« géant », définition dans le dictionnaire Littré

géant

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

géant, ante

(jé-an, an-t') s. m. et f.
  • 1 Terme de la mythologie. Nom d'êtres fabuleux d'une taille énorme, qui étaient fils de la Terre, avaient des pieds de serpents, et essayèrent de détrôner Jupiter ; ils furent foudroyés.

    Il se dit aussi d'êtres à forme plus ou moins humaine et d'une très grande taille. Que n'ont tant de géants accourci mon destin ! Rotrou, Herc. mour. III, 3. Et les os dispersés du géant d'Épidaure, Racine, Phèdre, I, 1.

    Le Géant, se dit quelquefois de la constellation d'Orion.

  • 2Dans la Bible, nom des êtres nés du commerce des anges avec les femmes. Tout ce pays de Basan est appelé la terre des géants, Sacy, Bible, Deutéron. III, 13. Les anciens géants n'ont point obtenu le pardon de leurs péchés, ils ont été détruits à cause de la confiance qu'ils avaient en leurs propres forces, Sacy, ib. Ecclésiastique, XVI, 8.
  • 3 Par extension, personne qui excède de beaucoup la taille ordinaire. Quel géant ! Une géante. Stature de géant. Des faits dignes de foi attestent qu'il peut exister des hommes de deux mètres soixante centimètres et plus. Le géant qu'on a vu à Paris en 1735 et qui avait six pieds huit pouces huit lignes était né en Finlande sur les confins de la Laponie méridionale ; le géant de Thoresby en Angleterre, haut de sept pieds cinq pouces anglais ; le géant, portier du duc de Wirtemberg, en Allemagne, de sept pieds et demi du Rhin, Buffon, Suppl. à l'hist. nat. Œuv. t. XI, p. 122, dans POUGENS. Le courrier des Lapons, dans ses turlupinades, Veut qu'on aille au détroit où vogua Magellan, Pour se former l'esprit, disséquer un géant, Voltaire, les Systèmes. J'ai d'un géant vu le fantôme immense Sur nos bivouacs fixer un œil ardent ; Il s'écriait : mon règne recommence ; Et de sa hache il montrait l'occident ; Du roi des Huns c'était l'ombre immortelle, Béranger, Chant du Cosaque.

    Aller, marcher à pas de géant, aller, marcher à très grands pas. Il [Dieu se faisant homme] ne s'est point arrêté aux anges, quoiqu'ils fussent, pour ainsi dire, les plus proches de son voisinage ; il est venu à pas de géant, sautant, dit l'Écriture, toutes les montagnes, Bossuet, 3e sermon, Annonciation, 2. Punira-t-il des pygmées de n'avoir pas su marcher à pas de géant ? Diderot, Nouv. pens. phil. 13.

    Fig. Faire des progrès rapides. Marchez à pas de géant dans la voie de Dieu, Massillon, Carême, Laz.

    Fig. Géant, se dit quelquefois d'un génie prodigieux. Michel-Ange est un géant. Tel s'imagine être un géant Qui n'a pas plus d'une coudée, Lamotte, Fables, I, 13. Me conseilleriez-vous d'y ajouter quelques petites réflexions détachées sur les Pensées de Pascal ? il y a déjà longtemps que j'ai envie de combattre ce géant, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 28. Périsse enfin le géant des batailles [Napoléon] ! Disaient les rois : peuples, accourez tous, Béranger, Waterl.

  • 4Il se dit quelquefois des animaux d'une taille colossale. La baleine, ce géant des mers.

    Terme d'histoire naturelle. Tout corps organisé dont la stature dépasse les proportions communes des individus de son espèce.

  • 5Il se prend quelquefois adjectivement. Le grand Darès seul se présente, Darès à la taille géante, Scarron, Virg. v. On ne peut pas douter qu'il n'y ait eu des individus géants dans tous les climats de la terre, puisque de nos jours on en voit encore naître en tout pays, Buffon, Notes justif. Ép. nat. Œuvres, t. XIII, p. 304.

    Fig. De la servile Égypte on vante les tombeaux, Les lacs, les murs géants, le tortueux dédale, Almanach des Muses, pour 1791. Puis la mer furieuse et tombée en démence, Et de son lit silencieux Se redressant géante, et de sa tête immense Allant frapper les sombres cieux, Barbier, Iambes, popularité.

REMARQUE

On a dit au féminin géane, qui n'est plus usité et qui n'aurait jamais dû l'être. Il [M. Lecat] cite la fille géane vue par Goropius qui avait dix pieds de hauteur, Buffon, Suppl. à l'hist. nat. Œuvres, t. XI, p. 123.

HISTORIQUE

XIe s. La premiere [eschele, escadron] est des jaians de Malperse, Ch. de Rol. CCXXXVI.

XIIe s. Cume jaianz, forz en bataille, Que n'i a cors le suen i vaille, Benoit de Sainte-Maure, II, 8410. Il s'esleechat [se réjouit] si cume gaianz à curre sa veie, Liber psalm. p. 22. E vesti hauberc aussi come gyant, Machab. I, 3. Sephi ki fud del lignage Arapha del parented as geanz, Rois, p. 204.

XIIIe s. Là sunt li genestes jaiant Et pin et cedre nain seant, La Rose, 5985.

XVe s. Isle aux geans [l'Angleterre], Deschamps, Poésies mss. f° 16.

XVIe s. Il dit ainsi ; le gean d'autre part Le mesuroit d'un terrible regard, Ronsard, 618. Son corps estoit geant, et au milieu du front Contournoit un grand œil comme un grand boucler rond, Ronsard, 749. Celui qui est sur les espaules du geant voit plus loing que celui qui le porte, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Wallon, gaiâ ; génev. géane au lieu de géante ; wallon, agèian, ajoan ; du latin gigantem, qui vient du grec γίγας, que l'on tire de γῆ, la terre, et une forme irrégulière γας, tenant au radical qui veut dire naître. On a indiqué aussi le sanscrit jigat, qui veut dire naître ou marcher.