« journal », définition dans le dictionnaire Littré

journal

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

journal

(jour-nal) adj. m.
  • 1Qui est relatif à chaque jour ; usité seulement dans la locution suivante : livre journal, ou, substantivement, journal, registre où l'on écrit, jour par jour et de suite, ce qu'on a reçu ou payé, acheté ou vendu, etc.

    On a dit dans le même sens : papier journal, papiers journaux.

  • 2 S. m. Relation jour par jour de ce qui se passe ou s'est passé. Dieu fait un journal de notre vie ; une main divine écrit ce que nous avons fait et ce que nous avons manqué de faire, écrit notre histoire, qui nous sera un jour représentée et sera représentée à tout l'univers, Bossuet, Sermons, Néc. de travailler à son salut, 2. Néarque et Onésicrite ont fait le journal de cette navigation [de l'Indus au golfe Persique], Montesquieu, Esp. XXI, 8. On a les journaux des siéges de vingt places inconnues en Europe, mal fortifiées, mal attaquées et mal défendues ; ce n'est pas là notre objet, Voltaire, Polit. et législ. Fragm. hist. sur l'Inde, III. La chose que je regrette est de n'avoir pas fait de journaux de mes voyages, Rousseau, Conf. IV. Le soir, avant de se coucher, il ne manquait jamais d'écrire sur un journal (ce qu'il continua toute sa vie) le détail de ce qu'il avait entendu ou vu de plus intéressant dans le cours de la journée, Genlis, Veillées du château t. III, p. 12, dans POUGENS.

    Journal de bord, mémoire où l'on décrit jour pour jour la navigation du vaisseau.

  • 3Particulièrement, ouvrage périodique qui fait connaître les nouvelles politiques, scientifiques et littéraires, les ouvrages nouveaux, etc. Le bureau d'un journal. Aux journaux de Hollande il nous fallut passer, Je ne sais plus sur quoi ; mais on fit leur critique… Tout faiseur de journaux doit tribut au malin, La Fontaine, Lett. XI. Le journal encyclopédique, que je regarde comme le premier des cent soixante-treize journaux qui paraissent tous les mois en Europe, Voltaire, Écoss. Épît. Sous lui [Louis XIV] les journaux s'établissent ; on n'ignore pas que le Journal des savants, qui commença en 1665, est le père de tous les ouvrages de ce genre, dont l'Europe est aujourd'hui remplie, Voltaire, Louis XIV, 31. Si j'évoque jamais du fond de son journal De tous nos sots du temps l'adulateur banal, Gilbert, Mon apologie. Vanté dans les journaux, dont il savait gagner ou payer la faveur, Marmontel, Mém. VII. C'est l'imprimerie qui met le monde à mal ; c'est la lettre moulée qui fait qu'on assassine depuis la création ; et Caïn lisait les journaux dans le paradis terrestre, Courier, Lett. IX. Grand journal, journal à grand format, qui s'occupe de politique et qui paraît tous les jours… Vous ôtez une proie Au feuilleton méchant qui bondissait de joie, Et d'avance poussait des rires infernaux Dans l'antre qu'il se creuse au bas des grands journaux, Hugo, les Voies intérieures, XXII.

    Petit journal, journal à petit format, qui s'occupe de littérature, de théâtres, de nouvelles.

  • 4Ancienne mesure de terre, en usage encore dans certains départements. Le journal varie suivant les provinces.
  • 5Nom d'un recueil des formules dont les papes se sont servis dans leurs rescrits, du VIe siècle au IXe. Journal des pontifes romains.

HISTORIQUE

XIIe s. Quant reluiront les estoiles journaus, Ronc. p. 150.

XIIIe s. Je en lais [laisse] jornel et demi à l'eglise, pour mon servige faire le jour de mon eniversaire, Du Cange, jornale.

XIVe s. Quatre jugiez de terre [quatuor jugera], c'estoient deus jornaus, Bercheure, f° 59, verso.

XVIe s. La royne envoye à la besongne celles [abeilles] qui ont à faire leur journal [journée] dehors, La Boétie, 165. Il falloit faire de nouveaux papiers journaux de mise et de recepte, Amyot, Anton. 12. Un papier journal à inserer toutes les survenances de quelque remarque, Montaigne, I, 257. Qui prend sera pris ; les armes sont journales, Carloix, I, 39.

ÉTYMOLOGIE

Berry, journau, journal de terre ; provenç. jornal, jornau ; catal. jornal ; ital. giornale ; du lat. diurnalis, dérivé de diurnus, diurne. Les Romains nommaient acta diurna les journaux, les éphémérides qui contenaient les actes publics.