« médiateur », définition dans le dictionnaire Littré

médiateur

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

médiateur, trice

(mé-di-a-teur, tri-s') s. m. et f.
  • 1Celui, celle qui s'entremet entre deux ou plusieurs personnes. Dieu [selon Celse et Porphyre] était logé trop loin pour nous ; les esprits célestes qui nous avaient faits nous servaient de médiateurs auprès de lui, Bossuet, Hist. II, 12. Après que notre grand roi, plus jaloux de sa parole et du salut de ses alliés que de ses propres intérêts, eut déclaré la guerre aux Anglais, ne fut-elle pas encore une sage et heureuse médiatrice ? Bossuet, Reine d'Anglet. Les deux Hotham, père et fils, qui choisirent la reine pour médiatrice, Bossuet, ib. Un des moyens les plus efficaces pour toucher Dieu en votre faveur, c'est de lui envoyer, selon la figure de l'Évangile, des médiateurs qui lui parlent pour vous, Bourdaloue, Carême, t. I, p. 192. Idoménée, touché de ce discours, consentit que les Sipontins fussent médiateurs entre lui et les Sybarites, Fénelon, Tél. XXIII. Oui, nous vous supplions d'être médiateur d'un petit différent, Ph. Poisson, Procureur arbit. sc. 9. La reine d'Angleterre, l'épouse de Georges II, qui a servi de médiatrice entre les deux plus grands métaphysiciens de l'Europe, et qui pouvait les juger, Voltaire, Alzire, Ép. dédic. C'est au clergé qui, soit intérêt bien entendu, soit politique déliée, montre le désir de rester fidèle au caractère de médiateur…, Mirabeau, Collection, t. I, p. 186.

    Fig. Ces deux grands rois [Louis XIV et Charles II] se connaissent ; c'est l'effet des soins de Madame ; ainsi leurs nobles inclinations concilieront leurs esprits, et la vertu sera entre eux une immortelle médiatrice, Bossuet, Duch. d'Orléans. La croix doit être aujourd'hui notre asile et l'unique médiatrice à qui nous devons recourir, Bourdaloue, Myst. Pass. de J. C. t. I, p. 252.

    Le médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ. Il n'y a qu'un Dieu, ni qu'un médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme, Sacy, Bible, St Paul, 1re épît. à Timoth. II, 5. C'est ce que produit la connaissance de Dieu qui se tire sans Jésus-Christ, qui est de communiquer sans médiateur avec le Dieu qu'on a connu sans médiateur ; au lieu que ceux qui ont connu Dieu par médiateur connaissent leur misère, Pascal, Pens. X, 2, éd. HAVET. L'une des plus belles qualités que la sainte Écriture donne au fils de Dieu, c'est celle de médiateur entre Dieu et les hommes, Bossuet, 2e serm. Compass. de la Ste Vierge, 1.

    Médiateur d'un traité, d'un raccommodement, celui qui intervient pour procurer un traité, un raccommodement. Le chevalier fut médiateur du traité, Hamilton, Gramm. 10. Si vous voulez, madame, être médiatrice de la paix, il ne tient qu'à vous, Voltaire, Lett. Mme de Choiseul, 15 juill. 1768.

    Adjectivement. Les puissances médiatrices déclarèrent que…

  • 2Celui, celle qui intervient pour arranger quelque affaire. Me voilà donc le confident de mes deux bonnes gens et le médiateur de leurs amours ! bel emploi pour un gouverneur, Rousseau, Ém. V.

    Absolument. Ce n'est plus cette femme commode et complaisante, trop adroite médiatrice et amie trop officieuse qui facilitait ces secrètes correspondances, Bossuet, Sermons, Vérit. convers. 1. Il [Théodote] vise également à se faire des patrons et des créatures : il est médiateur, confident, entremetteur ; il veut gouverner, La Bruyère, VIII.

  • 3Médiateur de la république helvétique, titre que prit Bonaparte après l'acte dit de médiation.
  • 4Sorte de ministre d'État, sous les empereurs de Constantinople.
  • 5Sorte de jeu de quadrille. On ne joue plus le médiateur. Faire l'après-midi mille dépenses folles, En deux médiateurs perdre huit cent pistoles, Boissy, Deh. tromp. II, 10.

HISTORIQUE

XIIIe s. Li angelz par soy se deceüt ; Pour ce n'eut, ne ne receüt Ne saulveur, ne mediatour, J. de Meung, Tr. 460.

XIVe s. Mediateur entre les peres [sénateurs] et le peuple, Bercheure, f° 47, verso. Lequel air est necessaire et mediateur à porter les odours des choses odoriferes, H. de Mondeville, f° 18.

XVe s. Faire office de juge ou de mediateur, Commines, VI, 13.

XVIe s. Si tu cerches ton mediateur pour t'introduire à Dieu, il est au ciel, Calvin, Instit. 696. Elle y estoit venue comme mediatrice de la paix, Carloix, VII, 22. Aulcuns [dieux du paganisme], moyens entre la divine et l'humaine nature, mediateurs, entremetteurs de nous à Dieu, Montaigne, II, 277.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. mediator ; catal. mediador ; espagn. mediator ; ital. mediatore ; du lat. mediatorem, de mediare, servir d'intermédiaire, partager par le milieu.