« messager », définition dans le dictionnaire Littré

messager

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

messager, ère

(mè-sa-jé, jè-r') s. m. et f.
  • 1Celui, celle qui vient annoncer quelque chose, soit de soi-même, soit de la part d'un autre. Je lui ai envoyé un messager. Vous verrez que je ne fais point tant de cas de mon ancienne maîtresse que de votre nouvelle messagère, Guez de Balzac, liv. VII, lett. 21. Alors triste messager d'un événement si funeste [la mort d'un fils de Louis XIV], Bossuet, Mar.-Thér. Ô mort… Tu n'anéantis pas, tu délivres : ta main, Céleste messager, porte un flambeau divin, Lamartine, Méditations, I, 5.

    Fig. Messager de malheur, celui qui apporte ou qui est dans l'habitude d'apporter de mauvaises nouvelles.

    PROVERBE

    On ne trouva jamais meilleur messager que soi-même.
  • 2Messager d'État, fonctionnaire chargé de porter les messages d'un des grands pouvoirs de l'État, d'une assemblée politique.
  • 3 Poétiquement. Le messager des dieux, Mercure. Moi qui suis comme on sait, en terre et dans les cieux, Le fameux messager du souverain des dieux, Molière, Amph. Prologue.

    La messagère de Junon, la déesse Iris. Regardez de Junon briller la messagère, Iris nous vient du ciel dire ses volontés, Corneille, Tois. d'or, I, 5.

    Dans le même style, messagère se dit aussi de la renommée. Et messagère indifférente Des vérités et de l'erreur, Sa voix en merveilles féconde Va chez tous les peuples du monde, Semer le bruit et la terreur, Rousseau J.-B. Odes, III, 2. Du vrai comme du faux la prompte messagère, Qui s'accroît dans sa course…, Voltaire, Henr. VIII.

    Par extension. C'est avec raison que l'histoire a été appelée le témoin des temps, le flambeau de la vérité, l'école de la vertu, la dépositaire des événements, et, s'il était permis de parler ainsi, la fidèle messagère de l'antiquité, Rollin, Hist. anc. XXV, 2.

  • 4 Fig. Dans le style élevé, annonce, avant-coureur. Les hirondelles sont les messagères du printemps. L'horrible cri d'une troupe d'orfraies, D'infaillibles malheurs messagères trop vraies, Rotrou, Antig. V, 5. Des désastres fameux ce messager fidèle [un hibou] Sait toujours des malheurs la première nouvelle, Boileau, Lutr. III.
  • 5Celui qui est établi pour porter ordinairement les paquets et les hardes d'une ville à une autre. Le messager de Genève n'étant point encore de retour, je n'ai pas reçu par conséquent les deux paquets que vous lui avez remis, Rousseau, Lett. à M. d'Ivernois, Corresp. t. VI, p. 152, dans POUGENS.

    Sentir le pied du messager, se dit d'un homme qui exhale une mauvaise odeur, d'un fromage avancé.

  • 6Se disait autrefois pour la voiture ou le coche d'eau qui faisait le service des messageries. Je partis par le messager. M. de Sotencour, pour nous faire enrager, De Falaise à Paris vient par le messager, Regnard, le Bal, sc. 4.
  • 7 Fig. et dans le style familier. Projectile qu'on lance contre quelqu'un. Tout beau ; si, pour heurter tu fais la moindre instance, Je t'enverrai d'ici des messagers fâcheux, Molière, Amphitr. III, 2.
  • 8Messager, oiseau, voy. SECRÉTAIRE.
  • 9 Adjectivement. Le pigeon messager, titre d'une chanson de Béranger.

HISTORIQUE

XIIe s. Joianz fu Guiteclins quant ot [ouit] le messagier, Sax. VI. À l'arcevesque out um ainceis [auparavant] tut co [ce] mustré ; Car si messagier crent à cel capitle esté, E orent le conseil oï e esculté, Th. le mart. 97.

XIIIe s. Si prisent [prirent] un coulon [pigeon] messagier qui avoit esté nouris en Babilone, Chr. de Rains, 94. En lui avon bon messagier Por querre la mort et cerchier, Ren. 5895. Car li oel [les yeux], cum droit messagier, Tout maintenant au cuer envoient Noveles de ce que il voient, la Rose, 2750. Le chahuant o sa grant hure, Prophetes de male aventure, Hideus messagier de dolor, En son cri, en forme et color, ib. 6001.

XIVe s. Que les sergens et messaigiers des dis conssous [consuls] pourront lever les tailles et communs imposez et à imposer aux habitans desdis chastel et ville, Du Cange, messagerius.

XVe s. Messagier ne doit mal ouir ne mal avoir, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 345.

XVIe s. Ne fais pas d'un fol ton messagier, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Message ; provenç. messatgier ; anc. cat. missatger ; esp. mensagero ; port. mensageiro ; ital. messaggiero, messagiere.