurymaque, flatteur, insinuant, sachant s'accommoder à tous les goûts et à toutes les inclinations des princes, Fénelon, Tél. XVI. Ils [les princes] deviennent si délicats que tout ce qui n'est point flatteur les blesse et les irrite, Fénelon, ib. XI.

    Miroir flatteur, miroir où l'on se voit plus beau qu'on n'est.

  • 5 S. m. et f. Celui, celle qui cherche à séduire par des louanges. Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l'écoute, La Fontaine, Fabl. I, 2. Qu'aux flatteurs on doit partout se prendre Des vices où l'on voit les humains se répandre, Molière, Mis. II, 5. Tout flatteur, quel qu'il soit, est toujours un animal traître et odieux, Bossuet, Var. 5e avert. § 31. M. Jurieu nous parle ici des flatteurs des princes, et il ne songe pas aux flatteurs des peuples, Bossuet, ib. Mais sachez de l'ami discerner le flatteur, Boileau, Art p. I. Le flatteur ne dit rien et ne fait rien au hasard ; mais il rapporte toutes ses paroles et toutes ses actions au dessein qu'il a de plaire à quelqu'un et d'acquérir ses bonnes grâces, La Bruyère, Théoph. II. Détestables flatteurs, présent le plus funeste Que puisse faire aux rois la colère céleste, Racine, Phèdre, IV, 6. Othon, Sénécion, jeunes voluptueux, Et de tous vos plaisirs flatteurs respectueux, Racine, Brit. IV, 2. De l'absolu pouvoir vous ignorez l'ivresse, Et des lâches flatteurs la voix enchanteresse, Racine, Athal. IV, 3. Le flatteur veut s'avancer et faire fortune ; le prince veut être loué et admiré parce qu'il est son premier flatteur, et qu'il porte dans son cœur un poison plus subtil et mieux préparé que celui qu'on lui présente, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. II, p. 121, dans POUGENS.

    Vous êtes un flatteur, une flatteuse, se dit pour repousser doucement des louanges qui ne déplaisent pas, mais que la modestie ne permet pas d'accepter.

    On dit dans le même sens : Taisez-vous, flatteur, flatteuse.

HISTORIQUE

XIIIe s. Li flateres de pute estrace Fait cui il vuet vuidier la place ; S'il vuet, li mieudres est li pires, Rutebeuf, 22.

XIVe s. Flateur soies premierement ; Car c'est le droit commencement Par quoi on puet à bien venir, J. Bruyant, dans Ménagier. t. II, p. 25. Se il le fait pour cause de aucun prouffit aquerir, c'est un lobeur, c'est un flateur, Oresme, Eth. 50.

XVe s. Mais ly menteur et ly flateour N'y [à la cour] osent plus faire demour : Je ne dis pas quanque je pense, Deschamps, Double entendement.

XVIe s. Par ses blanderesses et flateuses persuasions, il attirera la royne mere, Carloix, VIII, 16. Rechercher la bonne grace du menu populaire par caresses et paroles flatteresses, Amyot, Alc. et Cor. comp. Pinceau de painctre ou langue de chien est un flatteur pour avoir bien, Génin, Récréat. t. II, p. 247.

ÉTYMOLOGIE

Flatter ; provenç. flataire. L'ancien français flatere et le provençal flataire sont le nominatif ; flateor, flatador est le régime.